Arabaiana

Carmen Stephan, Arabaiana, éditions Chambon, 103 pages, 15 euros. © pg

Oubliez Trois hommes dans un bateau, c’est de quatre hommes et un radeau dont il s’agit ici. De quatre pauvres pêcheurs d’un Nordeste brésilien invisible aux yeux des autorités, qui, au seuil de la dernière guerre, décident de prendre la mer et leur rafiot pour s’en aller plaider leur cause à Rio auprès du président Getúlio Vargas. Après deux mois, ce Kon-Tiki de cabotage parvient à destination, porté par l’abnégation de son initiateur, un certain Jacaré. Incroyable, leur histoire fera l’objet dans la presse américaine d’un entrefilet que “pêchera” le jeune Orson Welles, bien décidé à transformer l’aventure en film, et ses héros en acteurs. Ce court récit, cette histoire vraie romancée, est presque un chant de sirène, plutôt celui d’une odyssée, avec ses refrains, ses scansions, ses répétitions. L’Allemande Carmen Stephan se base sur les carnets de Jacaré afin de scénariser cette rencontre entre un pêcheur et l’étoile montante d’Hollywood, exhumant des profondeurs du passé et de l’oubli l’épopée extraordinaire et tragique d’un Ulysse ordinaire qui – cruel destin – périra en imitant ses propres exploits…

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