Dexia : 3,6 milliards, le prix de l’accélération

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C’était dans l’air depuis un bon moment, Dexia l’a confirmé vendredi : son conseil d’administration a décidé, à l’unanimité, d’accélérer la restructuration financière du bancassureur belgo-français. Coût des cessions anticipées d’actifs : 3,6 milliards d’euros.

Le conseil d’administration de Dexia a décidé vendredi, à l’unanimité, d’accélérer la restructuration financière du groupe, dont les lignes directrices avaient été validées en février 2010 par la Commission européenne, annonce le groupe vendredi.

Les cessions anticipées d’actifs auront un impact financier de 3,6 milliards d’euros dans les comptes du groupe dès le second trimestre de 2011, mais Dexia espère que cet impact sera “partiellement compensé dans les comptes 2011 par les performances des métiers commerciaux”.

“Ce programme a le triple mérite d’alléger le poids de la Legacy Division, d’améliorer la liquidité et d’accroître la profitabilité récurrente du groupe”, argumente Dexia dans un communiqué. “Il est d’autant plus justifié que nous faisons face à un contexte de grande incertitude et de grande volatilité de l’économie mondiale”, a souligné Pierre Mariani, CEO du groupe, lors d’une conférence téléphonique.

Le patron de Dexia a également souligné que l’accélération des cessions d’actifs n’aura “aucune conséquence sociale” ni opérationnelle.

Concrètement, le conseil d’administration de Dexia a décidé “d’ajuster la valeur nette comptable des actifs garantis du portefeuille Financial Products à leur valeur de marché par une provision spécifique estimée à 1,8 milliard d’euros dans l’optique d’une cession”.

La cession du portefeuille Financial Products réduira d’un tiers les actifs pondérés de la Legacy Division et mettra le groupe “en position de négocier, avec les Etats garants et la Commission européenne, les modalités et les conséquences de la sortie anticipée des garanties attachées à ce portefeuille, ce qui conduira à la disparition d’une part substantielle des aides d’Etats”. Elle permettra également au groupe de limiter son exposition au marché immobilier américain et améliorera la situation de liquidité, a souligné Pierre Mariani.

En outre, il a été décidé d’une accélération de la réduction du portefeuille obligataire à long terme du groupe. Selon Dexia, les cessions au sein du portefeuille obligataire réduiront à elles seules d’environ 20 milliards d’euros supplémentaires le besoin de liquidité à court terme du groupe.

L’exécution de ce programme sera concentrée sur l’année 2011 et le premier semestre 2012, mais son rythme effectif dépendra des conditions de marché.

“Le groupe conservera un ratio de solvabilité élevé, tout en améliorant sa profitabilité récurrente, son profil de risque et sa liquidité”, insiste Dexia, qui annonce un ratio de fonds propres de base (Tier 1) supérieur à 11 % fin juin et supérieur à 12 % fin 2011.

Dexia rappelle enfin avoir réduit son bilan de 124 milliards d’euros depuis fin 2008, dans le cadre de son plan de restructuration négocié avec la Commission européenne, et avoir renforcé ses fonds propres de 2,3 milliards d’euros, “porté par de solides performances opérationnelles et l’engagement de ses collaborateurs”.

A la reprise de sa cotation, vendredi en début d’après-midi, l’action Dexia s’adjugeait plus de 3,5 %, à 2,53 euros.

Dexia : le Setca apprécie ces “mesures d’assainissement sans conséquences sociales”

Le Setca considère que “la décision de Dexia d’acter la provision complémentaire est destinée à mettre fin aux héritages du passé” et constate que “les décisions annoncées aujourd’hui ne semblent pas avoir d’impact négatif sur le plan social”.

Au contraire, avance encore le syndicat : “Il n’est pas question ici de mettre en place des mesures complémentaires sur le plan de transformation. Les garanties sociales avancées en 2010 sont donc maintenues, à savoir : pas de licenciements secs, pas d’économies sur le dos du personnel et pas de nouvelles mesures avant 2013.”

Pour le Setca, “il s’agit là de mesures d’assainissement nécessaires en vue d’assurer la pérennité et d’améliorer la situation du groupe. Celles-ci ne peuvent être que positives par rapport à l’emploi et aux inquiétudes du personnel quant à leur avenir.”

Trends.be, avec Belga

Dexia : les gouvernements belges et français soutiennent le plan

Le gouvernement belge soutient le plan annoncé par Dexia, a dit vendredi Didier Reynders, ministre des Finances. Pour lui, ce plan va dans la bonne direction. Le ministre a d’ailleurs déjà pris contact avec la Commission européenne au nom des deux gouvernements pour l’informer de la décision.

Dexia devra encore donner des précisions sur son plan à la Commission, ce qui permettra de renégocier les conditions qui lui sont imposées. La banque a en fait décidé d’accélérer ce qui était prévu afin se mettre à l’abri des spéculateurs, des agences de notation et des marchés d’autant plus que sa situation s’est fortement améliorée ces derniers temps sur le plan des liquidités et de la solvabilité, a commenté le ministre.

Didier Reynders a insisté sur le fait qu’il avait eu des contacts avec sa collègue Christine Lagarde sur ce dossier et que les gouvernements belges et français étaient sur la même longueur d’ondes.

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