Comprendre l’enjeu des taux d’intérêt américains en 5 questions

Janet Yellen © AFP

Les marchés financiers prévoient une hausse des taux d’intérêt de la Banque centrale américaine, la Réserve fédérale (Fed), à l’issue de sa réunion de politique monétaire mercredi. Ce serait la première hausse depuis presque une décennie après que les taux ont été maintenus proches de zéro depuis la crise financière.

Voici cinq éléments-clés sur le principal outil de la Banque centrale américaine:

Qu’est-ce que les taux directeurs ?

Ce “taux sur les fonds fédéraux” (Federal Funds Rate) détermine le loyer de l’argent à court terme, c’est-à-dire l’intérêt que les banques se facturent entre elles pour des prêts au jour le jour. Il influence tous les autres taux puisque les banques vont le répercuter sur les prêts, les cartes de crédit ou les crédits immobiliers.

Leur hausse ou leur baisse déclenche immédiatement un large éventail de réactions, affectant les taux à court et long terme des banques, les taux de changes ainsi qu’une foule d’indicateurs macro-économiques, dont l’emploi et les prix à la consommation.

Pourquoi ajuster ces taux ?

La Fed peut abaisser les taux pour encourager les dépenses et les investissements afin de stimuler l’économie, ou les augmenter afin d’éviter une surchauffe et une inflation.

Après une montée en flèche des prix en 1979-1980, la Fed avait ainsi porté son taux directeur à 20% afin de juguler l’inflation et de freiner l’économie américaine.

Après le fort ralentissement de l’économie en 2000 suite à l’éclatement de la bulle internet, la Fed avait au contraire régulièrement réduit ses taux afin que le pays retrouve de la croissance. Mais en agissant ainsi, elle a contribué à faire gonfler la bulle immobilière.

La dernière hausse des taux aux Etats-Unis remonte d’ailleurs à juin 2006 lorsque la Fed voulait calmer le marché immobilier qui éclatera deux ans plus tard avec la crise des prêts à risques “subprimes”.

Pourquoi les taux sont-ils actuellement si bas ?

Quand l’économie américaine a commencé à décrocher en 2007, la Fed a réduit ses taux qui ont dégringolé en dix étapes de 4,75% en septembre 2007 à un niveau sans précédent de 0 à 0,25%, atteint le 16 décembre 2008. L’objectif était d’éviter un effondrement du système financier après la faillite de la banque Lehman Brothers.

Ces taux ont, depuis, été maintenus à ce niveau quasi-nul afin de stimuler l’économie après la plus profonde récession qu’a connue l’économie américaine en huit décennies. Maintenant que la croissance est de retour, beaucoup estiment que des taux aussi bas ne se justifient plus.

Pour sortir de la crise, la Fed a aussi pris des mesures extraordinaires d’assouplissement du crédit, arrosant le système financier de liquidités massives en rachetant des bons du Trésor pour que les banques continuent de prêter. Ce chemin est suivi également par la Banque du Japon et maintenant par la Banque centrale européenne.

Quels sont les avantages et les inconvénients d’un taux à 0% ?

Les taux ultra-bas ont permis de faciliter la circulation du crédit à travers l’économie, encourageant notamment des secteurs clés comme l’immobilier ou l’automobile. Cette masse monétaire a aussi fortement profité à Wall Street, mais aussi aux marchés émergents, devenus la cible des investisseurs à l’affût de rendements plus élevés.

Côté négatif, les taux particulièrement bas ont nui à l’épargne des ménages, dont les rendements sont devenus nuls. Certains craignent qu’ils n’ouvrent la voie à l’inflation et à la formation d’une bulle financière.

Quel est le niveau “normal” des taux ?

Les décideurs de la Fed ont clairement prôné leur souhait de revenir à des taux d’intérêt “normaux”. Ils visent des taux directeurs de l’ordre de 1% à la fin de l’année prochaine et de 3% d’ici deux ans, une hausse qui dépendra toutefois du niveau de l’emploi et de l’inflation aux Etats-Unis.

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