Banques européennes: le grand nettoyage se poursuit

© reuters

Dépréciations, scandales, crises immobilières : l’heure des comptes a une nouvelle fois sonné pour le secteur bancaire européen.

Cinq ans et demi après l’éclatement de la crise, le secteur bancaire européen continue de trinquer. Aux Pays-Bas, c’est bien sûr l’annonce de la nationalisation de SNS Reaal qui a retenu l’attention. Affaiblie par de mauvais investissements immobiliers, la quatrième banque du pays n’est pas parvenue à céder certains de ses actifs ou à lever des capitaux frais. Le coût de l’opération pour l’Etat néerlandais est évalué à 3,7 milliards d’euros. Avec à la clé une première européenne, souligne Christophe Nijdam, analyste chez Alphavalue, à Paris : “C’est la première fois qu’une nationalisation est étendue à de la dette subordonnée en Europe. Jamais auparavant de la dette subordonnée n’avait été expropriée pour zéro centime.”

Nouvelle purge

Les Pays-Bas ne constituent pas un cas isolé. France, Espagne, Italie, Allemagne : la plupart des grands pays européens n’échappent pas à ce nouveau grand nettoyage bilantaire. “On assiste pour le moment à une nouvelle purge des écarts d’acquisition pour les banques qui ont acheté trop cher d’autres établissements financiers avant la crise”, poursuit Christophe Nijdam, citant justement comme exemple SNS Reaal, pour avoir acheté en 2007 un portefeuille immobilier à ABN Amro.

En France, c’est le cas du Crédit Agricole qui, après avoir joué la carte des acquisitions à prix d’or, s’apprête à présent à clôturer l’exercice 2012 sur une perte historique de plusieurs milliards d’euros. Idem en Allemagne, où Deutsche Bank et Commerzbank passent aussi aux aveux à coup de dépréciations massives. En Espagne, Santander et BBVA ont dévoilé des résultats lourdement plombés par des provisions pour débiteurs douteux en raison de la crise immobilière. La banque italienne Monte Paschi, empêtrée dans un scandale financier qui pourrait lui coûter des centaines de millions d’euros, est, elle, soupçonnée d’avoir racheté la petite banque régionale Antonveneta à l’espa- gnol Santander dans des condi-tions douteuses. Quant aux principales banques belges (Belfius, BNP Paribas Fortis, ING, KBC), si on peut espérer qu’il ne reste guère de cadavres dans leurs placards, elles continuent malgré tout de se restructurer.

En définitive, “la crise n’est pas finie, observe Christophe Nijdam. Elle perdure même. La crise des subprimes de 2007, dont la conséquence a été la crise de la dette de la zone euro, avec comme point d’orgue la deuxième moitié de 2011, se traduit aujourd’hui par un second ralentissement économique. Un ralentissement dont les conséquences sur les comptes des banques sont inévitables, notamment celles qui ont procédé à des rachats excessifs. Et tant que l’économie européenne n’aura pas retrouvé le chemin de la croissance, les bilans des banques resteront fragilisés.” Une manière de dire que les performances de ces dernières vont rester sous pression, pendant longtemps encore.

SÉBASTIEN BURON

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content