B-Hive, cette ruche à fintechs

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Mettre la place de Bruxelles sur la carte fintech du monde : telle est l’ambition de la plateforme B-Hive qui regroupe des acteurs du secteur financier belge et des start-up digitales belges et internationales.

Le quartier de la place Sainte- Gudule, à Bruxelles. C’est là, dans un immeuble situé non loin de la gare Centrale et de la Banque nationale, que B-Hive va s’installer d’ici la fin de l’année. La plateforme va en effet ajouter à ses locaux excentrés de Diegem une localisation en plein centre-ville, au sein de la toute nouvelle European House of Finance and Entrepreneurship, entité qui regroupera non seulement une série d’acteurs du secteur financier belge mais aussi des accélérateurs de start-up, des associations professionnelles, etc. But de cette nouvelle implantation pour B-Hive : gagner en visibilité et en accessibilité. ” Nous croyons beaucoup à la position de Bruxelles comme point de rencontre européen entre les institutions financières, les investisseurs, les fournisseurs de services, les régulateurs et les fintechs elles-mêmes, indique Fabian Vandenreydt, président exécutif de B-Hive. C’est aussi l’idée d’avoir accès en un seul endroit à tout ce qui se passe en matière d’innovation financière en Belgique et de donner un visage à l’entrepreneuriat dans ce domaine. ”

Un peu moins de 40 % des start-up que B-Hive abrite ne sont pas belges. Elles viennent d’ailleurs en Europe.

D’accord, mais c’est quoi au juste B-Hive ? Il y a d’abord le ” B ” pour Bruxelles/Belgique et le ” Hive “, ruche en français, pour souligner l’aspect collaboratif et la place de Bruxelles au centre de l’Union européenne. Voilà pour la symbolique. Mais encore ? Plus concrètement, ” B-Hive est une plateforme d’échanges, un écosystème, qui rassemble une série d’acteurs contribuant à la digitalisation des services financiers, explique Fabian Vandenreydt. Un des objectifs est donc de positionner Bruxelles et ses environs, ce que j’appelle le Greater Brussels Area, comme un endroit attractif pour les technologies liées aux services financiers, qu’elles soient belges ou étrangères. Aujourd’hui, en matière de fintechs, on ne parle pas en termes de pays, mais en termes de villes. On parle de Londres, de Berlin, de Tallinn. Mais pas du Royaume-Uni, de l’Allemagne ou de l’Estonie. ” Par ailleurs, ajoute Fabian Vandenreydt, ” nous avons également pour mission de faire travailler ensemble les gros acteurs du marché autour de sujets d’intérêt communs, comme la cybersécurité par exemple “.

Née en 2017 de la volonté du ministre des Finances, Johan Van Overtveldt, de positionner plus favorablement Bruxelles comme centre financier sur la scène internationale, B-Hive bénéficie du soutien de 14 actionnaires. Parmi ceux-ci, on compte notamment 13 institutions financières ainsi que la Société fédérale de participations et d’investissement (SFPI). A côté du bras financier de l’Etat, des banques (Belfius, BNP Paribas Fortis, ING, KBC), des assureurs (Ageas, Axa, Allianz, Baloise) et des infrastructures de marché telles que Swift, Euroclear, BNY Mellon, Isabel Group, MasterCard, qui sont ses actionnaires, on trouve aussi des partenaires tels que des cabinets de conseil (Roland Berger, McKinsey, KPMG, entre autres), des entreprises technologiques (Oracle, Ingenico, Proximus), des universités (KU Leuven, Solvay, Vlerick), nos deux gendarmes financiers (BNB et FSMA) ainsi que d’autres banques qui ne font pas partie de l’actionnariat.

Plus de 160 fintechs

Fabian Vandenreydt
Fabian Vandenreydt ” Nous les aidons à développer les premières versions des produits, à trouver du financement, à décrocher des clients. “© PG

Quant aux membres proprement dits, B-Hive accueille pour le moment 160 fintechs (start-up et scale-up). Parmi les plus connues, citons Qover, Gambit, NG Data, Mozzeno, Guardsquare ou encore The Glue. ” Toutes ne sont pas belges, signale Fabian Vandenreydt : un peu moins de 40 % viennent d’ailleurs en Europe, et cette proportion est en forte croissance. ”

” Chaque mois, ce sont en moyenne cinq nouvelles start-up qui viennent se rajouter, poursuit Fabian Vandenreydt. Notre espoir est d’atteindre plus ou moins le seuil des 200 fintechs d’ici la fin de l’année. Même si une série d’entre elles cherchent une solution de repli par rapport à Londres et à la City, ce n’est pas uniquement lié au Brexit. La Belgique présente l’avantage d’être un marché test pour des stratégies paneuropéennes (plusieurs langues, etc.), le cadre réglementaire est clair et il y a un pool de talents assez important. Bref, on a pas mal d’atouts, même si on reste un marché de niche : Bruxelles ne sera jamais Londres ou Francfort “, reconnaît-il.

Cybersécurité et “open banking”

Si elle a pour mission de stimuler le développement de la fintech en Belgique et de positionner Bruxelles comme un centre financier innovant, B-Hive a bien sûr également pour vocation d’accompagner ses membres dans leur développement, c’est-à-dire les fintechs qu’elle abrite. ” Nous les aidons à développer les premières versions des produits, à trouver du financement, à décrocher des clients “, explique Fabian Vandenreydt. Prix du service ? Une cotisation annuelle de 250 euros pour les start-up et de 850 euros pour les scale-up. L’adhésion donne aussi accès à des événements et à des séances de matchmaking en Belgique ainsi qu’à l’étranger. Exemple ? La Digital Week qui aura lieu du 24 au 30 septembre prochain. Au programme : des conférences, mais aussi des rencontres avec la crème de la planète fintech, des banques, des décideurs politiques, etc. La plateforme développe également une série de programmes d’incubation technologique ayant trait aux défis du secteur financier : CyberHive (cybersécurité), OpenHive (API, PSD2), etc. ” A côté de tout ce qui touche aux domaines de la regtech et des paiements, la cybersécurité (la sécurité IT est un point fort de nos universités) et l’ open banking sont deux de nos grandes spécificités “, souligne Fabian Vandenreydt.

Londres, New York et Tel-Aviv

Toujours côté réseau, B-Hive a ouvert en juin de l’année dernière un hub à Tel-Aviv, après Londres et New York. Motif ? ” Israël fait partie du top mondial notamment en matière de cybersécurité, situe Philippe Mauchard (ex-McKinsey), CEO de The Bridge, une société collaborant avec B-Hive. La quantité et la qualité des start-up actives dans ce domaine est impressionnante. Mais il y a beaucoup de start-up dans d’autres domaines que la fintech. Entre 1.000 et 1.200 nouvelles start-up digitales se créent chaque année au sein de l’écosystème israélien (et surtout à Tel-Aviv). Avec ses actionnaires et ses partenaires, B-Hive veut être la porte d’entrée vers l’Europe pour ces entreprises . ”

Bref, ” B-Hive crée non seulement des opportunités pour les jeunes pousses mais aussi pour les acteurs traditionnels du monde de la finance “, conclut Fabian Vandenreydt. Le géant de l’assurance Lloyd’s n’a-t-il pas en effet été l’un des premiers groupes financiers à choisir Bruxelles comme tremplin post-Brexit pour couvrir le marché européen ? Quant au géant du logiciel Oracle, il a tout récemment choisi la capitale belge comme centre de son programme européen d’innovation en matière de technologie financière et B-Hive comme partenaire stratégique pour son programme d’accélération fintech sur le continent.

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