Bâle III redonne le goût du risque aux investisseurs

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L’euro repartait à la hausse lundi matin, profitant d’un retour de goût du risque des investisseurs au lendemain d’un accord sur un renforcement des normes bancaires mondiales. Les normes “Bâle III”, en effet, “ne sont pas aussi strictes que nous l’attendions” en termes de calendrier, indique un cambiste tokyoïte…

Les représentants des banques centrales et les régulateurs réunis à Bâle ont trouvé un accord sur la réforme du secteur financier, destiné à rendre les établissements plus résistants face à de futures crises, a annoncé dimanche la Banque des règlements internationaux (BRI).

“Le groupe des gouverneurs et des dirigeants des autorités de supervision ont annoncé un renforcement considérable des normes existantes sur les fonds propres”, a précisé la BRI dans un communiqué. Cette série de réformes, qui introduira également de nouvelles normes sur les liquidités, “sera présentée au cours de la réunion des dirigeants du G20 en novembre à Séoul”.

Le ratio minimum du “noyau dur” de fonds propres, l’un des plus importants indicateurs permettant de mesurer la solidité financière des banques, sera relevé de 2 % à 4,5 % d’ici au 1er janvier 2019. Le ratio minimum de fonds propres tier 1 sera quant à lui relevé de 4 % à 6 % pendant la même période. Il sera assorti d’un “amortisseur” financier supplémentaire de 2,5 %.

Les grands argentiers et régulateurs des 27 pays membres du Comité de Bâle de supervision bancaire se sont réunis dimanche, au siège de la BRI, pour mettre le point final à un texte destiné à éviter un nouvel effondrement du secteur, mais qui est fortement décrié par les banquiers. Les patrons des grands établissements bancaires craignent notamment que ces nouvelles directives ne les obligent à lever des sommes colossales.

L’euro repart en hausse dans la foulée de l’accord sur “Bâle III”

L’euro repartait à la hausse lundi, profitant d’un retour de goût du risque des investisseurs, au lendemain d’un accord sur un renforcement des normes bancaires mondiales. Les normes “Bâle III” “ne sont pas aussi strictes que nous l’attendions” en termes de calendrier, a commenté un cambiste d’une grande banque européenne à Tokyo.

En matinée, l’euro valait 1,2818 dollar, contre 1,2680 dollar vendredi soir. Il regagnait également du terrain face à la monnaie nippone, à 107,66 yens, contre 106,72 yens vendredi soir. Le dollar reculait, lui, face au yen, à 83,98 yens, contre 84,17 yens vendredi.

De bons indicateurs économiques chinois et une hausse de la Bourse de Tokyo ont également alimenté le regain d’appétit pour le risque des investisseurs alors que les volumes sont réduits, selon les cambistes. En Chine, le niveau des investissements en capital fixe en zones urbaines, les ventes de détail ainsi que d’autres données publiées samedi à Pékin ont montré que l’économie chinoise s’était bien comportée le mois dernier, contrairement aux craintes circulant sur un ralentissement assez rapide de l’activité du géant asiatique.

Deutsche Bank prévoit une augmentation de capital d’au moins 9,8 milliards d’euros

La première banque allemande a annoncé dimanche une augmentation de capital d’au moins 9,8 milliards d’euros pour prendre le contrôle de la banque privée Postbank et en vue d’un durcissement à venir des normes de régulation financières.

Deutsche Bank détient actuellement 29,9 % de Postbank et a la possibilité d’en prendre la majorité d’ici à février 2012. La première banque allemande a proposé une offre de 24 à 25 euros par action.

Le Financial Times indiquait, vendredi déjà, que la première banque d’Allemagne comptait lever entre 8 milliards et 9 milliards d’euros sur les marchés afin de renforcer ses “ratios de capitaux” et de les mettre “en conformité avec un durcissement (potentiel) des normes réglementaires”. Cette augmentation de capital, ajoutait le FT, s’annonçait comme la plus importante réalisée cette année par une banque européenne, eu égard à sa valorisation boursière, d’environ 30 milliards d’euros.

Bâle III : “Les banques auront besoin de centaines de milliards d’euros !”

Les banques auront besoin de “centaines de milliards” d’euros de capitaux supplémentaires pour satisfaire aux règles de l’accord “Bâle III” sur les fonds propres, a estimé lundi Nout Wellink, président du Comité de Bâle et de la Banque centrale néerlandaise, à la radio publique néerlandaise Radio 1. “J’hésite à donner des chiffres précis car l’introduction (des règles) aura lieu sur une période d’environ huit ans. Donc, les chiffres changeront” avec le temps, a-t-il souligné.

Les banques devront obtenir cet argent sur “les marchés financiers” et en effectuant, “pendant quelques années, une retenue plus importante sur les bénéfices”, a ajouté Nout Wellink. “Cela signifie qu’elles ne pourront pas payer leurs actionnaires ou qu’elles devront verser moins de primes.”

L’accord de Bâle III risque d’amener les banques à moins prêter (Fédération bancaire européenne)

Les banques européennes risquent de réduire leur prêts ou d’appliquer des taux d’intérêts plus élevés en raison des nouvelles exigences en capital qui leur seront imposées dans le cadre de l’accord “Bâle III”, a averti lundi la Fédération bancaire européenne.

“Les banques européennes respecteront les nouvelles exigences mais celles-ci auront des conséquences sur le volume et le coût des prêts et, dès lors, un coût pour l’économie également, a prévenu Guido Ravoet, secrétaire général de la FBE, cité dans un communiqué. Les banques européennes répètent leur préoccupation face à l’absence d’étude d’impact cumulative avant l’adoption de toutes les réglementations proposées dans le cadre de la réforme financière globale.”

Bâle III : les réformes ne sont pas encore terminées (régulateur)

La réforme du secteur bancaire n’est pas encore terminée qu’elle doit déjà s’attaquer à la problématique des établissements d’importance systémique, a annoncé lundi Mario Draghi, gouverneur de la Banque d’Italie et président du Comité de stabilité financière (FSB). “Une partie qui est très, très importante”, a-t-il souligné lors d’une conférence de presse à la BRI.

Cette deuxième partie consiste à répondre, avec une série de mesures, au danger que représentent les établissements dont la faillite mettrait en péril tout le système, a-t-il souligné. Selon le gouverneur de la Banque d’Italie, les grandes banques devront être capables d’avoir des capacités d’absorption de pertes supérieures aux normes fixées dimanche dans le cadre des accords dits de “Bâle III”.

“Nous devons améliorer la capacité de dénouer ces établissements sans créer de bouleversements majeurs sur les marchés et sans faire appel à l’argent du contribuable”, a souligné Mario Draghi. Le patron du FSB, qui doit présenter ces recommandations lors du sommet du G20 de Séoul en novembre, prévoit notamment une supervision plus importante pour les établissements d’importance systémique.

Trends.be, avec Belga

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