Dettes: le FMI pousse la Chine à prendre des mesures “urgentes”

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La Chine doit réagir “de toute urgence” à l’envolée des dettes de ses entreprises et cesser de se reposer sur le crédit pour doper l’activité, a averti le FMI vendredi, faute de quoi le pays subira une “croissance affaiblie de façon permanente”.

Si les perspectives de la deuxième économie mondiale restent encourageantes à court terme, soutenues par des “politiques macroéconomiques accommodantes”, le Fonds monétaire international s’inquiète des fragilités financières grandissantes du pays.

Pékin s’efforce de rééquilibrer son modèle économique vers la consommation et les services, au détriment des industries lourdes et exportations à faible valeur ajoutée, ses moteurs de croissance traditionnels.

Mais “la transition continuera d’être complexe, difficile, et potentiellement chaotique”, a martelé le Fonds dans un rapport annuel. L’institution de Washington s’inquiète en particulier de la montée fulgurante des dettes des entreprises.

Celles-ci, en excluant le secteur financier, s’établissaient en 2015 à environ 120% du PIB chinois, mais elles pourraient bondir à près de 140% d’ici 2019, selon des projections présentées par le Fonds.

Avec le vif ralentissement de l’activité, les créances douteuses représentent désormais 5,5% du total des prêts, mais elles sont susceptibles de grimper à 15,5% –auquel cas, les pertes potentielles pourraient équivaloir à “environ 7%” du PIB, avertit le FMI.

Certes, Pékin a promis de réduire drastiquement les surcapacités de production dans la sidérurgie et le secteur du charbon, très affectés par un endettement massif, mais “une solution plus complète” fait défaut et les réformes des groupes étatiques piétinent, poursuit le rapport.

Or, les entreprises d’Etat, beaucoup plus endettées que les firmes du secteur privé, empruntent à bas coût grâce aux garanties apportées par les autorités, “ce qui fausse l’allocation des ressources et encourage l’inefficacité”, tranche le FMI, enjoignant à des “mesures urgentes” nécessaires pour que ces difficultés “restent gérables”.

Faute de réformes structurelles rapides, et en cas de poursuite d’une politique de relance économique reposant sur un gonflement sans fin du crédit, “les vulnérabilités s’intensifieront” et conduiront le pays à “une croissance affaiblie de façon permanente”, avertit le Fonds.

Pékin se dit certes prêt à restructurer ses entreprises d’Etat obsolètes en réduisant leurs colossaux effectifs, mais les autorités locales freinent des quatre fers, soucieuses ne pas alimenter l’instabilité sociale.

Par ailleurs, le gouvernement central n’a cessé depuis deux ans de multiplier les assouplissements monétaires, puis les accroissements de dépenses publiques afin de stimuler une activité à la peine… au prix d’une nouvelle embardée de l’endettement privé.

La croissance économique de la Chine était tombée l’an dernier à 6,9%, au plus bas depuis un quart de siècle, avant de s’essouffler à nouveau au premier semestre 2016.

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