BNP: la diplomatie belge s’active en coulisse

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La lourde sanction qui risque de s’abattre sur le groupe BNP Paribas ne laisse pas la Belgique indifférente. La diplomatie belge s’active en coulisse afin d’éviter que de trop lourdes sanctions s’abattent sur le groupe dont la Belgique est le premier actionnaire, avec plus de 10% du capital.

“Le dossier se traite au niveau diplomatique, dit une source proche du gouvernement. Des contacts sont pris par nos diplomates avec les autorités américaines”. “Lorsque Barack Obama était venu en Belgique voici un mois, il avait également été prévu que le Premier ministre Elio Di Rupo en touche un mot au Président américain”, ajoute une autre source gouvernementale.

BNP Paribas Fortis, la filiale belge du groupe français, emploie en effet 15.500 personnes. Une amende risque de provoquer de nouvelles coupes dans l’emploi.
Interrogé par le Vif, le gouverneur de la Banque nationale Luc Coene, seule autorité belge à s’être publiquement exprimée (il est vrai que le gouvernement est en affaires courantes), avait d’ailleurs affirmé ce jeudi : “C’est tout le groupe qui s’active à resserrer les coûts, pas seulement la branche belge. Mais si les sanctions se confirment, cela risque d’accentuer le phénomène, y compris en Belgique”.
BNPP Fortis a en effet déjà prévu un plan de suppression d’emploi de 1.800 personnes entre 2013 et 2015, à quoi s’ajoute le départ de 200 cadres.

Cette stratégie belge discrète est à l’opposé de la stratégie française d’opposition frontale. Certaines autorités de l’Hexagone n’ont pas hésité à brandir des menaces. Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius avait évoqué voici quelques jours le fait qu’une trop lourde sanction puisse avoir “des conséquences négatives” sur la négociation du traité transatlantique entre les Etats-Unis et l’Europe. Et le gouverneur de la Banque de France avait laissé entendre que l’omnipotence du dollar pouvait être atteinte. Interrogé par la chaine BFM-TV, il avait en effet indiqué : “cette affaire laissera des traces et peut amener au développement de l’utilisation d’autres devises que le dollar pour le commerce international.”

Pierre-Henri Thomas

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