Voir la vie en rosé !

Domaine saint-André de figuière Dans son paradis terrestre entre la Méditerranée et le Massif des Maures, la famille Combard propose différentes gammes qui ne peuvent que vous faire aimer le rosé. © Photos PG

Quand le rosé s’invite sur nos tables, c’est que les vacances ne sont pas loin ! Nous vous épargnerons ici les rosés pour la piscine ou les vins de camping. Nos dégustations ont conduit à cette sélection resserrée de magnifiques flacons pour apéritifs haut de gamme ou dignes d’accompagner vos repas de l’été. Et rassurez-vous, il y en aura pour tout le monde.

Catastrophe ! Allons-nous manquer de rosé cet été ? Cette information d’un grand quotidien économique français très largement répercuté dans la presse belge a semé la panique. Non seulement il y aurait pénurie mais, en outre, une hausse dite mécanique des prix.

Fadaises que tout cela. Il est exact que le gel de fin avril 2017 a impacté les récoltes, notamment en Provence. Il est aussi exact qu’un temps particulièrement chaud et un fort déficit hydrique ont engendré dans certaines régions une diminution de la production. Mais du vin il y en a et, en particulier, du rosé. Quasi aucun vigneron ne nous a parlé d’un véritable souci de volume mais les producteurs s’attendent à écouler toute la production, ce qui n’est pas le cas chaque année.

Quant aux prix, ils n’ont pas vraiment varié. Toute cette polémique tient au fait qu’en France, il se boit plus de rosé que de blanc et il s’en boit désormais toute l’année. En outre, la forte augmentation de l’exportation des rosés, notamment vers les Etats-Unis, fait que l’Hexagone est devenu un important importateur. C’est un peu le monde à l’envers. Cette exportation est très marquée en Provence (+38 % en 2017) où la hausse de la qualité et des packagings de plus en plus design ont poussé les prix vers le haut vu la forte demande. Mais le rosé de qualité n’est pas que l’apanage de la Provence comme la sélection qui va suivre va vous le démontrer : Loire, Sud-Ouest, Languedoc, Rhône et, même, la Belgique produisent de très belles choses qui méritent le détour.

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Au détour d’un sentier de montagne

Nous vous avons déjà parlé il y a deux ans du Château Gassier, ce magnifique domaine de 40 hectares situé au pied de la Montagne Sainte-Victoire dans la haute vallée de l’Arc au coeur du Grand Site de France Sainte-Victoire. Immortalisée tant de fois par Paul Cézanne qui la trouvait magique et fascinante, cette montagne a engendré un terroir typique et unique. Dans la très vaste étendue de l’appellation Côtes-de-Provence, quatre dénominations de terroir ont été autorisées pour marquer leur différence. Celle de Sainte-Victoire est la plus réputée et la plus qualitative. D’ailleurs, l’ambition de Gassier est de ne plus produire que sous cette appellation. Dans sa gamme, juste en dessous de l’incroyable 946, se trouve une vraie pépite appelée Pas du Moine, en référence à un sentier éponyme qui permet d’explorer le versant sud de la Montagne Sainte-Victoire. Ce Pas du Moine 2017 récolte des cotes très élevées dans tous les guides et classements. Et pour cause, voilà un rosé superbe qui magnifiera vos apéritifs mais qui, surtout, fera merveille sur des sushis, du thon ou du saumon mi-cuit ainsi que sur de nombreuses préparations asiatiques. De couleur pâle, le Pas du Moine présente des notes de litchis et de fruits de la passion. La bouche est fine et gourmande avec une belle persistance. Cet excellent rosé est disponible chez Eurowines (Woluwe-Saint-Pierre 02 772 77 06) au prix de 16,30 euros ainsi que chez Gelin Vins (Uccle 02 332 18 37 – Braine-Le- Château 02 366 91 48 – www.gelinvins.be).

