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3 analyses judicieuses d’Attali sur la crise

La crise, à force d’en parler, devient une sorte de bruit de fond, de contexte habituel auquel on s’habitue de force, même si l’on ne sait pas très bien vers quoi on va. C’est la raison pour laquelle il est intéressant d’avoir le regard décalé d’un intellectuel comme Jacques Attali.

La crise, à force d’en parler, devient une sorte de bruit de fond, de contexte habituel auquel on s’habitue de force, même si l’on ne sait pas très bien vers quoi on va. C’est la raison pour laquelle il est intéressant d’avoir le regard décalé d’un intellectuel comme Jacques Attali. Son dernier livre, intitulé Demain, qui gouvernera le monde ?, est bourré d’analyses judicieuses et auxquelles on ne pense pas d’emblée.

Prenez le cas de la gouvernance mondiale. Tout le monde sait que la crise est mondiale et donc, qu’il faut une réponse mondiale. Pourtant, les Chinois freinent des quatre fers à l’égard de ce pouvoir partagé. Pourquoi ? Parce que comme le dit bien Jacques Attali à nos collègues de La Tribune, “si j’étais chinois, je verrai la discussion sur la gouvernance mondiale comme une ruse des Occidentaux pour maintenir leur pouvoir”. Bref, si les Chinois freinent, ce n’est pas par arrogance mais par peur ! En même temps, ils savent qu’ils ont besoin des Etats-Unis. Et Jacques Attali ne croit pas que les Chinois veuillent le pouvoir mondial, pour l’unique raison qu’ils ont déjà trop de problèmes chez eux.

Autre réflexion originale de Jacques Attali : le retour de l’inflation a une conséquence que presque personne n’a vraiment commenté, à savoir qu’elle aggrave les différences de classes sociales. L’inflation ne porte pas sur tous les produits : les prix des produits pour les riches baissent tandis que celui des produits pour les pauvres augmente. Et comme le dit Jacques Attali, “cela coûte plus cher d’être pauvre que d’être riche. Les écrans plats, les téléphones mobiles intelligents voient leurs prix baisser alors qu’augmente le coût des dépenses obligatoires, à savoir le transport, le logement et la nourriture”.

Comme, en même temps, la concentration des richesses augmente, cela signifie que les riches ont de plus en plus de moyens pour acheter des produits dont le prix baisse, alors que c’est juste le contraire pour les pauvres !

Autre réflexion : alors que les livres sur le déclin américain sont à la mode chez les libraires, Jacques Attali n’y croit pas. Son explication tient en une phrase : les Américains sont devenus les mercenaires du monde. Aussi longtemps qu’ils accepteront de mourir pour le reste du monde, nous paierons pour maintenir le système. Ils ont la première armée du monde et on a besoin d’eux a-t-il déclaré à la presse. Autrement dit, on ne peut se permettre un effondrement américain. Ce serait tragique pour la démocratie.

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