Comment l’Etat islamique passe son pétrole en contrebande (carte)

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Après les fusillades de Paris (129 morts), l’attentat contre l’Airbus russe au Sinaï (224 morts) et les attentats à la bombe de Beyrouth (44 morts), Daech ou l’Etat islamique (EI) se révèle décidément un ennemi difficile à combattre. Cette multiplication d’actions peut étonner, alors qu’il est géographiquement cerné et subit des bombardements depuis 15 mois.

Comment l'Etat islamique passe son pétrole en contrebande (carte)
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Soucieux de ne pas le légitimer, les experts avaient autrefois réduit l’EI à un “groupe terroriste”. Aujourd’hui, ils parlent de “proto-Etat”. Qui dit Etat en devenir, dit domination d’un territoire, organisation rodée et moyens récurrents. Et justement, ce financement continue d’interpeller. A l’origine, ces extrémistes irakiens ont bénéficié de soutiens privés venus de pays idéologiquement proches (des sunnites de tendance salafiste). Arabie saoudite et Qatar ont été cités, même si ceux-ci font aujourd’hui partie de la coalition d’opposition. Ensuite, lorsqu’ils ont commencé à s’étendre, ils ont récupéré une masse de matériel de guerre abandonné par l’armée syrienne. Ils ont aussi mis la main sur des actifs : pétrole, gaz naturel, mines de phosphate, champs de blé et d’orge…

Lors de la prise de Mossoul, c’est carrément un trésor de 425 millions de dollars tapis dans des locaux de la Banque centrale irakienne qui est tombé entre leurs mains. Sans compter les banques commerciales. Par la suite, les djihadistes ont diversifié leurs revenus : pillages des populations non musulmanes, trafics d’antiquités, rançons issues de kidnappings de dignitaires locaux, taxes diverses (sur les biens, sur les opérateurs téléphoniques, sur les retraits d’argent, sur les véhicules aux checkpoints), etc.

Mais ce qui leur fournit les rentrées les plus conséquentes et les plus stables, c’est le pétrole en contrebande. L’EI dispose de plusieurs champs, essentiellement autour de Deir ez Zor en Syrie. Ce brut est vendu à des trafiquants qui se chargent de le raffiner et de l’écouler. Du temps de Saddam Hussein, ces réseaux illicites existaient déjà. L’EI a eu d’autant plus de facilités à les réactiver qu’il intègre en son sein d’anciens responsables du régime baasiste. Cet or noir, décliné en mazout pour groupes électrogènes et en essence, est vital pour les 10 millions de personnes qui vivent dans toute cette zone du nord de la Syrie et de l’Irak. Son monopole rapporterait au moins 2 millions de dollars par jour. Jusqu’ici, les Occidentaux se sont gardés de bombarder ces puits, ne visant que les raffineries et les pipelines. Raison : cela créerait selon eux une déstabilisation encore plus grande.

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