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BNB: Et le PS découvrit soudain les nominations politiques…

Que Mathias Dewatripont soit un brillant économiste, personne ne le démentira. Que son curriculum vitae académique pèse bien plus lourd que celui de Pierre Wunsch, personne ne le niera. À notre connaissance toutefois, les nominations et promotions à la Banque nationale – comme dans de nombreuses institutions parafédérales ou pararégionales – ne résultent pas d’un concours de la tête la mieux faite, mais de purs équilibres politiques.

Le Parti socialiste s’est accommodé, plutôt bien au demeurant, de ce fonctionnement pendant des décennies. Mais maintenant qu’il se retrouve dans l’opposition fédérale et que ses représentants ne sont dès lors plus prioritaires dans les désignations, il s’en offusque. “Le gouvernement sacrifie l’intérêt général pour des intérêts partisans”, dénonce Elio Di Rupo, apprenant la promotion de Pierre Wunsch (MR) au rang de vice-gouverneur de la BNB, en lieu et place de Mathias Dewatripont. Il parle de “chasse aux sorcières contre les socialistes”. Faut-il en rire ou se lancer dans le recensement des mandataires PS catapultés ici ou là ?

Et le PS découvrit soudain les nominations politiques…

À partir du moment où l’on confie au gouvernement le soin de désigner les représentants de l’État dans les institutions publiques, on accepte de facto qu’il choisisse des directeurs-généraux, présidents de CA et autres hommes (ou plus rarement femmes) de pouvoir en phase avec la coloration politique majoritaire. Cela facilite un travail en confiance pendant la législature. Et, admettons-le, sauf à de rares exceptions, ni le PS ni les autres n’envoient des tocards pour les représenter. Le système n’empêche donc pas la promotion de personnes compétentes et un fonctionnement correct de l’appareil d’État.

Le risque, c’est que lors d’un changement de majorité, les personnes promues restent plus loyales envers le parti à qui elles doivent tout qu’à l’égard du nouveau pouvoir en place (et nous ne faisons évidemment ici aucun procès d’intention à Mathias Dewatripont). Sous l’impulsion de Jean-Marc Nollet, la Wallonie a intelligemment tenté de contourner l’écueil lors de la législature précédente en instaurant le système des mandats: le contrat du patron de l’administration est lié à celui de son ministre de tutelle.

Pour le cas précis du poste de vice-gouverneur de la BNB, la réglementation ne prévoit aucune durée de mandat, contrairement à ce qui existe pour tous les autres postes de direction. Comme si ce titre de vice-gouverneur pouvait servir de variable d’ajustement pour les équilibres politiques. C’est exactement ce qui s’est passé ici.

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