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Au Sud-Est, du nouveau…

L’Irlande a quitté les soins intensifs, à savoir le plan d’aide mis en place en décembre 2010 par l’Europe. L’Espagne est sortie de récession et gagne en compétitivité. Le Portugal a récemment pu se refinancer sur les marchés et même la Grèce commence à se porter moins mal : l’année 2013 se termine sur une note réconfortante. Et 2014 s’annonce sous d’assez bons auspices.

Certes, le malheureux pour cent de croissance attendu l’an prochain dans l’Union européenne fait pâle figure en regard des près de 3 % que certains économistes anticipent pour les Etats-Unis, où le chiffre du troisième trimestre a d’ailleurs été fortement revu à la hausse la semaine dernière. Ce rebond du tonus économique américain est d’autant plus apprécié que 2013 avait été plombée par l’augmentation des charges patronales et les coupes budgétaires automatiques. Avec l’accord intervenu voici deux semaines à propos du budget des deux prochaines années, le ciel se dégage sérieusement. Pour en revenir à la progression du PIB européen en 2014, toute modeste qu’elle demeure, elle contraste avec bonheur avec le rouge qui l’emporta tant en 2012 qu’en 2013. Ici aussi, on table pour l’an prochain sur la non-répétition des problèmes antérieurs. On souligne en particulier que les pays faibles de l’Union ont beaucoup mieux résisté que les émergents à la remontée des taux d’intérêt américains. Quant à l’euro, cet ex-futur-moribond, il affiche une telle santé qu’on aimerait le voir fléchir un peu !

Sur le terrain politique, quelques évolutions récentes pourraient modifier notre environnement à terme. L’Arménie, puis l’Ukraine qui rompent les négociations avec l’Union européenne pour se raccrocher à Moscou, c’est Poutine qui retricote l’URSS. Où en sera-t-on dans cinq ans ? Autre fait marquant des derniers mois : les pourparlers entre l’Occident et l’Iran. Ce n’est qu’un très timide début de dégel, mais après une génération de banquise, c’est spectaculaire. Les caricaturistes spécialisés en ayatollahs devront-ils se reconvertir ? Peut-être Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre turc, leur évitera-t-il cette peine. Après ses “conseils” sur le nombre idéal d’enfants et les pitreries de Turkish Airlines à propos du maquillage de ses hôtesses, voilà qu’un ministre propose de reconvertir Ayasofya (la basilique Sainte-Sophie) en mosquée ! Il y a beaucoup plus grave : dans ce pays champion du monde pour le nombre de journalistes emprisonnés, on n’hésite pas à condamner les opposants politiques pour “appartenance à un groupe armé” ; plus fort qu’à Moscou ! La spectaculaire ouverture du régime à l’égard de l’importante communauté kurde permettra-t-elle, lors des élections d’octobre prochain, à Erdogan de se maintenir au pouvoir en devenant président (tiens, comme Poutine en Russie), une fonction dont il a hypertrophié les prérogatives ? Ou bien le courant Taksim l’emportera-t-il avant que Mustafa Kemal, le père de la Turquie moderne, ne se retourne dans sa tombe ? C’est ce qu’on souhaite à ce pays important et dynamique, pour lui-même comme pour l’Union européenne.

Du reste, si vraiment l’Union doit s’élargir en direction du Sud-Est, il est une autre piste, essentielle et urgente, à l’heure où notre industrie est cruellement menacée par ce fameux gaz de schiste américain trop bon marché : pourquoi ne proposerait-on pas au Qatar de devenir le 29e membre de l’Union européenne ? Boutade, bien sûr, pour terminer l’année 2013 dans la bonne humeur que nous inspire la progression de 10 % du lectorat de Trends-Tendances. Merci, chers lecteurs. La rédaction vous souhaite le meilleur pour 2014 !

GUY LEGRAND

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