Deux pistes pour éviter la déflation

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Alors que l’inflation est plus ou moins sous contrôle en Europe, que l’ombre de celle-ci n’est plus aussi crainte, on voit déjà le spectre d’une autre menace pointer le bout de son nez : la déflation.

La déflation est une baisse généralisée et surtout persistante des prix à la consommation. Bonne nouvelle pour le consommateur ? Non car plutôt que de lui donner envie d’acheter et de consommer, cela va l’inciter à reporter ses achats, et finalement à consommer moins.

Or si il achète et consomme moins, les commandes aux entreprises s’effondrent, celles-ci réduisent donc leur production, licencient, baissent les salaires… et ainsi un cercle vicieux s’amorce.

Des pistes pour l’éviter ? Pour Bruno Colmant, professeur à l’Université catholique de Louvain, il faut faire tourner la planche à billets.

“Qui peut encore le réfuter? Les politiques d’austérité en Europe couplées à la rigueur monétaire allemande ne sont pas une réussite. Le danger déflationniste actuel est l’illustration de ce revers économique. Combattre cette déflation exige de la part de la Banque centrale européenne une politique monétaire beaucoup plus souple, nettement moins orthodoxe, et des taux d’intérêt beaucoup plus bas.

Dans ce contexte, la seule solution envisageable est d’imprimer de la monnaie, et donc de faire tourner la planche à billets. La BCE doit pouvoir refinancer les dettes publiques via le MES (mécanisme européen de stabilité) et, pourquoi pas, imposer des taux de dépôts négatifs aux banques commerciales pour les décourager à placer leurs liquidités au guichet de la Banque centrale et les forcer, au contraire, à prêter davantage aux entreprises et aux ménages.

Tandis que pour Michel Santi, économiste, ancien conseiller de la banque centrale du Liban, c’est un “chèque consommation” attribué à tous les Européens” qui pourrait permettre d’éviter la spirale déflationniste.

“Les Américains gratifient souvent Ben Bernanke, le patron de la Fed, du sobriquet “Helicopter Ben”, en référence à ses milliards de dollars balancés par colis sur son propre territoire pour relancer l’économie. Pourquoi les Européens ne se doteraient-ils pas d’un “Helicopter BCE” avec Mario Draghi aux commandes ? ”

Mais ce dernier n’enverrait pas des billets “mais un “chèque conso” aux entreprises et aux ménages européens. Les bénéficiaires de cet avoir devraient le dépenser dans un délai imparti. Les Etats européens pourraient même flécher ce chèque-cadeau : les consommateurs achèteraient impérativement du made in Europe et les entreprises feraient travailler des fournisseurs du Vieux Continent, voire exclusivement du sud de l’Europe, supposément les plus en difficulté. Les PME italiennes, espagnoles et portugaises verraient dans ce cadeau une véritable bénédiction financière tombée du ciel.

Une telle disposition relancerait la demande intérieure et enrayerait, du coup, la mécanique pernicieuse de la baisse des prix. Pour obtenir des résultats immédiats, il ne faudra pas lésiner sur les moyens : ce chèque conso équivaudrait à trois fois le smic pour chaque famille et serait financé par la planche à billets. De l’inflation, hurleront les orthodoxes de la BCE, peut-être, mais cela vaut mieux que la déflation!”

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