Dexia : haro sur des bonus “faramineux” et “indécents”

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Les bonus accordés par le holding Dexia à ses cadres supérieurs enragent les syndicats, qui dénoncent des “montants faramineux” – entre 25.000 et 45.000 euros – et une “situation indécente vis-à-vis de la société belge”.

Les syndicats chrétien CNE et libéral CGSLB ont rappelé vendredi, dans des communiqués distincts, qu’ils ont tous deux refusé, à l’instar du socialiste Setca (lire ci-après) mais contrairement au syndicat chrétien flamand LBC-NVK, de signer la convention collective de travail prévoyant une prime de fonction, au montant “excessif”, pour les cadres supérieurs du holding Dexia. Ils soutiennent en revanche la prime accordée aux employés et cadres inférieurs.

Selon la CNE, la direction a revu voici quelques semaines, devant les critiques émises par une partie des syndicats, sa proposition de convention collective qui prévoyait l’octroi d’une prime de fonction dont le montant variait fortement entre les employés et cadres inférieurs d’un côté et le personnel de direction de l’autre.

“La direction a alors scindé le texte, précise le syndicat. La première proposition concernait les employés et les cadres inférieurs en accordant une prime de fonction, et non pas un bonus comme on a pu l’entendre, de 2.500 euros bruts par employé et de 5.000 euros bruts par cadre inférieur, selon des critères clairs et transparents. Toutes les organisations syndicales, dont la CNE, ont signé cette convention collective de travail.”

La deuxième proposition concernait le personnel de direction, “accordant 40 % du bonus normal pour les Seniors Executives (plafonnés à 25.000 euros bruts) et 30 % du bonus normal pour les plus hauts revenus (plafonnés à 45.000 euros bruts)”. La CNE indique qu’elle a refusé de signer cette convention collective, estimant que le montant de la prime de fonction était trop important.

Même son de cloche du côté de la CGSLB : “Nous pouvons comprendre que l’on veuille récompenser le personnel qui vit depuis le début de la crise avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, mais nous ne pouvons que rejeter le fait que, selon la deuxième CCT, des bonus allant de 25.000 à 45.000 euros soient octroyés à une cinquantaine de cadres supérieurs, dénonce Frédérique Tavernier, porte-parole CGSLB chez Dexia Banque. Tout le monde doit se serrer la ceinture, les cadres supérieurs également. Or, nous constatons qu’à nouveau, des bonus faramineux leurs sont octroyés.”

“Il y a lieu d’assumer ses responsabilités par rapport à tout ce qui a mal tourné chez Dexia !”

Dexia SA octroie des “sommes faramineuses” à ses cadres et à sa direction, déplorait de son côté le Setca vendredi. Le syndicat socialiste dit partager “l’indignation relative à l’ampleur et à la légitimité de ces sommes” et ne pas avoir signé la CCT s’y rapportant.

Le Setca refuse par ailleurs de mettre la prime annuelle des employés “ordinaires” dans le même panier : “Dans le secteur des banques – et dans de nombreux autres secteurs – il est de coutume d’attribuer chaque année une enveloppe en plus de la rémunération fixe. Cette année encore, la direction de Dexia SA a apparemment pu bénéficier d’une telle enveloppe, à notre étonnement.”

Avec une nouveauté, cependant : “C’était la première fois, pour le Setca, qu’une proposition de répartition de cette enveloppe était présentée aux interlocuteurs sociaux. Auparavant, elle était attribué de façon arbitraire, si bien que certains recevaient une somme déterminée et d’autres rien du tout. Cependant, il est injuste de prétendre qu’il s’agit d’une sorte de bonus supplémentaire.” Le Setca a choisi de répartir l’enveloppe de façon équitable entre les employés, selon une clé de répartition fixe et transparente, avec des limitations.

Pour ce qui concerne les cadres supérieurs et les membres de la direction, le syndicat dénonce une “situation indécente”. “Premièrement, il s’agissait de montants dix fois supérieurs à ce qui était disponible pour les employés. Deuxièmement, le Setca estime que, sur ce plan, il y a lieu de véritablement assumer ses responsabilités par rapport à tout ce qui a mal tourné chez Dexia ces dernières années. Cette responsabilité dépasse le niveau de l’entreprise mais est une question de décence vis-à-vis de la société belge. C’est la raison pour laquelle nous n’avons pas signé cette CCT.”

Trends.be

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