“La Wallonie peut s’attendre à d’autres bonnes nouvelles de Chine”

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L’arrivée d’Alibaba et, peut-être, d’un constructeur automobile chinois en Wallonie, c’est le résultat d’une longue stratégie régionale, explique Michel Kempeneers, COO Overseas de l’Awex et fin connaisseur de l’économie chinoise.

Cainiao, la filiale logistique d’Alibaba, va s’installer à Liège et le fabricant de voitures électriques Thunder Power pourrait venir sur l’ex-site de Caterpillar à Gosselies. Qu’est-ce qui explique cet emballement soudain des entreprises chinoises pour la Wallonie ?

Dix ans de travail sur la Chine, tant de notre part que du côté de l’aéroport, des incubateurs et de divers acteurs économiques, ai-je envie de répondre, au risque d’apparaître un peu présomptueux.

Nous avons suivi l’évolution à la fois technologique et géopolitique de la Chine. Elle arrive sur les marchés occidentaux avec des technologies prêtes et à un moment où, avec la nouvelle route de la soie, le pays veut se développer vers la Russie et l’Europe Nous voyons aujourd’hui les résultats de cette stratégie.

Si cela vient d’une stratégie à long terme, peut-on en déduire que d’autres investissements pourraient suivre ?

Nous pouvons en effet nous attendre à d’autres bonnes nouvelles provenant de Chine dans les prochains mois. A partir du moment où des grands noms s’engagent, cela génère un effet d’entraînement.

Depuis plus de 20 ans, les gouvernements successifs chez nous ont misé sur la logistique. On en récolte aujourd’hui les fruits. Si l’aéroport de Liège a été retenu, c’est parce qu’il est accessible 24h/24, sept jours sur sept et que son fonctionnement n’est pas trop perturbé par les flux de passagers.

Quand elles investissent à l’étranger, les entreprises chinoises n’ont-elles pas tendance à fonctionner en vase clos, limitant ainsi les impacts en cascade de leurs activités sur le tissu local ?

Nous n’avons plus affaire à des sociétés qui sortent de Chine pour la première fois mais à de véritables groupes internationaux, avec des dirigeants de toutes les nationalités. Quand ils ont racheté Volvo, ils n’ont pas mis tous des Chinois à la tête de l’entreprise.

De par leurs options politiques, ils ont un grand respect des plans économiques gouvernementaux. Je le vois au CBTC (incubateur chinois) de Louvain-la-Neuve : les entreprises chinoises aiment montrer qu’elles s’inscrivent dans des programmes publics cohérents et à long terme. Ils ne viennent évidemment pas pour le marché belge mais parce qu’il y a un écosystème accueillant, sans réticences à leur égard, et à partir duquel elles peuvent rayonner sur le marché européen. Je suis convaincu qu’il y aura chez eux la volonté de s’intégrer dans des structures du type des pôles de compétitivité, dans des filières où la Wallonie dispose d’entreprises leaders. Les Chinois ne viennent pas ici pour faire des centres de réduction de coûts mais pour développer des centres de bénéfices. Et ils veulent ces bénéfices assez rapidement.

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