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A chaque mot son pesant d’or

Les économistes osent tout, y compris analyser la parole présidentielle pour mesurer son impact sur les marchés financiers, nous révèle le journal économique Les Échos.

En effet, pour se faire réélire en période de crise aiguë, le président Obama devra susciter l’espoir des électeurs, mais également des marchés financiers qui sortent de trois années éprouvantes, et qui espèrent enfin voir le bout du tunnel.

Si j’étais conseiller d’Obama, je lirais donc cette étude de deux économistes de l’université de Lisbonne, qui se sont attachés à mesurer l’impact d’une quarantaine de déclarations publiques du président Obama sur Wall Street.

Ses conclusions ? Ce ne sont pas les discours qui ont un effet en eux-mêmes, mais leur contenu. C’est-à-dire la fréquence d’expressions clefs, la tonalité : est-elle positive ou négative ? Et ensuite la structure de ces exposés.

Certains mots comme “rêve” ou “espoir” font plutôt monter les indices boursiers américains, alors que d’autres comme “crise” ou “changement” les font baisser. Les variations suscitées le jour même sont modestes, de -0,1 % à + 0,2 %, mais c’est jugé comme assez significatif. En revanche, le terme “changement” semble être interprété par les marchés comme un synonyme “d’incertitude”, un terme qui n’a cessé de les inquiéter depuis la crise…

L’étude révèle aussi que la structure même des discours du président a un effet particulier. Et comme le rappelle, le journal Les Échos, le président Obama a souvent recours à deux figures de style, “à savoir répéter certains mots clefs afin de donner plus de poids au message et répondre par avance aux objections et critiques qui pourraient lui être formulées afin de les invalider en quelque sorte. Or, il semble que ces deux figures de style ont un effet positif sur les trois indices boursiers analysés (Dow Jones, S&P 500, Nasdaq), ce qui est la preuve selon les économistes qui ont réalisé cette étude, que les marchés sont sensibles à la cohérence et crédibilité de la parole présidentielle.

En effet, tout comme les électeurs, les marchés doivent être convaincus pour adhérer au message. Plus étonnant encore, il semble que les anecdotes, les plaisanteries et autres familiarités ont un effet plutôt négatif sur les actions américaines quel que soit l’horizon de temps considéré. Autant face à un public de personnes, ces plaisanteries sont de nature à détendre l’atmosphère, autant les marchés financiers peuvent y voir une distraction inutile, voire un moyen de détourner leur attention et vigilance. Ce qui prouve que les marchés financiers n’ont pas le sens de l’humour, mais ça, nous n’avions pas besoin d’une étude pour le constater.

Étude : lire
(1) “Hope, Change, and Financial Markets : Can Obama’s Words Drive the Market ?”, Centre for Economic Policy Research.


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