La perfection du revers

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Roland Garros vient de se terminer. Voici un roman pour prolonger le plaisir des amateurs de la balle jaune. Un narrateur fugace – ce journaliste disparaît après quelques chapitres – retrouve dans un coin perdu de l’Uruguay, une ancienne gloire du tennis argentin, connue pour son revers à une main (comme Justine Henin). Cette curiosité dans le style ” Que sont-ils devenus ? ” fait place à l’histoire d’une petite fille qui, comme de nombreux sportifs de haut niveau, a dû grandir un peu trop vite. Manuel Soriano traite en parallèle le parcours de Patricia Lukastic et celui de son père et entraîneur Elian, fils d’immigré européen dans une Argentine en jachère. Le duo a comblé par le sport une relation blessée par l’absence de mère. Les blessures qui conduisent Lukastic à la retraite prématurée sont aussi physiques qu’intimes. S’effaçant adroitement derrière ses personnages, Manuel Soriano construit un récit dur sur les coulisses du sport, gourmand en sacrifices. S’inspirant par moments de la carrière de l’ancienne championne Gabriela Sabatini, il place son héroïne face aux grandes joueuses Graf, Seles, Davenport, nous plongeant avec le goût du détail technique dans l’ambiance du tennis des années 1990. Ceux qui n’ont que faire des détails sportifs, succombent à l’émotion et à la fine psychologie des protagonistes. Loin des courts les plus prestigieux, où le temps s’étire balle après balle, les souvenirs douloureux se noient dans le silence de l’anonymat.

Manuel Soriano, ” La perfection du revers “, éditions Actes Sud, 320 pages, 22,50 euros.

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