Banques privées: les dernières tendances

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Trends-Tendances a réuni autour d’une table un panel de spécialistes du private banking afin de mettre en lumière les dernières tendances observées dans le secteur.

La crise financière a entraîné une remise en question de la façon de gérer ses actifs. Les gestionnaires de patrimoine ont vu les attentes des clients évoluer. Aussi, la crise a permis d’augmenter le dialogue entre les banques privées et leur clientèle. Des intendants “Le score de satisfaction le plus élevé revient à l’approche globale de la gestion de patrimoine”, confie Erwin Schoeters, directeur général retail & private banking de KBC. “A ce niveau, le métier de private banker a changé : avant, nous étions essentiellement des conseillers en investissement. Aujourd’hui, nous sommes davantage des intendants gérant l’ensemble du patrimoine du client : le mobilier, l’immobilier, la société…” Valeurs cruciales “Sécurité et transparence sont devenues deux valeurs essentielles pour le client”, déclare Fritz Mertens, responsable private banking et administrateur chez Petercam. Aujourd’hui, les clients des banques privées sont mieux informés, constate Stéphane Vermeire, directeur général private banking de BNP Paribas Fortis. “Il est donc essentiel de pouvoir communiquer en toute transparence sur les décisions de placement, de rendre compte du portefeuille et d’analyser les performances.” Le travail sur mesure gagne en importance. “Le client veut une stratégie à la fois globale et individualisée. Autrefois, le gestionnaire de patrimoine faisait tout, seul. Il est aujourd’hui l’intermédiaire entre le client et les spécialistes de la banque”, explique Jan De Coninck, président du comité de direction de la Société Générale Private Banking Belgique.

“Personnalisation et relation de confiance sont également essentielles”, ajoute Sabine Caudron, administratrice déléguée de Puilaetco Dewaay. Mais “gagner la confiance du client, quand la crise a terni la réputation des banques, y compris de celles qui n’étaient pas en difficulté, est devenu plus difficile”, précise Olivier Van Belleghem, responsable private banking pour la Flandre de la Banque Degroof.

Appétit pour le rendement et le risque “Depuis la crise, le client attache plus d’importance au rapport entre le risque et le rendement”, assure Dirk Vanderschrick, responsable retail & commercial banking de Belfius. La question de la protection du capital est fondamentale. “Les formules offrant une protection minimale ont de plus en plus de succès”, explique Erwin Schoeters. “Le client veut aussi un meilleur compte rendu quant aux risques en jeu”, poursuit-il. Aussi, surtout en ce qui concerne les obligations, “les clients privilégient un rendement plus élevé, quitte à prendre davantage de risques.” Mais bien que sa crainte du risque se soit estompée, l’investisseur privé a besoin d’un expert à ses côtés car “la complexité s’intensifie – il y a les intérêts peu élevés, la courbe des taux linéaire, les faibles spreads des obligations, etc.”, relève Stéphane Vermeire.

De l’avis de Philippe Wallez, directeur général d’ING Private Banking, le client est disposé à prendre davantage de risque car il sait que son portefeuille fait l’objet d’un suivi plus actif. “La confiance dans la banque et le gestionnaire est primordiale, mais il n’y a pas que cela. Le rendement doit être alléchant”, assure-t-il. “Le rendement sur portefeuille reste un facteur prépondérant”, confirme Dirk Vanderschrick. D’autres spécialistes nuancent : “on assiste aussi à l’émergence d’une catégorie de clients pour qui le rendement a moins d’importance. Leur but est d’éviter à tout prix un rendement négatif”, fait remarquer Jan De Coninck. Pour Sabine Caudron, le rendement n’est pas le facteur le plus important pour satisfaire le client : “la relation avec le banquier est souvent citée comme prioritaire dans les enquêtes clients.”

Diversification Les private bankers interrogés par la rédaction sont unanimement favorables aux actions et aux Bourses européennes. “Les actions américaines, plus coûteuses, sont cotées à environ 17 fois le bénéfice par action, contre 12 à 13 fois en Europe”, explique Stéphane Vermeire. Fritz Mertens confirme que le rendement de dividende est plus intéressant en Europe, même si certaines actions, comme les françaises, sont à la traîne. Sabine Caudron est, elle, moins réticente vis-à-vis des actions américaines car, selon elle, l’économie US a une longueur d’avance sur l’européenne et, autre point positif, le dollar devrait reprendre du poil de la bête par rapport à l’euro.

Il faut diversifier et éviter de tout investir en actions, conseille Philippe Wallez. Mais, prévient Olivier Van Belleghem, “les investisseurs s’imaginent parfois que leur portefeuille est bien diversifié car ils ont confié leurs avoirs à différents banquiers. Même si ces portefeuilles sont bien gérés, vus dans leur globalité, ils cumulent peut-être les mêmes risques.” Il estime par ailleurs qu’il vaut mieux chercher le rendement dans les actions offrant un dividende de qualité que dans les obligations de sociétés à faible rendement. Les obligations ne sont en effet plus les valeurs-refuges d’antan. Dirk Vanderschrick considère que la popularité des obligations d’Etat émises en Europe méridionale est imputable à la soif de rendement. Il ajoute que les investisseurs risquent d’essuyer des pertes si l’intérêt se normalise. Le principal défi pour l’investisseur, commente Stéphane Vermeire, consiste à s’assurer une rémunération correcte compte tenu du risque qu’il prend.

Quant à l’immobilier, il constitue, aux yeux de ces private bankers, un concurrent de taille. Contrairement à d’autres pays, la Belgique n’a pas souffert d’une correction immobilière. “Le prix de l’immobilier dépend des taux d’intérêts et de la fiscalité”, assure Jan De Coninck. “Si la fiscalité sur les biens immobiliers change radicalement, une correction n’est pas exclue.”

Lire l’intégralité du dossier Private banking de Patrick Claerhout et Mathias Nuttin dans Trends-Tendances du 5 juin

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