Dexia : la garantie s’avérera-t-elle payante ?

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Les autorités franco-belges tentent de rassurer les marchés quant à la garantie d’Etat qu’elles s’apprêtent à accorder à Dexia : le risque est certes réel, mais cette garantie est nécessaire et, surtout, rémunérée.

Le Premier ministre français a indiqué mercredi que la garantie que la France et la Belgique s’apprêtent à accorder à Dexia serait “rémunérée”, reconnaissant qu’une telle opération comportait forcément un “risque” pour les contribuables français.

“Malheureusement, la crise financière est venue télescoper le calendrier d’assainissement de la banque Dexia, qui rencontre de nouveau des difficultés de financement, a déploré François Fillon au cours d’une conférence de presse conjointe avec son homologue du Québec, Jean Charest. Nous avons donc décidé, avec le gouvernement belge, de mettre en place une nouvelle garantie : je veux indiquer que ce sera une garantie qui portera sur le financement et qui sera rémunérée. Personne ne peut dire aujourd’hui que cette garantie coûtera au contribuable français, même si naturellement, dans chaque opération de garantie, il y a un risque.”

Selon le Premier ministre français, “cette garantie permettra d’assurer la viabilité de Dexia pour lui permettre de poursuivre le programme de cession d’actifs engagé en 2008 et qui n’est pas achevé”.

S’agissant de la partie de Dexia consacrée au financement des collectivités locales, “il est très important pour le gouvernement français, et pour les collectivités locales de notre pays, que l’on sécurise bien ces financements, a fait valoir François Fillon. C’est la raison pour laquelle nous travaillons en ce moment à la mise en place d’un établissement financier public qui s’appuiera sur la Banque Postale et la Caisse des dépôts et consignations (Ndlr, le bras armé financier de l’Etat français), et dont le rôle sera de financer les collectivités locales.”

En pleine crise de la dette, alors que l’état des finances publiques des pays de la zone euro est scruté par les marchés, la perspective que deux Etats comme la France et la Belgique prennent un risque sur une banque à l’agonie n’est pas sans inquiéter. D’autant que c’est la deuxième fois que la France et la Belgique, coactionnaires de Dexia, volent au secours de la banque au bord de la faillite.

Dexia : la garantie des Etats portera sur le financement et non sur les actifs (Baroin)

La garantie que les Etats belge et français s’apprêtent à accorder à Dexia ne portera pas sur des actifs de la banque mais sur son financement, c’est-à-dire sur les emprunts qu’elle réalise sur les marchés, avait indiqué, plus tôt dans la journée de mercredi, François Baroin, ministre hexagonal de l’Economie. “Je déposerai un amendement au projet de loi de Finances d’une garantie des conditions de financement de Dexia lui-même, pas de garantie des actifs, ce qui a pour conséquence de ne pas alourdir la dette”, a-t-il précisé en réponse à une question du député PS Bernard Roman.

Concrètement, Dexia est engagé dans la cession ou l’adossement de l’essentiel de ses actifs, de la banque de détail en Belgique au financement des collectivités en France. Au terme de ce processus, plusieurs actifs resteront logés dans la banque, notamment un lourd portefeuille d’obligations de 95 milliards d’euros. Or, ce portefeuille n’a pas été acheté avec des fonds disponibles mais grâce à de l’argent emprunté pour une durée déterminée. Il faudra donc régulièrement emprunter encore sur les marchés pour renouveler ces ressources.

Les Etats français et belge apporteront leur garantie à ces opérations, pour permettre à Dexia de trouver sur les marchés des investisseurs prêts à lui prêter de l’argent, malgré son profil atypique. Cette garantie est donc de même nature que celle déjà accordée à Dexia fin 2008, qui n’avait rien coûté aux Etats et qui avait même alimenté leurs caisses grâce à la prime que leur versait la banque en échange de leur soutien.

N’étant pas prise en compte dans le calcul du déficit public au sens des autorités européennes, cette garantie, “contrairement à ce que disent certains d’entre vous, ne menace en aucune façon notre notation”, a assuré François Baroin.

Trends.be, avec Belga

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