BCE: statu quo sur les taux, optimisme sur l’économie

Mario Draghi, président de la BCE © Belga

La Banque centrale européenne a laissé jeudi ses taux inchangés et a publié des prévisions traduisant son optimisme sur l’économie en zone euro. La BCE reste cependant prudente concernant l’inflation. Ce tableau mitigé, fait de conjoncture robuste peinant à entraîner les prix, ne laisse guère augurer de resserrement monétaire rapide.

Comme attendu, l’institution de Francfort a maintenu son principal taux de refinancement à zéro, tandis que les banques vont continuer à payer un intérêt négatif de 0,40% pour les liquidités dont elles n’ont pas d’utilité immédiate.

Elle a également confirmé la réduction, annoncée en octobre, de son vaste programme de rachats de dette publique et privée, d’un rythme de 60 milliards d’euros à 30 milliards d’euros mensuels de janvier à septembre 2018, voire “au-delà si nécessaire”.

Optimisme pour la croissance, prudence pour l’inflation

La BCE a par ailleurs nettement relevé ses prévisions de croissance pour la zone euro de 2017 à 2019, sans pour autant voir l’inflation remonter vers son objectif d’ici 2020.

Le produit intérieur brut de la zone euro devrait croître de 2,4% en 2017, 2,3% en 2018 et 1,9% en 2019, contre respectivement 2,2%, 1,8% et 1,7% dans les dernières projections de la BCE en septembre, a annoncé à la presse le président de la BCE, Mario Draghi.

“Nous sommes certainement plus confiants que nous ne l’étions il y a deux mois”, a déclaré M. Draghi, qui a également dévoilé une première prévision de croissance pour 2020, à 1,7%.

Pour lui, cette “solide dynamique cyclique” donne “des raisons d’être confiant dans le fait que l’inflation va rejoindre notre objectif”, soit un chiffre “inférieur mais proche” de 2%.

La BCE a d’ailleurs légèrement relevé son pronostic d’évolution des prix pour 2018, à 1,4% contre 1,2% auparavant, tout en gardant inchangées ses estimations pour 2017 et 2019, toutes deux à 1,5%.

Mais en dévoilant une première prévision à 1,7% d’inflation en 2020, très attendue par les observateurs, l’institution laisse entendre que le retour de l’inflation dans les clous de son mandat prendra du temps.

L’important “est plutôt de voir à quel rythme l’inflation converge” vers l’objectif, s’est efforcé de nuancer M. Draghi, interrogé sur la faiblesse persistante des indices de prix.

Ce tableau mitigé, fait de conjoncture robuste peinant à entraîner les prix, ne laisse guère augurer de resserrement monétaire rapide, même si la BCE s’est gardée de tout calendrier précis sur ce point.

“Un degré élevé de stimulation monétaire demeure indispensable” pour soutenir l’inflation, en particulier sa composante la moins instable calculée hors alimentation et énergie, a martelé M. Draghi.

Modération salariale

Comme les autres banques centrales, l’institution de Francfort est confrontée à une période de longue croissance et d’embellie de l’emploi sans que l’inflation ne suive, contrairement au phénomène classiquement observé par le passé.

Les hausses de salaires demeurent insuffisantes pour gonfler les indices de prix, bien que le taux de chômage en zone euro soit redescendu sous les 9% lors de l’automne, ce qui ne s’était plus vu depuis l’année 2009.

La BCE avance sur ce sujet avec prudence: d’un côté, elle estime que les facteurs qui freinent actuellement la progression des salaires devraient s’estomper progressivement, permettant in fine à l’inflation de retrouver son lien classique avec la croissance.

Mais de l’autre, elle veut éviter d’arrêter abruptement le QE ou de remonter subitement ses taux d’intérêt, ce qui pourrait alimenter la hausse de l’euro et s’avérer contre-productif pour les prix.

En conservant une ligne à la fois accommodante et flexible, la BCE reste donc en décalage avec son homologue américaine, la Réserve Fédérale américaine (Fed), qui a décidé mercredi de relever ses taux et envisagé trois nouvelles hausses l’an prochain.

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