Bras de fer autour du remplacement de la carte Proton

Le porte-monnaie mobile basé sur les GSM a été annoncé : à présent, il faut négocier. Belgacom aimerait que son système de paiement PingPing soit utilisé. Mobistar et Base renâclent. La discussion diplomatico-financière (et technologique) doit encore s’achever pour démarrer la phase de test.

Après l’annonce, les discussions. Les opérateurs de téléphonie mobile et le secteur bancaire se sont accordés pour annoncer le lancement d’un porte-monnaie mobile, basé sur les GSM. Tout reste encore à négocier. Belgacom aimerait que son système de paiement PingPing, lancé dans des cantines d’écoles et d’entreprises et pour le stationnement, soit utilisé. Mobistar et Base renâclent. Une discussion diplomatico-financière (et technologique) doit encore s’achever pour démarrer la phase de test sur le terrain, qui devrait avoir lieu à la fin de l’année.

Si Belgacom a l’avantage d’avoir parcouru plus de chemin que ses concurrents sur le chemin du paiement mobile, il est minoritaire en part de marché : Base et Mobistar représentent plus de la moitié du marché. En restant seule, l’entreprise à majorité publique aurait eu du mal à devenir l’alternative de la carte Proton, le porte-monnaie électronique sur carte, qui connaît un lent déclin.

Les banques, réunies au sein de la fédération Febelfin, sont quant à elles soucieuses de la sécurité et veulent bétonner cet aspect. D’où l’annonce d’une limite de paiements ne dépassant pas les 25 euros, plafond qui pourrait sauter d’ici un ou deux ans. Le mécanisme pourrait s’étendre à d’autres schémas de paiement, comme Visa. Le marché potentiel dépasse donc les 70 millions de transactions réalisées l’an dernier par Proton (- 14 %).

La technique qui sera utilisée est celle de la NFC (Near Field Communication). Il s’agit d’une puce ultraplate, diffusée dans un premier temps sous la forme d’un petit autocollant à apposer sur un GSM ou un autre objet de poche. Et qui devrait être intégrée dans le futur dans les nouveaux GSM.

La technique NFC devrait dominer le paiement par GSM, organisé actuellement avec des SMS. Les utilisateurs pourront recharger leur portemonnaie électronique depuis leur GSM, en utilisant l’application m-Banxafe qui figure déjà sur presque toutes les cartes SIM des GSM. Il devait servir de mécanisme de paiement Bancontact/MisterCash mais n’a jamais été très activement promu. Il sert actuellement surtout à recharger les cartes prépayées.

Eviter les foudres de la Commission européenne

L’équation économique n’est pas encore très claire. Car ces systèmes coûteront de l’argent et les commerçants n’ont guère envie de payer des commissions importantes sur les nouveaux systèmes, qu’ils pourraient tout simplement refuser d’utiliser.

Les tarifs pourraient être modulés selon le type de paiement effectué. Pour l’heure, la situation n’est pas claire : Belgacom refuse de divulguer les tarifs facturés pour les paiements mobiles. Qui seront les interlocuteurs ? Pour l’heure, les commerçants doivent avoir un contrat avec Atos Worldline (ex-Banksys), qui joue le rôle d’acquirer pour les transactions (gestion des transactions, location et vente de terminaux). Avec le nouveau système, cette activité pourrait être réalisée par chaque opérateur de télécoms.

Febelfin n’a nulle envie d’attirer l’attention des autorités européennes de la concurrence, qui pourrait considérer que l’accord entre les opérateurs et les banques est une entente. Le mécanisme Bancontact/MisterCash a souvent essuyé le reproche d’occuper une situation monopolistique. Il n’est donc pas question que ce nouvel accord reconstitue une nouvelle position dominante sur le marché des petits paiements. A chaque niveau, la concurrence devra jouer : entre les banques, les opérateurs, les acquirers.

La seule chose qui devrait rester commune, c’est la plateforme de paiement. Belgacom utilise celle de la société Tunz, société dont elle détient 40 %. Il faudra peut-être envisager de voir les autres opérateurs détenir une participation dans cette société fondée par Jean Zurstrassen et Grégoire de Streel. Belgacom utilise la plateforme Tunz pour ses paiements PingPing. Le rôle d’Atos Worldline n’est pas encore défini. Il perdrait son “monopole” pour le métier d’acquirer mais un rôle pourrait lui être réservé.

Robert van Apeldoorn

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