Deutsche Bank s’est-elle assagie ?

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Cinq ans après avoir claqué la porte de la Fédération belge du secteur financier, Deutsche Bank Belgium vient de la réintégrer. Serait-elle subitement rentrée dans le rang ?

C’est la période des bonnes résolutions. Pour les banquiers aussi. Ainsi Deutsche Bank Belgium a-t-elle décidé de réintégrer Febelfin, la Fédération belge du secteur financier, dont elle n’était plus membre depuis cinq ans. Un retour qu’Alain Moreau, chief executive officer de la filiale de la banque allemande, qualifie de “constructif”, affirmant “vouloir faire changer les choses en étant au sein de Febelfin plutôt qu’en dehors”.

On se souviendra que la banque avait quitté l’association sous l’ère de son précédent patron, Yves Delacollette, qui n’hésitait pas à se montrer critique à l’égard de l’institution. En 2005, l’ex-Crédit Lyonnais avait alors claqué la porte de ce qui s’appelait encore l’Association belge des banques (ABB), l’accusant de défendre les intérêts des quatre principales banques plutôt que ceux du secteur dans son ensemble.

Au point d’être, en retour, régulièrement qualifiée de vilain petit canard de la finance belge par la concurrence. D’autant plus vilain que l’enseigne avait, à moitié seulement, quitté sa fédération professionnelle, gardant un pied dedans avec sa succursale Deutsche Bank AG, active dans les services aux entreprises. Seule sa filiale Deutsche Bank SA, la banque des particuliers, avait mis un terme à son affiliation.

Faut-il en déduire que Febelfin a beaucoup changé ou la banque s’est-elle assagie avec son nouveau patron, beaucoup plus discret que son prédécesseur ? “A l’époque, le secteur était cadenassé par les quatre grandes banques, répond Alain Moreau. Ce n’est plus le cas. La crise financière a rebattu les cartes.”

Par ailleurs, “la gouvernance de l’association s’est améliorée. Les petites banques y sont mieux représentées. Chacun peut peser sur le débat d’idées.” A son sens, enfin, il est de son devoir d’être la voix des consommateurs au sein de Febelfin et de s’assurer que leurs intérêts soient défendus. “Ce qui, pour nous, reste un combat permanent.”

Pas de rentrée dans le rang, donc ? “Absolument pas, rétorque Alain Moreau, soulignant la croissance des dépôts, s’établissant en ce début d’année à plus de 18 milliards d’euros. Notre première priorité reste la satisfaction des clients. Deutsche Bank restera une banque différente combinant performance et conseil à valeur ajoutée.”

Ceci n’empêchera pas cette dernière de risquer de devoir faire face à un renvoi en correctionnel pour la façon dont elle a vendu à ses clients des produits à capital garanti par Lehman Brothers. D’où, peut-être, sa volonté – même si elle s’en défend – d’afficher d’une certaine manière un profil plus bas.

Sébastien Buron

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