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America wants to work !

C’est en ces termes que le syndicat américain AFL-CIO a lancé une grande campagne, appuyée par des pétitions et manifestations de rue. Les Américains veulent du travail et le font savoir. Quoi d’étonnant à cela ? Et quoi d’étonnant à ce que le président Obama se soit mis en campagne sur ce thème ? Autant plusieurs pays européens, dont le nôtre, ont aujourd’hui presque tourné la page de la crise sur le front de l’emploi, autant les Etats-Unis restent complètement embourbés sur ce terrain.

On n’oserait écrire que le marché du travail a globalement bien résisté à la crise économique de 2008 en Europe du Nord. Ce serait faire injure aux dizaines de milliers de Belges qui se sont retrouvés sur le carreau. Il reste que l’évolution de la situation a agréablement surpris par rapport aux sombres scénarios dessinés au départ. D’abord, grâce aux mesures prises par les Etats, en particulier la Belgique et l’Allemagne, l’augmentation du chômage est restée très inférieure à ce que l’on craignait. Ensuite, la reprise économique fut beaucoup plus vigoureuse qu’anticipé, dopant rapidement le marché du travail. Le décalage entre les attentes pour l’année 2010 et la réalité est à cet égard spectaculaire. Début 2010 encore, le Bureau du Plan craignait la perte de 46.100 postes de travail. Un an plus tard, les calculs effectués par le SPF Economie révélaient que notre pays en avait au contraire créé 68.000. L’emploi a donc assez rapidement retrouvé son niveau d’avant-crise, aussi bien chez nous qu’outre-Rhin. Quantitativement mais pas qualitativement, convient-il de reconnaître…

Rien de tel de l’autre côté de l’Atlantique, où la machine s’est enrayée beaucoup plus durement et sans guère redémarrer ensuite. Le taux de chômage y a doublé suite à la crise, passant de 4,5 à 9 %, et il n’arrive pas à refluer. Entre février 2008 et février 2010, pas moins de 8,75 millions d’emplois furent perdus, révèlent les statistiques du département du Travail. Et depuis, à peine 1,9 million de postes furent créés. Ce n’est quand même pas rien, penseront les optimistes. Faux ! D’une certaine façon, ce n’est même rien du tout car cela compense à peine l’augmentation de la population active intervenue durant cette période. En chiffres ronds, les Etats-Unis doivent créer quelque 10 millions d’emplois durant les deux à trois prochaines années pour retrouver le niveau d’activité qui prévalait avant la crise. Soit une moyenne de 300.000 par mois plutôt que les 150.000 à 200.000 souvent cités à tort.

Ce combat pour l’emploi, préoccupation obligée de tout Etat démocratique, est d’autant plus crucial pour Washington qu’une baisse du chômage conditionne largement deux des trois catalyseurs classiques d’une reprise économique outre-Atlantique. Outre les investissements des entreprises, il s’agit en effet de la consommation intérieure et des dépenses de construction résidentielle. La première ne peut trouver de palliatif dans l’exportation, contrairement à ce qu’on observe en Europe en général et en Allemagne en particulier. Quant aux secondes, si elles faiblissent parfois en Europe, elles se sont là-bas véritablement effondrées. Révélée lundi, l’enquête menée auprès d’une cinquantaine d’instituts économiques annonce même un nouveau déclin de 1,6 % cette année, au lieu du petit progrès de 0,9 % précédemment attendu.

Très axé sur les PME, le plan Obama de 447 milliards de dollars pourrait permettre la création de 1,9 million d’emplois l’an prochain, tandis que la croissance serait stimulée à hauteur de 2 % du PIB, a aussitôt calculé l’agence Moody’s. Compte tenu des besoins, ce n’est qu’une mise à l’étrier, dont on espère surtout un effet d’entraînement. Et, plus encore, pas trop de sabotage de la part des républicains…

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