Crise boursière: ce que risquent les épargnants

© Jérôme Chatin

Les comptes bancaires sont-ils menacés? Que devient l’assurance-vie? Doit-on vendre ses actions pour en racheter d’autres? Le tour des questions que la crise pose aux particuliers.

Mon compte bancaire est-il en danger?

Les banques européennes ont prêté de l’argent à plusieurs pays actuellement en difficulté comme la Grèce, l’Italie ou l’Espagne. BNP Paribas, par exemple, détient autour de 5 milliards d’euros d’obligations d’Etat grecques, contre 2,5 milliards pour la Société Générale et 631 millions d’euros pour le Crédit Agricole, en plus des 22 milliards d’euros de sa filiale Emporiki.

Si elles perdent de l’argent, leurs clients en souffriront-ils? Pas dans l’immédiat car la plupart de ces pays dispose d’un Fonds de Garantie des Dépôts. C’est lui qui assure l’indemnisation des déposants quand un établissement bancaire fait faillite. Ce fonds garantit les dépôts en espèce -soit l’argent des comptes courant, épargne, épargne logement et les comptes à terme- à hauteur de 100 000 euros par client. Il couvre aussi les titres -actions et obligations, parts de Sicav et FCP- dans la limite de 70 000 euros.

Au-delà de ces montants, l’argent, en théorie, n’est plus sécurisé. Mais aucun établissement n’est actuellement en risque de faillite. Lors des derniers stress tests, la majorité d’entre elles ont en effet été bien notées.

J’ai des actions, dois-je m’en débarrasser? A voir les Bourses dévisser depuis des semaines, les petits investisseurs peuvent être tentés de céder leurs actions. Mais “mieux vaut éviter de créer un mouvement de panique ou de jouer les moutons de Panurge en voulant tout vendre d’un coup”, conseille Philippe Crevel, secrétaire général du Cercle des épargnants en France. Pour lui, “tant que l’investisseur ne vend pas, il ne perd pas d’argent. Le plus sage est donc de courber l’échine un moment. Vendre pour placer ses fonds sous son matelas n’est pas recommandé.”

Ceux qui voudraient profiter du faible prix des actions pour réinvestir peuvent toujours se lancer, mais avec prudence. “On peut essayer d’arbitrer, c’est-à-dire vendre les actions dont on pense qu’elles ne sont définitivement plus performantes, pour racheter à bas coût d’autres qui auraient de vraies chances de rebondir”, explique Philippe Crevel.

L’assurance-vie est-elle menacée? La majorité des fonds de l’assurance-vie est placée sur des contrats sécurisés en euros, investis dans des obligations d’Etats ou d’entreprises. Les autorités de contrôle des banques et des assureurs se chargent de vérifier que les compagnies sont bien capables d’honorer les sorties des fonds, même en cas de krach. Quand cela ne suffit pas, les contrats d’assurance-vie bénéficient de la même garantie que les comptes et livrets bancaires, dans la limite de 70 000 euros par épargnants. Au-delà de cette somme, pour plus de sécurité, les particuliers peuvent toujours diversifier leurs placements.

Quant aux assurances-vie en unité de comptes qui contiennent, elles, une part de fonds en action, leur rémunération peut souffrir de la chute des cours. Pour les épargnants, le choix est alors le même que celui des propriétaires d’actions: attendre que l’orage se calme ou “arbitrer”, en échangeant des titres en berne contre d’autres plus performants.


L’or grimpe, est-ce une bonne idée d’investir? Traditionnellement présenté comme la valeur refuge par excellence, l’or n’en finit plus de battre des records: son cours a franchi lundi la barre des 1700 dollars l’once. En un mois seulement, le prix d’un lingot d’un kilo est passé de 35.000 à plus de 39.000 euros. Une flambée attractive à l’heure où les Bourses flanchent.

“Je conseille à ceux qui possèdent de l’or, parfois acheté autour de 400 dollars l’once, de profiter de la hausse pour vendre”, commente Philippe Crevel, du Cercle des épargnants. Mais attention à ceux qui seraient tentés d’investir. Le cours a vraisemblablement atteint un pic, acheter maintenant reviendraient donc à risquer de sérieuses moins-values. “A moins d’être un grand expert des matières premières, c’est très déconseillé, explique-t-il. Il est peu probable que le cours reste à 1700 euros. Il faut plutôt s’attendre à une stabilisation entre 800 et 1000 euros.”

Alexia Eychenne, Lexpansion.com

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