Christine Lagarde candidate à sa succession à la tête du FMI

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La Française Christine Lagarde, forte des soutiens de poids reçus ces derniers jours, a formellement lancé vendredi sa candidature à un deuxième mandat à la tête du FMI, en espérant ne pas être inquiétée par l’affaire de l’arbitrage Tapie en France.

“Oui, je suis candidate pour un deuxième mandat”, a affirmé sur la télévision française France 2 Mme Lagarde, en direct de Davos, où elle participe au Forum économique mondial (WEF). Elle avait pris les rênes de l’institution financière en 2011 dans le fracas du scandale Dominique Strauss-Kahn.

“J’ai eu l’honneur de recevoir des soutiens dès l’ouverture de la procédure”, a-t-elle affirmé, au lendemain de l’ouverture du dépôt de candidatures pour sa succession, mentionnant tout particulièrement la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la Chine.

A six mois de la fin de son premier mandat, de cinq ans, elle a rappelé que les Etats-Unis, principal actionnaire du FMI et dont le soutien est indispensable, avaient l’habitude de communiquer leur position à la fin du processus.

Elle a toutefois cité de récentes déclarations favorables au sein de l’administration du président Barack Obama.

“Les propos du vice-président (Joe Biden) des Etats-Unis l’autre jour dans son intervention publique étaient extrêmement élogieux et presque embarrassants et le secrétaire d’Etat au Trésor (Jack Lew) a dit espérer continuer à travailler avec moi”, a-t-elle souligné.

“Je pense qu’il est difficile pour les Etats-Unis de faire beaucoup plus à ce stade”, a assuré Mme Lagarde, qui vient de fêter ses 60 ans.

Elle s’était déjà à plusieurs reprises dans le passé dite “ouverte” à l’idée d’un nouveau mandat. “Je suis prête à servir”, avait-elle dit en octobre à Lima lors de l’assemblée générale du FMI.

‘Dans l’intérêt de mon pays’

La candidature de l’ancienne ministre de l’Economie française pourrait toutefois être gênée par son renvoi en décembre devant la justice française pour sa “négligence” supposée dans l’affaire de l’arbitrage rendu en faveur de de l’homme d’affaires français Bernard Tapie concernant la vente d’Adidas par la banque du Credit Lyonnais.

Interrogé sur cette affaire, elle a réitéré avoir “agi dans l’intérêt de l’Etat, conformément à la loi”. “J’ai ma conscience pour moi dans cette affaire. J’espère que la justice, au terme de la procédure, aussi longue et pénible qu’elle soit, en conviendra”, a-t-elle affirmé, rappelant que ses avocats avaient “formé un pourvoi contre cette décision”.

“Il appartiendra aux magistrats de statuer, pas seulement à eux, mais également aux représentants du parlement, puisque c’est une cour de justice de la République qui examinera éventuellement l’affaire si le pourvoi n’est pas recevable”, a souligné la patronne du FMI. Mme Lagarde, à qui l’on demandait si elle avait agi “sur ordre de l’Elysée”, a évité de répondre à cette question.

Malgré cette affaire, la dirigeante a toutefois reçu en décembre le soutien du conseil d’administration du FMI qui s’est dit “confiant” dans ses capacités à assurer ses fonctions en dépit de ces tracas judiciaires.

La décision finale sur sa candidature sera prise d’ici au début mars sur la base du consensus par le conseil d’administration du FMI, l’instance de direction de l’institution qui compte 24 membres représentant les 188 Etats-membres.

La règle tacite réservant par ailleurs la direction du FMI à un Européen rend par ailleurs peu probable une candidature poussée par un grand pays émergent.

Dans l’optique d’un nouveau mandat, Mme Lagarde pourra se prévaloir d’un bilan plutôt flatteur au FMI après avoir notamment redoré le blason de l’institution et débloqué une importante réforme de sa gouvernance.

Sous son mandat, le FMI n’aura toutefois pas su empêcher le plus grand défaut de paiement de son histoire avec la Grèce et a été accusé d’instrumentalisation politique en apportant son soutien à l’Ukraine.

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