Dexia : sa bad bank est-elle si mauvaise que cela ?

© Image Globe/Nicolas Bouvy

L’expression “bad bank” laisse penser que les actifs de Dexia qui y seront logés sont tous “pourris”. C’est loin d’être le cas, rétorque le ministre des Finances.

Les actifs de Dexia appelés à être logés dans une structure de défaisance ne sont pas forcément tous des actifs “pourris”, comme le terme bad bank, utilisé par d’aucuns, pourrait le laisser penser.

La mise sur pied d’une structure de défaisance, bénéficiant des garanties d’Etat de la Belgique et de la France, doit en fait permettre de regrouper une série d’actifs de Dexia jugés problématiques et, partant, de résoudre au moins en partie les problèmes du groupe.

Parmi ces actifs, on retrouve l’important portefeuille obligataire dont le groupe a hérité du passé. Fin juin 2011, le montant du portefeuille obligataire en run-off de Dexia s’élevait à 95,3 milliards d’euros. Ces obligations sont en grande partie de bonne qualité mais leur maturité est à long terme. Résultat : malgré la qualité de ces actifs, Dexia, en proie à des soucis de liquidités, se voit contraint d’essuyer des pertes en cas de cessions anticipées.

La question de savoir quels autres actifs de Dexia seront logés au sein de la structure de défaisance est l’un des enjeux des négociations en cours. Selon Didier Reynders, ministre des Finances, qui estime le terme bad bank peu approprié, cette structure devrait se composer des actifs de Dexia “qui sont le moins gérables aujourd’hui, a-t-il affirmé mercredi matin sur les ondes de Bel-RTL. C’est surtout, pour Dexia, des emprunts à 30, 40,50 ans qu’une banque ne peut financer aujourd’hui mais que les Etats peuvent financer. Donc, on n’a pas l’intention d’y perdre de l’argent. Le mot bad bank donne cette impression que tout est mauvais : non, tout n’est pas très finançable aujourd’hui mais l’est dans la durée.”

Mardi soir, à la sortie d’une réunion du conseil des ministres restreint, le Premier ministre Yves Leterme avait confié que la mise sur pied d’une structure de défaisance avait pour but d'”isoler les activités et les éléments qui pourraient peser sur les activités bancaires” de Dexia.

Dexia : la bad bank serait logée en France, sous garantie des deux Etats

Selon les syndicats chrétiens LBC et CNE, qui s’exprimaient à l’issue d’un conseil d’entreprise de Dexia SA, la structure destinée à héberger les actifs problématiques serait établie en France, sous garantie de l’Etat français et de l’Etat belge. Quant aux autres parties du groupe, qui seraient mises en sécurité mais traitées en tant qu’entités à part, il s’agirait de Dexia Banque Belgique, Dexia Banque Luxembourg, Dexia Asset Management, Dexia Insurance et de la filiale turque DenizBank.

Les informations fournies au personnel lors du conseil d’entreprise de Dexia SA et du bureau du conseil d’entreprise européen “ont créé l’émoi parmi le personnel de Dexia”, précisent encore les syndicats chrétiens, qui redoutent pour l’emploi au sein du holding : “Le rôle du holding sera ainsi terminé, poursuivent dans un communiqué les syndicats. Cela pose des problèmes importants au niveau de l’emploi. Actuellement, quelque 400 personnes travaillent au holding (Dexia SA). Environ 150 Français pourront retourner aux entreprises françaises ; une centaine de personnes ont une clause de retour à la banque contractuelle ; un problème sérieux se pose pour les 150 personnes restantes”

LBC et CNE estiment que la création d’une bad bank permettrait de “quitter un modèle déséquilibré qui coinçait Dexia Banque Belgique. L’incertitude subsiste mais de nouvelles possibilités pourraient voir le jour. Quels que soient les scénarios pour chacune des entités, nous veillerons à sauvegarder les intérêts du personnel et de la clientèle.”

Trends.be, avec Belga

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