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Pour réduire le taux de chômage, travailler 32 heures par semaine ?

Les syndicats, déjà peu représentatifs des travailleurs, hormis dans la fonction publique et quelques grandes entreprises, ont vu récemment leur nombre d’affiliés chuter de manière significative. C’est le moment où la FGTB annonce revendiquer une importante réduction du temps de travail : elle entend passer de 38 à 32 heures par semaine. Très démagogique, elle exige le maintien des rémunérations.

Certes, connaissant l’effet désastreux des lois Aubry qui, en France, ont accru le chômage après avoir réduit la durée hebdomadaire du travail à 35 heures, le syndicat belge ne demande pas que la nouvelle norme de durée du travail soit fixée par la loi, mais bien par des conventions collectives.

Mais le résultat serait le même. L’objectif réel de la FGTB n’est pas de permettre aux travailleurs de ne prester que 32 heures par semaine. Cela n’a évidemment jamais été interdit et de nombreux travailleurs et employeurs ont fait ce choix pour eux-mêmes. Ce que le syndicat veut en réalité, c’est interdire aux employeurs de fixer la durée de travail au-delà de 32 heures, sauf en respectant les règles, assez draconiennes, applicables aux heures supplémentaires. Ce n’est donc pas une liberté de plus, mais une liberté de moins, que les syndicats proposent. Cette entrave vise non seulement les employeurs mais aussi les travailleurs qui voudraient travailler plus, pour gagner mieux leur vie. Le vieux slogan de Sarkozy ” travailler plus pour gagner plus ” relève du simple bon sens, même si l’homme politique français n’a jamais eu le courage d’en tirer les conséquences en abrogeant les lois Aubry.

Si une entreprise cherche un informaticien expérimenté et qu’il n’y en a pas sur le marché, elle n’engagera pas de nettoyeur pour le remplacer.

Le syndicat belge prétend que sa mesure permettrait de mieux concilier le travail et la vie privée, et créerait des emplois nouveaux. Le premier argument est sans doute exact pour ceux qui souhaitent travailler moins, mais ils pourraient déjà le faire aujourd’hui en optant pour un régime volontaire et individuel de temps partiel, dans le cadre d’une plus grande individualisation du temps de travail. En revanche, une réduction du chômage paraît plus qu’improbable, comme l’a montré le cas de la France où les 35 heures et la création des RTT (jours de repos supplémentaires) ont, au contraire, accru le nombre de demandeurs d’emploi.

Il est assez clair que si la réduction obligatoire du temps de travail s’accompagne d’un maintien du salaire, cela signifie que le salaire horaire augmente et que des entreprises qui étaient rentables cesseront de l’être. Elles fermeront dès lors leurs portes, se délocaliseront ou remplaceront des travailleurs par des machines, devenues plus compétitives.

C’est également une erreur de croire que les employeurs recruteront davantage pour combler le vide causé par l’absence de leurs employés six heures par semaine. Déjà aujourd’hui, et malgré le taux important de chômage, surtout en Wallonie et à Bruxelles, des entreprises ne trouvent souvent pas de personnel qualifié. Si une entreprise cherche un informaticien expérimenté et qu’il n’y en a pas sur le marché, elle n’engagera pas de nettoyeur pour le remplacer. Même si elle devait en engager six, ils ne pourront effectuer le travail de l’informaticien recherché.

Le syndicat refuse de voir la réalité, qui est que la plus grande partie du chômage est précisément causée par l’excès de normes sociales, qui dissuade les employeurs d’engager parce que ces normes accroissent le coût du travail, déjà prohibitif en Belgique. La dernière chose à faire serait de suivre le syndicat dans ses objectifs d’imposer encore de nouvelles contraintes, non seulement aux employeurs mais aussi aux salariés qui, en tout cas dans le secteur privé, ne sont pour la plupart pas membres des organisations syndicales.

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