Ces scandales qui plombent la City de Londres

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La banque britannique Standard Chartered vient d’être mise à l’index après des accusations de dissimulation de transactions avec l’Iran. Un scandale de plus au pays de la finance reine.

“Quelque chose est vraiment allé de travers dans le secteur bancaire britannique, et nous avons besoin de le remettre en ordre”, déclarait fin juin le gouverneur de la banque d’Angleterre, Mervyn King. Voilà qui résume bien l’ambiance en ce moment à la City, ébranlée par plusieurs scandales ces dernières semaines. Cinq ans après le début de la crise financière, le divorce semble désormais prononcé entre l’illustre place financière et la société britannique. Retour sur ces principaux scandales.

Standard Chartered accusée de travailler avec l’Iran La réputation de la vénérable banque britannique vient d’être écornée par une affaire de dissimulation de transactions avec l’Iran. Victime de la chasse aux sorcières menée par Washington contre les entreprises liées avec l’Iran, Standard Chartered est accusée d’avoir caché, pendant au moins une dizaine d’années, des transactions avec ce pays pour quelque 250 milliards de dollars. Aux dires du Département des services financiers américain, la banque aurait conclu 60.000 transactions qui lui auraient rapporté des centaines de millions de dollars de commissions. Les autorités américaines estiment que les agissements de la banque ont exposé leur système financier “aux terroristes, trafiquants d’armes, trafiquants de drogue et régimes corrompus.” L’établissement britannique réfute catégoriquement ces accusations, et assure que 99,9% des transactions avec l’Iran étaient légales. Standard Chartered pourrait perdre sa licence bancaire à New York, et être contrainte de payer une amende. Quelques années plus tôt, d’autres avant elle, Lloyds Banking Group et Barclays, soupçonnées de faits similaires, avaient préféré s’acquitter de centaines de millions de dollars d’amendes afin d’échapper à un procès.

Manipulation des taux chez Barclays C’est le scandale du moment, qui a eu raison du poste du président de Barclays, Marcus Agius puis de son sulfureux PDG, Bob Diamond. Ce dernier a fini par annoncer sa démission, poussé par les politiques et une opinion publique furieuse. Le 27 juin dernier, Barclays a écopé d’amendes record des deux côtés de l’Atlantique pour avoir tenté de manipuler des taux d’intérêt de référence, le Libor et l’Euribor, qui définissent le prix auquel les banques se prêtent de l’argent, mais aussi indirectement ceux des crédits aux ménages et aux entreprises. Mercredi, la banque a annoncé qu’elle allait payer au total l’équivalent de 290 millions de livres – soit environ 360 millions d’euros – pour mettre fin aux enquêtes des régulateurs britannique et américain. Trop tard, le mal en terme d’image était fait.

Bugs informatiques chez RBS Quelques jours avant, la très longue panne informatique subie par Royal Bank of Scotland, Natwest et UlsterBank avait aussi eu un très mauvais effet sur l’opinion. Pendant plusieurs jours les clients de la banque se sont retrouvés dans l’incapacité de tirer de l’argent frais, alimentant les rumeurs selon lesquelles la RBS serait à court de liquidité. En réalité, ce bug informatique aurait résulté d’un nouveau logiciel de paiement, mais la réputation de la banque en a pris un coup.

Produits de couvertures douteux Ajoutant aux malheurs du secteur, les quatre principales banques britanniques ont été récemment mises à l’index par le régulateur britannique, pour de “graves manquements” lors de la commercialisation de certains produits financiers à destination des PME. Ces derniers avaient pour vocation de se couvrir contre les variations des taux d’intérêt, mais selon l’autorité des marchés financiers (FSA), les quatre banques concernées -Barclays, encore elle, HSBC, Lloyds Banking Group et Royal Bank of Scotland – auraient mal informé leurs clients sur les coûts et risques liés à ces produits, et n’auraient pas hésité à vendre des couvertures trop importantes par rapport à leurs besoins. Selon la FSA seuls 28.000 contrats de ce type auraient été vendus depuis 2001, et toutes les banques ont accepté de dédommager les clients floués, mais cela n’a pas empêché la polémique d’enfler.

Baleine de Londres Quelques semaines avant, c’est l’américaine JPMorgan qui a fait parler d’elle, particulièrement à la City, avec le scandale dit de “la Baleine de Londres”. En raison d’une stratégie de couverture hasardeuse mise en place par ses équipes basées à Londres, la banque va devoir éponger des pertes gigantesques. Jusqu’à 9 milliards de dollars selon les dernières estimations de la presse américaine. Au-delà des pertes de la banque, c’est bien entendu la prise de risque excessive qui pose problème, alors que la banque justement était connue pour son exemplaire politique de gestion du risque. L’affaire a d’ailleurs valu à la capitale britannique de sévères critiques de la part des autorités américaines.

Printemps des actionnaires

Face à tous ces scandales, les mentalités semblent bel et bien évoluer à Londres. Le monde de la finance londonienne n’a jamais épongé autant de critiques que ces dernières semaines. Les politiques mais aussi les médias ne cessent de s’attaquer aux dérives du secteur. Même les détenteurs du capital sont de plus en plus échaudés par la mauvaise image des financiers. Le secteur financier est ainsi l’une des cibles privilégiées du “printemps des actionnaires”, un mouvement de contestation des rémunérations jugées exagérées des chefs d’entreprises, qui a touché ces derniers mois à des degrés divers toute une série d’entreprises. Bob Diamond récemment en a fait frais, mais aussi les dirigeants de l’américaine Citigroup, qui se sont heurtés à un vote négatif des actionnaires sur leurs rémunérations. Le patron de l’assureur Aviva, Andrew Moss, lui a même été poussé à la démission.

Trends.be avec L’Expansion

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