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A qui profite la croissance chinoise?

La classe moyenne chinoise n’est pas celle qui conduira aux réformes démocratiques dont la Chine a besoin, car elle est elle-même très proche du pouvoir et profite de sa présence pour s’enrichir.

A qui profite la croissance chinoise? La question mérite d’être posée quelques semaines avant les Jeux Olympiques de Pékin. Comment se fait-il que d’une part, le pays soit si riche (l’Etat détient plus de 1000 milliards de dollars de réserves de change) alors que de l’autre, les citoyens restent à ce point pauvres?

Pour ceux qui ont poussé à l’organisation de ces Jeux en Chine, la question sera réglée d’ici quelques années, lorsque la classe moyenne chinoise se fera davantage entendre par le pouvoir et qu’elle exigera davantage de démocratie, et donc une meilleure répartition des richesses. Une vision optimiste que l’on entend souvent en Occident.

Mais en réalité, comme le fait remarquer Mao Yushi, l’un des économistes dissidents chinois, ce que l’on appelle la classe moyenne chinoise (quelque 200 millions de personnes dont le niveau de vie et les aspirations convergent avec ceux de l’Occident) n’en est pas vraiment une. Pourquoi? Parce qu’elle ne doit pas sa nouvelle prospérité à son travail, mais uniquement au fait qu’elle est proche du pouvoir, en clair du parti communiste.

La plupart de ces 200 millions de citoyens sont directement ou indirectement membres du Parti ou alors entretiennent une relation de famille ou de clientèle avec ce même pouvoir. Comme le fait remarquer l’économiste Guy Sorman, nous ne devrions donc pas parler d’une classe moyenne chinoise, mais d’une classe de parvenus. Cela signifie que contrairement à ce nous pensons en Occident, il ne faut pas espérer que cette pseudo-classe moyenne exige davantage de démocratie de la part du régime. Elle serait la première victime d’une perte de pouvoir du Parti ou d’une évolution de la Chine vers un Etat de droit.

La vraie classe moyenne, au sens occidental du terme, celle qui est en général porteuse de changement et qui est constituée de professions libérales, de commerçants et d’entrepreneurs, cette vraie classe moyenne représenterait tout au plus 30 millions d’habitants. Un chiffre à garder bien en tête lorsqu’on nous parle de démocratisation en Chine via sa classe moyenne.

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