Belfius, très généreux avec l’État

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Le groupe de banque et d’assurance dirigé par Marc Raisière franchit pour la première fois la barre des 600 millions d’euros de bénéfices, dont pas moins de 60% (soit 363 millions) viendront garnir les caisses de son actionnaire.

Marc Raisière, son CEO, peut avoir le sourire. Les résultats 2017 de Belfius sont très, très bons. L’an dernier, le groupe de banque et d’assurance a dégagé un bénéfice net de 606 millions d’euros, en hausse de 13 % par rapport à 2016.

C’est la sixième année consécutive, depuis sa reprise par l’État en 2011, que Belfius affiche un résultat en hausse et franchit du coup la barre symbolique des 600 millions d’euros de bénéfices. Une excellente performance qui est “le fruit d’une stratégie consistante et pertinente dans un environnement de taux d’intérêt extrêmement challenging”, s’est félicité le CEO Marc Raisière, lors de la présentation ce matin des résultats annuels du groupe au 32e étage de son siège de la Tour Rogier, à Bruxelles.

Merci la bancassurance !

Ce qui explique cette croissance à deux chiffres et d'”aussi bons résultats”, dixit le CEO, c’est d’abord la belle hausse du bénéfice opérationnel (+ 12 %), à la fois du côté des activités bancaires ainsi que du côté des activités d’assurance: 400 millions d’euros (+ 13 %) pour la banque et 215 millions d’euros (+ 9 %) pour Belfius Insurance, sa filiale d’assurance. Preuve que “la bancassurance est aujourd’hui un modèle gagnant en Belgique”, a souligné Marc Raisière.

Du côté bancaire, les prêts hypothécaires ont connu une nouvelle année faste, avec une production de plus de 5 milliards d’euros et une part de marché en hausse à près de 16 %. Pour ce qui est des crédits aux entreprises, ces derniers ont bondi de 14 % avec une production annuelle qui a atteint plus de 3 milliards. Fait remarquable : la banque a réussi à maintenir sa marge nette d’intérêt malgré des taux qui continuent à être peu élevés, et cela grâce à une gestion financière “particulièrement prudente et efficace”. Résultat : le revenu net issu de cette marge d’intermédiation a progressé de 5 % pour s’établir à 1,48 milliard d’euros, tandis que les revenus liés aux commissions ont quant à eux progressé de 7 % (à 534 millions d’euros). Le tout avec un encours total de l’épargne et des placements s’élevant à 106 milliards d’euros.

“Croissance durable”

Parallèlement, le groupe a continué à bien maîtriser ses coûts. Les frais restent en effet stables (à 1.369 millions d’euros) malgré les taxes bancaires et les efforts consentis pour investir dans le digital (130 millions). Belfius se targue d’ailleurs aujourd’hui de totaliser plus d’un million d’utilisateurs mobiles par jour. Bref, le fameux rapport entre les coûts et les revenus (CIR, cost income ratio) recule encore pour tomber à 58,1 %, soit en dessous de la barre des 60 %, un objectif que le management s’était engagé à atteindre en 2020. C’est dire si la machine Belfius a tourné à plein régime en 2017, gagnant ici et là des parts de marché auprès de ses concurrents directs tout en embrassant à bras-le-corps la révolution digitale. Cela étant, “notre objectif n’est pas une croissance à deux chiffres, mais une croissance durable, surtout si les taux restent à des niveaux tels que nous les connaissons aujourd’hui”, a tenu à préciser Marc Raisière.

Prêt pour la Bourse

Si tous les clignotants sont au vert sur le terrain commercial et opérationnel, ils le sont également du côté de la structure financière du groupe : les fonds propres atteignent désormais 9,5 milliards d’euros (soit un noyau dur de fonds capitaux propres de 15,9 %). Ceux-ci ont quasiment triplé depuis le rachat de Belfius par l’État belge fin 2011. À tel point que la banque publique a décidé d’octroyer un généreux dividende à son actionnaire, l’Etat fédéral. Elle lui versera pas moins de 363 millions d’euros (contre 215 millions en 2016), soit 60 % de son bénéfice engrangé en 2017. C’est “un pay-out élevé, mais acceptable compte tenu de la très bonne solvabilité du groupe et de son bon profil de risque”, a indiqué le président du conseil d’administration Jos Clijsters.

Quant à la future introduction du groupe en Bourse (IPO), la direction s’est montrée prudente, rappelant que la balle était dans le camp du gouvernement. C’est à lui que revient, dans les prochains jours, de prendre la décision d’appuyer sur le bouton ou pas. Mais “de notre côté, tout a été fait, nous sommes prêts”, ont conclu en choeur Jos Clijsters et Marc Raisière.

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