Dexia: Mariani défend les bonus et annonce que la garantie provisoire est insuffisante

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Le patron du groupe Dexia Pierre Mariani a défendu l’octroi d’un bonus à 350 cadres, alors que Dexia enregistre une perte de 10 milliards d’euros et bénéficie de la garantie de l’Etat. Il a aussi indiqué que les 45 milliards d’euros de cette garantie ne suffiraient pas pour faire face aux besoins du groupe au-delà de fin mai.

Devant les députés membres de la commission spéciale de la Chambre, le CEO de Dexia a expliqué que cette décision, prise par le conseil d’administration en mars 2011, avait été maintenue en décembre malgré la débâcle du groupe.

“Le versement de cette prime a été maintenue pour la bonne et simple raison que les 300 personnes auxquelles elle s’applique n’auront plus leur emploi prochainement…”, a justifié M. Mariani.

Le Français a encore expliqué que cette mesure faisait suite à la décision, en mars 2011, des administrateurs d’augmenter les rémunérations fixes, et de diminuer fortement les rémunérations variables.

Il a ajouté que l’octroi de cette prime n’avait nullement été liée aux résultats financiers du groupe, mais à la bonne mise en oeuvre du plan de restructuration élaboré en 2008, à savoir la réduction drastique du bilan et des besoins de financement.

Face à l’indignation exprimée de certains députés face à son argumentaire, M. Mariani a encore expliqué que ces primes visaient à conserver au sein de l’entreprise des cadres précieux qui ont la compétence et la mémoire des dossiers.

“On a besoin qu’ils continuent à faire le travail, alors qu’ils savent que d’ici 3 ou 6 mois, ils n’auront plus d’emploi”. “S’ils partent, il faudra les remplacer par des consultants extérieurs. Et ça ne va pas coûter 100, mais 300 ou 500!”.

L’annonce du versement de bonus aux cadres de Dexia avait provoqué il y a deux semaines un tollé. Les employés et cadres inférieurs ont reçu de 2.500 à 5.000 euros bruts et les cadres supérieurs de 25.000 à 45.000 euros bruts.

Interrogé par les députés sur la hauteur de ses propres rémunérations, M. Mariani a renvoyé les députés au conseil d’administration et du comité des rémunérations de Dexia. Il a toutefois tenu a préciser que Dexia, après avoir comparé ses rémunérations avec celles de ses concurrents, avait décidé de les revoir à la baisse. “Maintenant, si vous trouvez ces rémunérations toujours trop élevées, utilisez votre pouvoir de législateur et légiférez! On mesurera après les conséquences…”, a répliqué M. Mariani, déplorant que le débat sur les rémunérations des banquiers était “perdu d’avance devant l’opinion”. Il a notamment tenu à souligner que le travail des banquiers “profitait aussi d’une certaine manière à l’intérêt général”.

Enfin, une nouvelle fois attaqué sur le recours controversé au bureau américain de consultance Bain, et l’effet démotivant que cela avait eu sur une partie des cadres selon les syndicats, le patron du groupe a réfuté ces critiques.

Avant son arrivée à la tête du groupe, fin 2008, Dexia avait dépensé cette année-là 168 millions d’euros pour un millier de consultants. “Ils étaient partout dans l’entreprise! En 2011, on était passé à 90 millions d’euros. On s’est donc plus appuyé sur les forces à l’intérieur de l’entreprise…”, a-t-il fait valoir.

Les 45 milliards de garantie sont insuffisants

Interrogé par la commission spéciale de la Chambre sur le démantèlement de Dexia, M. Mariani a expliqué que cette garantie provisoire de 45 milliards accordée par la Belgique, la France et le Luxembourg jusqu’au 31 mai ne “répond pas aux besoins de financement du groupe”. “Après, il faudra augmenter l’encours des dettes garanties”, a-t-il indiqué.

En octobre dernier, la Belgique, la France et le Luxembourg étaient convenus d’accorder au groupe leur garantie à hauteur de 90 milliards d’euros, dont 60,5% à charge de l’État belge, un risque jugé très lourd par d’aucuns.

Dans l’attente de l’activation et de l’approbation de ce plan, un régime transitoire de 45 milliards d’euros jusque fin mai 2012 a été conclu, et approuvé par la Commission européenne.

Le patron de Dexia, tout en pointant l’insuffisance de ce plan temporaire, s’est dit confiant qu’un accord définitif serait trouvé. “Il y aura un accord. Il sera peut-être de dernière minute, c’est malheureusement souvent comme cela. C’est mauvais pour le stress, mais il n’y a pas de raison qu’il n’y ait pas d’accord…”, a-t-il assuré.

Selon lui, il n’y aura en effet pas de raison objective de refuser cette garantie définitive. “On aura tout vendu, sauf ce qui est invendable… Une fois qu’on est à l’os, on a beau chercher de la chair, on n’en trouve plus…”, a-t-il ajouté. Il a jugé que la banque résiduelle, après la cession de différents actifs, “devrait être très correctement capitalisée”.

Trends.be, avec Belga.

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