“Chaque Belge offre 5.000 euros de garantie à Dexia !”

Les éditorialistes néerlandophones sont nettement plus négatifs que leurs homologues francophones quant au plan de sauvetage de Dexia. A leurs yeux, chaque Belge offre 5.000 euros de garantie pour la partie la plus mauvaise du groupe Dexia. Les Belges deviennent ainsi les garants d’une pagaille qu’on doit essentiellement à la France !

Les éditorialistes de la presse flamande admettent lundi que le gouvernement n’avait d’autre choix que de sauver Dexia mais soulignent que l’opération aura des répercussions sur le contribuable. Plusieurs d’entre eux estiment en outre que les autorités publiques doivent imposer aux banques des règles strictes.

Le gouvernement belge n’avait d’autre choix que de sauver ce qui restait à sauver, “mais que personne n’ose dire que cela ne coûtera rien !, écrit Liesbeth Van Impe dans Het Nieuwsblad. Les contribuables devront à nouveau intervenir collectivement pour les fautes d’une poignée de banquiers grassement payés.” L’éditorialiste espère que les politiques montreront enfin autant d’esprit de décision que ce qu’ils ont déployé ces derniers jours pour réguler les activités des banques.

Même son de cloche chez Bart Brinckman dans De Standaard : “Contrairement à ce que le Premier ministre Yves Leterme laisse entendre, la reprise de Dexia nous coûtera tout d’abord de l’argent.” L’éditorialiste estime lui aussi que des mesures légales doivent enfin être prises pour mettre de l’ordre dans le paysage bancaire : “La deuxième faillite virtuelle de Dexia en trois ans démontre que le secteur n’est pas en mesure de s’assainir lui-même.”

Dans Het Laatste Nieuws, Luc Van der Kelen estime lui aussi que le gouvernement doit prendre des mesures interventionnistes. Il rappelle que c’est la deuxième fois qu’une grande banque belge manque de sombrer et que les autorités doivent intervenir. Pour l’éditorialiste, c’est parce que ces établissements étaient bien trop grands pour le poids de notre économie. Mais aussi parce qu’ils étaient mal dirigés par des CEO qui ont pris des risques “qu’aucun être sensé n’aurait jamais pris” : “Les banques ont démontré qu’elles peuvent faire sombrer le pays tout entier. Les dirigeants du pays doivent dès lors leur imposer des règles très strictes.”

“Celui qui achète des actions sait qu’il risque de perdre son argent en cas d’échec : chacun n’accepte semble-t-il pas ces principes, écrit Johan Van Geyte dans la Gazet van Antwerpen. C’est encore plus grave lorsqu’il s’agit de groupes qui siégeaient au conseil d’administration de Dexia. Ils sont aussi responsables de la débâcle. Ils ont néanmoins été bien payés pour en être arrivés là et, lorsque la situation a mal tourné, ils ont passé l’ardoise au contribuable”. Johan Van Geyte comprend les clients et les travailleurs de Dexia : “C’est leur emploi ou leur épargne qui est en jeu. C’est pour eux que cette banque mérite d’être sauvée.”

Pour Isabel Albers dans De Tijd, cette issue n’apporte que des mauvaises nouvelles, plus particulièrement pour les contribuables. Chaque Belge offre 5.000 euros de garantie pour la partie la plus mauvaise du groupe Dexia. Les Belges deviennent ainsi à hauteur de 60,5 % les garants d’une pagaille qu’on doit essentiellement à la France. L’éditorialiste estime néanmoins elle aussi que le sauvetage de Dexia était indispensable. Sans la garantie de l’Etat, la bad bank de Dexia faisait tout simplement faillite et toute valeur était alors perdue. Dexia aurait alors été le point de départ en Europe d’une crise bancaire encore plus importante, tout comme l’a été la faillite de Lehman Brothers en 2008.

Yves Desmet, dans De Morgen, parle quant à lui de recette éprouvée. Les bénéfices ont été privatisés avec expertise lors des dix dernières années mais les coûts pour le nettoyage des dégâts sont le plus naturellement du monde collectivisés. Pour l’éditorialiste, la garantie pour la bad bank est un pari énorme. Si les choses tournent mal, l’actuel gouvernement laisse à la génération suivante une situation comparable en matière de dette à celle de la Grèce et de l’Irlande.

Trends.be, avec Belga

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