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Une brise légère plutôt que du mistral

Il y a 12 ans, trois Suisses (Andreas Rihs, ancien patron de Phonak, récemment décédé, et Werner et Carmen Wunderli) sont tombés amoureux du Domaine de la Coquillade, situé au beau milieu du parc naturel du Luberon à quelques kilomètres du Mont Ventoux. Ils vont le rebaptiser Aureto qui signifie brise légère en provençal. Sous la houlette du maître de chai Aurélie Julien, ils vont complètement restructurer le magnifique vignoble dans l’optique d’en tirer la quintessence un peu endormie. Le tout dans le plus grand respect du magnifique environnement qui l’entoure. Dans le même temps, nos trois Suisses ont créé un complexe oenotouristique immergé dans le vignoble, avec un hôtel cinq étoiles et trois restaurants. Un endroit qui respire le calme et la joie de vivre. Côté vins, Aureto, à cheval sur les appellations Ventoux et Luberon (et donc dans les Côtes du Rhône) est surtout réputé pour ses vins rouges qui portent tous le nom d’un vent : Autan, Tramontane, Maestrale (mistral en corse). Pour sa foire aux vins d’été (jusqu’au 2 juillet dans les sept hypermarchés et sur corawine.be), Cora est parvenu à attirer un des rosés du domaine : Alouette by Aureto (6,89 euros pendant la foire). Voilà la toute bonne surprise en termes de rapport qualité/prix de ce mois de juin. Avec son packaging amusant, cette Alouette va aisément se laisser plumer : c’est vif et frais et avec de jolies notes de pêche. Parfait pour l’apéro. En même temps, sa profondeur et sa rondeur en font une chouette compagne de poissons grillés. Franchement, à ce prix-là, c’est une belle affaire.

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Même à Collioure

Alain Renier, l’acheteur vin de Cora, a fait une autre très bonne pioche pour sa foire aux vins d’été : Les Hauts de Paulilles 2017 (10,59 euros jusqu’au 2 juillet). Il est produit par Cazes, une maison bien connue dans le Sud-Ouest de la France, notamment pour ses rivesaltes. Créée en 1895 par Michel Cazes, elle fut l’une des premières à passer en biodynamie. En 2012, la Maison Cazes a fait l’acquisition d’un domaine aussi beau que qualitatif : Les Clos de Paulilles situés sur la route escarpée qui mène de Collioure à Banyuls-sur-Mer. Ce domaine est situé dans l’Anse des Paulilles, un endroit idyllique classé Grand Site de France. Les vins sont à la hauteur de la beauté de ce petit paradis. Et ce Hauts de Paulilles 2017 rosé ne fait pas exception. Voilà un remarquable rosé de gastronomie à prix doux. Il sera un compagnon élégant pour les salades, les viandes et poissons grillés. Après une attaque fraîche et acidulée, la bouche prend toute sa finesse et sa rondeur. Jolies notes de fruits rouges et d’agrumes.

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Un Marseillais à Cornas

Dans le Rhône septentrional, les amateurs ne jurent, la plupart du temps, que par les Côtes Rôties, Condrieu et autre Hermitage. Cornas a toujours eu la notoriété plus compliquée. Cette petite appellation de 120 hectares qui surplombe le Rhône a pourtant vu naître la syrah. C’est là, au sommet des collines, que se sont installés il y a 30 ans Jean-Luc Colombo et son épouse Anne. Son premier vignoble, dénommé Les Ruchets en l’honneur des colonies d’abeilles établies sur ces terres, produit encore aujourd’hui un remarquable Cornas. En trois décennies, Jean-Luc Colombo est devenu un personnage incontournable et parfois controversé de la vallée du Rhône, notamment en proposant ses vins dans des bouteilles bordelaises plutôt que rhodaniennes. Son domaine, aujourd’hui dirigé par sa fille Laure, s’est agrandi à Saint-Peray mais aussi sur la Côte bleue en Méditerranée, terre de son enfance. Jean-Luc Colombo y a créé en 2009 le domaine des Anthénors, référence à une calanque où, dans sa jeunesse, il aimait se retrouver avec Anne. Les Pins Couchés Rosé, en IGP Méditerranée, en est issu. Sur ce joli terroir de garrigue et d’oliviers. Colombo nous offre un chouette assemblage entre la fraîcheur du cinsault, le fruit de la syrah et les belles épices du mourvèdre. Voilà un rosé méditerranéen un peu atypique, aérien et complexe. Une belle bouteille pour surprendre vos amis. En vente chez Laurence Lardot et son bar à vin ixellois Wine Fever (02 446 02 30 – wine-fever.be) au prix de 15,15 euros.

