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Bankia ou le désamour des espagnols pour leurs banquiers

Les banquiers n’ont généralement pas bonne presse, sans doute parce qu’ils sont à l’origine de la crise via le scandale des subprimes aux Etats-Unis. Mais aussi parce qu’ils donnent l’impression au grand public que, malgré cette crise qui n’en finit pas, ils n’ont toujours pas compris certains messages de prudence.

On l’a vu avec JP Morgan qui a dérapé avec des opérations de trading sur compte propre totalement foireuses, qui se traduiront sans doute par une perte de 9 milliards de dollars. On vient encore de le voir à Londres avec la manipulation par une vingtaine de banques du LIBOR, le taux d’intérêt le plus important au monde, celui-là même qui fixe le taux d’intérêt de votre carte de crédit mais aussi de vos prêts hypothécaires variables.


Mais il n’y a pas que les américains ou les britanniques qui sont en désamour avec leurs banques : c’est aussi le cas des espagnols. Pour s’en rendre compte, il fallait assister à l’assemblée générale de Bankia – cette banque régionale qui a dû être sauvée par le gouvernement espagnol, ce qui a provoqué un plan de recapitalisation de l’ensemble du secteur bancaire du pays de l’ordre de 100 milliards d’euros.
Durant cette assemblée générale des actionnaires, on a vu un directeur d’agence dire publiquement qu’il “demandait pardon à ses clients pour leur avoir vendu des actions Bankia”. Son président a quant à lui déclaré “Je regrette profondément les pertes de valeur que vous avez subies lors de vos investissements dans Bankia ces derniers mois”, fin de citation !
Pourquoi toutes ces excuses ? Mais parce que des retraités, des chefs d’entreprise ou des mères de famille ont été littéralement poussés pour ne pas dire forcés à acheter des actions Bankia, souvent d’ailleurs en contrepartie d’un accord pour obtenir un crédit. En réalité, toutes ces personnes se sont faites gruger. Il faut remonter un an en arrière : à l’époque Bankia voulait s’introduire en Bourse, mais les investisseurs classiques hésitaient à acheter ses actions. Qu’a alors fait Bankia ? Elle a demandé à ses employés de pousser leurs clients à leur acheter des actions en leur affirmant notamment que cette action ne pouvait que grimper. Quelques mois plus tard, cette même banque été nationalisée pour éviter la faillite. Mais en attendant, de nombreux épargnants sont ruinés et les excuses qu’ils ont reçues de ces banquiers ne leur rendront pas leur argent. Ah oui, petite précision : les banquiers qui étaient à la tête des banques régionales espagnoles, étaient pour la plupart des hommes politiques de la région. Cette confusion des rôles était déjà en soi une première erreur.


Amid Faljaoui (à Malaga, Nueva Andalucia)

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