“Il faut conserver une réserve foncière pour les PME wallonnes”

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La Wallonie n’a pas réussi à proposer à Apple un terrain de 100 hectares en Province de Liège. La nouvelle a lancé la polémique sur la disponibilité des terrains en Wallonie. Caroline Decamps, directrice générale de l’intercommunale hainuyère IDEA, partage son point de vue.

1. Il semble que la Wallonie n’a pas réussi à proposer à Apple un terrain qui lui convienne pour installer son ” data center “. Selon vous, cela signifie-t-il que l’on manque de terrains pour accueillir de gros investisseurs étrangers ?

Non, des terrains en zone industrielle de plus de 15 hectares, il y en a. Rien que sur mon territoire, j’en ai plusieurs, un peu moins de 10. On sent une reprise économique majeure et ils font l’objet de demandes, certaines plus formelles que d’autres. Donc il est indispensable d’avoir une approche anticipative et de ne pas attendre qu’on n’en ai plus assez, car un zoning industriel met entre 10 et 15 ans à sortir de terre. Heureusement, on anticipe déjà. Et tous les ans, des terrains se libèrent et peuvent être mobilisés. Il faut arriver à un bon mix entre des terrains industriels qui doivent être dépollués avant d’être réattribués – cela a un coût – et des terrains agricoles qui sont affectés en zones industrielles. Mais globalement, il y a en Wallonie une réserve foncière en zone industrielle. La grande question à se poser reste de savoir : quel est l’objectif de la Wallonie ? Vendre des terrains ou créer de l’emploi ?

2. C’est vrai, mais la Wallonie s’était pourtant tellement félicitée d’avoir réussi à attirer Google à Ghlin pour installer un… ” data center “. Ce qui n’est, on le sait, pas l’activité qui génère le plus d’emplois…

Aujourd’hui, dans le Hainaut, le data center de Google représente 350 emplois sur 45 hectares. Et je ne parle que des emplois directs. Quand un gros investisseur s’installe, ses projets se développent généralement en plusieurs phases et répondent à des obligations au niveau de l’emploi qui sont d’ailleurs prévues dans l’acte notarié. Le data center de Google en est à sa troisième phase. Dans le cas d’Apple, on parlait de 100 emplois pour 100 hectares. On ne peut pas dire que le ratio un emploi par hectare soit tellement bon. A côté des grands noms, il ne faut pas oublier qu’il faut conserver une réserve foncière pour toutes les PME et TPE qui forment le tissu économique de la Wallonie, et qui sont essentielles.

3. Apple voulait visiblement s’installer dans les alentours de Liège. On lui a proposé des terrains dans la région de Charleroi. Est-ce que les terrains disponibles sont bien répartis ?

De mon expérience, un géant américain est moins concerné par la proximité d’une frontière avec un pays voisin qu’un industriel local, dont une partie du marché se trouve dans un pays limitrophe par exemple. Et quand un investisseur fait son choix, généralement, c’est la Wallonie dans son ensemble qui est mise en concurrence avec d’autres régions. Parce que des tas de facteurs entrent en ligne de compte, notamment au niveau de la main-d’oeuvre disponible, des niveaux de salaires, etc. Or la Wallonie a déjà montré qu’elle était capable d’attirer de grands noms…

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