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La Provence dans sa perfection

Même s’il nous a quittés en 2015, Alain Combard laisse derrière lui un merveilleux héritage que ses enfants perpétuent. Cofondateur de la fameuse maison Laroche à Chablis, c’est dans sa Provence natale qu’il va imposer sa marque des grands. Cela fait longtemps que les vins du Domaine Saint André de Figuière nous plaisent plus que de raison. Alain Combard était persuadé qu’un vin rosé de Provence pouvait devenir l’équivalent d’un grand blanc de Bourgogne. Il suffit de goûter sa gamme pour en être totalement persuadé. Dans son paradis terrestre entre Toulon et Saint-Tropez, en face de l’île de Porquerolles, entre la Méditerranée et le Massif des Maures, la famille Combard propose différentes gammes qui ne peuvent que vous faire aimer le rosé. Tout le domaine est en bio depuis 40 ans ! Alors, comme tout est bon chez Combard, le choix est cornélien. On avoue un gros faible pour le Magali 2017 dans la gamme Signature, des vins de plaisir qui portent le nom des trois enfants du domaine. Que l’on ne s’y trompe pas, si ce n’est pas le haut de gamme de chez Combard, c’est un vin particulièrement élégant et profond. Une vraie belle réussite. Un rosé souple et frais et profond à la fois. Cette pépite est disponible auprès des Vins Pirard (067 77 31 01 – www.vinspirard.be) au prix de 11,90 euros. On en profite pour glisser que Simon et Emmanuel Pirard viennent de rentrer une nouvelle cuvée d’un autre domaine qu’on aime beaucoup : le Château Lalis en Corbières. Essayez donc ce GR36, du nom du sentier de grande randonnée qui passe dans le vignoble de Philippe Estrade.

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Sur la voie Domitienne

Et puisque nous y sommes, ne quittons pas les Corbières. Pour découvrir une autre belle surprise de cette dégustation des vins d’été. Depuis 2004, la famille Allard, des assureurs français, est propriétaire d’un superbe et gigantesque domaine au coeur de ce massif du sud de la France : le Château de Lastours. Il tire son nom d’un ancien castrum romain, le Castrum de Turribus qui surplombait la fameuse voie Domitienne reliant Narbonne à l’Espagne. Ce Château de Lastours – 850 hectares de collines escarpées et canyons bien encaissés – dispose d’un magnifique vignoble en terrasses où les propriétaires ont tout naturellement privilégié les cépages locaux comme la syrah, le carignan, la grenache, le mourvèdre, le cinsault. Réputé pour ses rouges, le domaine nous a épatés avec son Château de Lastours rosé 2017 en AOC Corbières. Une cuvée qui allie fraîcheur et complexité, légèreté et profondeur. Un rosé très aromatique à la bouche ample et élégante qu’on réservera à la table pour accompagner les grillades, les charcuteries et les salades folles de l’été. Ce Château de Lastours rosé 2017 est disponible chez Cinoco (02 412 70 60) au prix de 9,50 euros.

