Pourquoi le leader mondial des services facilitaires mise sur le big data

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Jérémie Lempereur Journaliste Trends-Tendances - retail, distribution, luxe

Avec des capteurs installés dans les entreprises, le géant danois des services facilitaires, autrement dit des services de gestion et de maintenance des installations, mise à fond sur l’analyse de données. Objectif : adapter ses prestations en temps réel pour éviter les déperditions en temps et en énergie et ainsi réduire les coûts.

” Le hardware n’est pas notre métier (le marché nous offre suffisamment de possibilités) mais le software et l’interprétation des données seront notre core-business à l’avenir. ” Ces mots, ce sont ceux de Kris Cloots, CEO d’ISS Belux. Vous savez, le groupe qui gère la cantine de votre entreprise ou qui assure le nettoyage de votre bureau…

ISS, le géant danois des services facilitaires, ne jure plus désormais que par l’ activity-based facility management. Comprenez par là : des prestations adaptées en temps réel à l’activité des collaborateurs. ” Pour pouvoir proposer le soutien le mieux adapté à un coût acceptable, nous avons besoin de données en temps réel nous indiquant la manière dont un bâtiment est utilisé “, explique le patron. Afin de collecter ces données, ISS a déployé toute une série d’outils, comme des capteurs et des cartes personnelles pour chaque employé.

Des capteurs pour éviter le nettoyage inutile

Kris Cloots
Kris Cloots ” Nous n’allons jamais à l’encontre du respect de la vie privée. “© PG – KAREL DUERINCKX

Placés dans les distributeurs, machines à café, toilettes et distributeurs sanitaires, les capteurs avertissent quand un nettoyage ou un réapprovisionnement est nécessaire. ” Avant, tout était planifié, explique Kris Cloots. Notre préposé devait faire son tour tous les matins pour vérifier que rien ne manquait. Ici, il ne lui est désormais plus nécessaire de se déplacer pour rien. ” Les capteurs peuvent aussi compter le nombre de personnes dans une pièce, ce qui donne un aperçu des postes de travail et des salles de réunion qui ne sont pas utilisés durant la journée et qui ne nécessitent donc aucun nettoyage.

Chez ISS, on explique que cela doit permettre d’adapter à la fois la charge et le programme de travail en transformant certaines tâches journalières en tâches périodiques. ” Il s’agit de simples détecteurs de mouvement, précise en outre notre interlocuteur. A aucun moment, on ne sait qui est présent dans la pièce, à moins que la salle de réunion n’ait été réservée à l’avance. Dans ce cas, le nom de la personne est connu du système. ” Concernant les flex desks, les bureaux libres, impossible de savoir qui y travaille. ” Cela pourrait être rendu possible avec de petits lecteurs, reconnaît le CEO. Mais aujourd’hui, le système de détecteurs situés en dessous des bureaux ne font que détecter qu’une personne est assise, grâce à la chaleur humaine, sans savoir de qui il s’agit. ”

Prévoir les plats à préparer

Outre ces capteurs, le spécialiste des services propose aussi une carte à chaque membre du personnel. Cette carte, qui peut être rechargée, permet d’accéder au bâtiment, d’imprimer des documents, de payer aux distributeurs ou de régler ses repas au restaurant de l’entreprise. Autre innovation : la reconnaissance du numéro de plaque de chaque voiture, donnant un accès automatique au parking.

Ce système, dit le groupe, doit permettre d’avoir un aperçu du nombre de collaborateurs et visiteurs présents dans le courant de la matinée en vue de prévoir de manière plus précise le nombre de plats à préparer en cuisine. L’innovation a donc pour but de faciliter la préparation des repas. ” Sur 100 personnes présentes dans l’entreprise, on peut ainsi, par exemple, savoir que 60 d’entre elles mangent à la cantine, et que sur ces 60 personnes, 20 prennent un repas chaud, 20 un repas froid, et les 20 dernières un sandwich “, précise Kris Cloots.

Reste qu’il est légitime de se demander si un tel système ne s’apparente pas à une forme de pistage des collaborateurs. ” Cela permet de suivre leurs activités, reconnaît le patron. Nous n’allons jamais à l’encontre du respect de la vie privée. Mais sur le lieu de travail, nous ne sommes pas dans la sphère privée : l’employeur a le droit de contrôler certaines choses… ”

Pourquoi le leader mondial des services facilitaires mise sur le big data

Intégrer les données de millions de capteurs

Après avoir collecté cette foule de données, ISS doit pouvoir les traiter. ” Les données sont une chose, mais nous avons aussi besoin d’algorithmes afin de pouvoir les interpréter “, précise notre interlocuteur. Pour ce faire, le géant du facility management a conclu un partenariat commercial avec IBM et sa plateforme Watson Internet of Things.

ISS va ainsi pouvoir intégrer les données de millions d’appareils et de capteurs pour portes, fenêtres, chaises, salles de conférence, distributeurs et systèmes de climatisation. ” Une information en temps réel, couplée à des analyses automatiques, peut guider le travail journalier, assure Kris Cloots. Des analyses à plus long terme peuvent nous permettre d’établir des standards en matière d’utilisation des bâtiments et contribuer ainsi à un meilleur planning et davantage de pro-activité. Avec sa plateforme Watson, IBM est mondialement au top de l’analyse de big data et d’intelligence artificielle. De plus, IBM a la capacité territoriale et la force de frappe nécessaire pour soutenir et optimaliser nos prestations de services chez nos gros clients au niveau mondial. Le but recherché est un meilleur service et donc, une loyauté plus importante de la part de nos clients. “

S’adapter aux nouvelles conditions de travail

Télétravail, nomadisme, nouvelles attentes des générations Y et Z, etc. Autant d’évolutions qui bouleversent le monde de l’entreprise et auxquelles un groupe comme ISS doit évidemment s’adapter. ” Si le télétravail fait qu’il y a peut-être moins de postes de travail, l’intensité du nettoyage est supérieure, assure Kris Cloots, CEO d’ISS Belux. Dans un système de flex desks, il faut nettoyer les bureaux dès que le collaborateur est parti. C’en est fini de la femme de ménage qui s’en va avant que la journée ne commence. Les prestations de jour sont beaucoup plus courantes et une interaction se crée entre les employés et le personnel de nettoyage, ce qui est une bonne chose dans le sens où cela apporte une certaine reconnaissance. ”

Ces nouvelles manières de travailler ont également une influence sur les cantines – oups, pardon, les restaurants d’entreprise… Ces derniers doivent proposer une plage d’ouverture beaucoup plus large. ” Le restaurant devient de plus en plus commercial, explique le CEO. Il doit offrir de la variété à tout moment et permettre aux collaborateurs de commander leur repas à l’avance. En outre, il faut pouvoir visualiser l’origine et la composition des produits. ” Chez ISS, on propose un petit-déjeuner, un lunch et un plat à emporter dans le courant de l’après-midi. Les employés peuvent même commander leur souper via une application. Une montée en gamme qui s’explique par une concurrence toujours croissante. ” Par le passé, la cantine était vue comme une obligation pour une entreprise, explique notre interlocuteur. Tout le monde y venait. A présent, il faut convaincre le consommateur car nous sommes en compétition avec l’extérieur. ” Alors qu’il est aujourd’hui très facile de se faire livrer un repas au boulot, le restaurant d’entreprise doit plus que jamais se réinventer pour rivaliser.

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