Dexia : Mariani réfute des transferts au détriment de la partie belge

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Le CEO du groupe Dexia Pierre Mariani a réfuté l’existence de transferts de risques français vers la partie rachetée par la Belgique à l’occasion du démantèlement du groupe le mois dernier.

Lors des opérations de démantèlement, “il n’y a eu aucun transfert d’actifs”, a-t-il assuré devant les députés de la Commission spéciale Dexia. M. Mariani a indiqué que la couverture du risque sur les taux d’intérêts, via les swaps, était identique dans toutes les entités du groupe. “Il n’y a pas eu de transferts de swaps vers DBB”, a-t-il ajouté.

L’une des motivations de la création du groupe Dexia était d’allier “une grosse caisse d’épargne” – le Crédit communal – à une entité où placer les excédents de dépôts. Il n’était pas impensable que ce soit pour des collectivités locales en France, a relevé Pierre Mariani. Quoi qu’il en soit, ce système n’a pas porté atteinte à la capacité de prêts aux communes belges, a-t-il répondu aux députés.

Le dérapage du portefeuille et l’expansion internationale réalisés par ses prédécesseurs ont mené à ce que les dépôts belges ne suffisaient plus, a-t-il résumé, dénonçant une volonté “cupide” d’aller chercher du “profit facile” au bénéfice des actionnaires, des rémunérations des collaborateurs et des emprunteurs.

Interrogé sur l’opportunité de scinder le groupe plus tôt, Pierre Mariani a estimé que cette possibilité n’aurait pu se présenter que lors de l’augmentation de capital de l’automne 2008, à l’époque de son entrée en fonction. Mais si on avait séparé la “legacy division” (la structure de défaisance qualifiée par certains de “bad bank”) à ce moment, les Etats auraient dû apporter des garanties pour 300 milliards et non 90 milliards, le tout en conservant la filiale américaine FSA contaminée par des actifs toxiques.

Mariani se dédouane de toute responsabilité
Longuement entendu dans l’après-midi par les députés, M. Mariani a détaillé la folle politique d’expansion et d’acquisition adoptée par le groupe, né en 1996 de la fusion du Crédit communal de Belgique et du Crédit local de France.

“Entre 1995 et 2005, le crédit aux collectivités locales est ainsi passé de 152 milliards à 322 milliards d’euros. En 2008, le groupe offrait 223 produits différents! Nous les avons ramenés à quinze…”, a-t-il notamment expliqué. Selon lui, le groupe fut en réalité très mal piloté jusqu’en septembre 2008, moment où Dexia dut être recapitalisée d’urgence par les gouvernements belge, français et luxembourgeois à la suite de la crise financière provoquée par la chute de Lehman Brothers. “Personne n’avait (alors) de conscience claire sur le bilan obligataire du groupe. (…) La filière de contrôle n’était absolument pas organisée, il n’y avait pas de gestion centralisée de la trésorerie, et la direction financière ne disposait pas d’outils centralisés”, a-t-il notamment accusé.

Les premiers voyants rouges, notamment sur les problèmes de liquidités du groupe, se seraient allumés bien avant sa nomination à Bruxelles, mais l’ancienne équipe dirigeante n’aurait rien fait. “Les notes d’alerte sont arrivées en 2007. Le document est discuté au comité de direction en 2007, mais il n’y a pas eu de décision! “.

Au contraire, Dexia aurait alors acheté différents produits pour 80 milliards d’euros, poursuit M. Mariani, pour qui Dexia ne respectait plus dès 2007 déjà les ratios réglementaires de liquidités.

Une fois à la tête du groupe, il s’est alors employé à réduire la taille du groupe par la cession d’actifs et réduire drastiquement les besoins de liquidités à court terme du groupe. Les besoins de financement à un an, qui culminaient à 260 milliards en 2008, ont ainsi été ramenés à 96 milliards en juin 2011. Mieux donc que ce que réclamait le plan établi par la Commission européenne, a-t-il souligné.

Interrogé par différents députés sur sa gestion du portefeuille d’obligations grecques, italiennes et espagnoles que détenait Dexia, M. Mariani a réfuté toute politique imprudente. “Il n’y a pas eu de rachat à l’extérieur d’obligations des PIIGS (Portugal, Italie, Irlande, Grèce et Espagne, ndlr), excepté dans la branche assurance. Au contraire, l’ensemble du portefeuille obligataire a diminué de 25%, soit 90 milliards d’euros, entre octobre 2008 et aujourd’hui”. Le groupe a même commencé à se séparer d’obligations grecques dès 2009, à hauteur de 2 milliards d’euros, a-t-il assuré.

Quant au recours controversé à des produits dérivés tels que les contrats d’échange de taux d’intérêt (“credit swaps”), M. Mariani a assuré que celui-ci n’avait eu aucun objectif spéculatif. Au contraire, leur usage était rendu obligatoire par le modèle économique de Dexia, laquelle accorde des prêts à long terme à taux fixe, alors qu’elle se finance à court terme et taux variables. “Un pour cent de hausse de taux (à court terme, ndlr), c’est 13 milliards de pertes (pour Dexia)! Ces swaps, ce n’est qu’un moyen de se protéger contre le risque de variation de taux”, s’est-il justifié, ajoutant que beaucoup de banques agissaient de la sorte. “Il n’y a donc pas eu de position spéculative prise dans ce portefeuille de swaps. Ce n’était qu’une modalité de protection! “.

La Commission poursuivait l’audition de M. Mariani en soirée.

Trends.be, avec Belga

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