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Des vignes et des arbres

Reuilly fait partie des belles appellations du Centre Loire. Elle est malheureusement beaucoup moins connue que Sancerre, Quincy ou Menetou-Salon, les autres dénominations du Berry. C’est un tort car l’AOC Reuilly produit de très jolies choses. Et notamment, en exclusivité pour le Val de Loire, des rosés composés à 100 % de pinot gris, un cépage dérivé par mutation du pinot noir. Denis Jamain a repris en 1990 le domaine initié en 1935 par Camille Rousseau, son grand-père maternel. Amoureux de la nature et de son terroir, il a d’abord converti son domaine en bio avant de passer à la biodynamie en 2011. Denis gère aussi une remarquable forêt familiale qui est mondialement réputée pour la production de merrains de chêne qui servent à la fabrication des barriques. Il peut ainsi sélectionner les meilleurs arbres pour accompagner la vinification de ses cuvées. Dans ce contexte, inutile de préciser que son Reuilly Les Fossiles Rosé 2017 est une pure merveille. Denis Jamain prône une vinification la plus naturelle possible et cela se ressent. Son rosé est d’une belle minéralité. C’est frais, net et tendu et d’une remarquable richesse aromatique. La bouche est ample et se distingue par des notes d’abricot et de pêche. Cette bouteille originale est en vente à la maison Brunin-Guillier (Gaurain-Ramecroix – 069 54 61 39 – vinsbrunins.com) au prix de 12,90 euros.

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La patronne mondiale du rosé

Quand on visite des domaines dans le sud de la France, notamment ceux situés près de la mer, il n’est pas rare de tomber sur des petits canaux d’assainissement ou d’irrigation. Ce sont les roubines. Alors parler de rosé sans un jour évoquer le Château Roubine est quasiment impossible. Son propriétaire, Valérie Rousselle, est un personnage hors du commun. Fille d’André Rousselle, personnage bien connu de Saint-Tropez et fondateur du Kon Tiki, le camping de luxe, et du Bora Bora, la célèbre plage-restaurant, elle est tombée raide dingue du domaine en 1994. Ce grand cru classé des Côtes de Provence (il y en a 18) était en pleine déconfiture et Valérie Rousselle n’y connaissait quasi rien en viticulture. Qu’à cela ne tienne, en presque 25 ans, elle a redressé le domaine et en a fait une valeur plus que sûre. Mieux même, elle est devenue la première présidente de l’Organisation Internationale du Rosé et a créé le premier Rosé Day qui se déroulera dans le monde entier le 22 juin prochain. Alors est-ce bon le Château Roubine ? Bien sûr, il propose de nombreuses cuvées pour toutes les bourses et pour tous les secteurs de la distribution. Nous, on adore la Cuvée Premium 2017 et ses sept cépages (grenache, cinsault, cabernet sauvignon, carignan, tibouren, syrah et mourvèdre). Ce rosé bio a une classe folle et une élégance rare. Avec de jolies notes de framboise, de pêche, de groseille. Ce rosé de gastronomie est disponible chez Rob (Woluwe-Saint-Pierre – 02 771 20 60) à 19,75 euros et chez Sud Vin (Braine-L’Alleud – 02 387 51 14) au prix de 20,50 euros.

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Et si on buvait belge ?

Depuis quelques années, notre pays monte sérieusement en gamme. Et si les domaines belges, météo oblige, sont surtout connus pour leurs bulles (Ruffus, Chant d’Eole, Bacquaert, Schorpion) et leurs vins blancs (notamment la merveilleuse Batte de la Reine du Château de Bioul), le rosé n’est pas oublié. Alors évidemment, chez nous, pas de cinsault, de syrah, de grenache ou de mourvèdre. Les rosés belges sont plus sur la fraîcheur, l’acidité et le fruité. Le Château de Bioul produit un rosé appelé les Houillères. Son millésime 2015 que nous avons dégusté se rapprochait fort d’un bordeaux clairet. C’est sec, gourmand et très minéral. On a beaucoup aimé le Rosé des Béguines 2015 du Domaine de Mellemont . Il pinote bien et sa jolie bouche fraîche accompagnera agréablement les fruits de mer et les poissons crus. Enfin, le domaine Kluisberg, l’un des premiers fondés en Belgique à Assent dans le Brabant flamand, a planté récemment du merlot. La famille Vanlaer vient d’en sortir son premier Rosé Merlot 2017. Une belle surprise. Ces trois vins, ainsi qu’une très belle collection de vins belges, sont disponibles chez John Collijs (0470 62 91 60 – www. lesvinsbelges.be).

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