Pour investir dans l’écologie, il faut être sélectif

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Les performances sont très disparates entre les bons et les moins bons élèves.

Avec une performance moyenne proche de 10 %, les fonds exposés sur les thématiques écologiques ont enregistré une excellente performance depuis le début de l’année, en dépit de la décision de Donald Trump de sortir de l’accord de Paris sur le réchauffement climatique. Et pour les neuf fonds disposant d’un historique de performance supérieur à cinq ans, la progression annualisée atteint même une moyenne annuelle de 12,6 %.

Mais contrairement à d’autres classes d’actifs où les performances sont toujours très resserrées, les écarts peuvent aller ici du simple au double entre les meilleurs et les moins bons élèves, soit de 16,4 à 8,5 % en performance actualisée sur une période de cinq ans. A noter que la quasi-totalité de ces produits se voit néanmoins attribuer au moins trois étoiles chez Morningstar, ce qui signifie qu’ils ont généralement dégagé une très bonne performance ajustée par le risque par rapport aux autres fonds globaux.

Climat nordique

En tête du classement, nous trouvons le fonds Nordea 1 – Global Climate Change and Environment, qui a dégagé une performance supérieure à 16 % annualisés sur les cinq dernières années, avec toutefois une volatilité qui est également parmi les plus élevées sur ce groupe de produits. Son cogestionnaire, Henning Padberg, était récemment de passage à Bruxelles pour présenter les récents développements dans la stratégie du fonds. ” Nous cherchons à investir dans les sociétés qui vont fournir des solutions afin de mettre notre monde sur la bonne voie, en nous basant sur l’hypothèse que le marché éprouve généralement des difficultés à analyser correctement les flux de trésorerie futurs de ces sociétés. ”

Le fonds propose une allocation concentrée sur 40 à 60 lignes, basée sur l’expérience d’une équipe qui travaille ensemble depuis huit ans. ” Le plus important est que les fondamentaux économiques de nos investissements se suffisent à eux-mêmes. Pour cette raison, nous n’investirons pas dans des segments dont la survie dépend d’importants supports financiers de la part des pouvoirs publics, un modèle qui a prouvé sa grande fragilité par le passé. Notre portefeuille est axé autour de trois grands thèmes stratégiques : la meilleure utilisation des ressources (qui représente 70 % des actifs sous gestion), la protection de l’environnement (25%) et dans une moindre mesure les énergies alternatives (5%) “, ce dernier segment étant traditionnellement le plus dépendant des financements publics.

Exemples

” Lorsque les fondamentaux économiques et les enjeux environnementaux vont de pair, il est possible de trouver les meilleures opportunités d’investissement, souligne Henning Padberg. Et nous pensons d’ailleurs que de nombreuses thématiques environnementales ont aujourd’hui atteint un point d’inflexion, ce qui va renforcer la dynamique économique de nombreuses entreprises exposées sur ces thématiques. Nous visons également à nous positionner le plus tôt possible afin de profiter au maximum du potentiel de ces thèmes émergents. ” Parmi les exemples de sociétés dans lesquelles Nordea 1 – Global Climate Change and Environment va investir, Henning Padberg cite notamment Rational, un groupe qui fournit des fours industriels pour les cantines, et qui permet d’économiser jusqu’à 70 % sur la facture d’électricité.

Ansys est un autre nom qui fournit des solutions dans le monde actuel, en proposant un logiciel qui va permettre de réduire fortement le gaspillage des ressources tout en augmentant l’efficacité des entreprises sur des secteurs aussi divers que l’industrie aérospatiale ou l’instrumentation médicale. ” Nous apprécions également Waste Management, l’action de cette société auprès d’une mine du groupe Alcoa permettant de récupérer 20 à 25 tonnes d’oxyde d’aluminium chaque semaine, ce qui permet de transformer des déchets industriels en profit “, indique Henning Padberg.

Pour investir dans l'écologie, il faut être sélectif

Portefeuille diversifié

” Investir dans un groupe comme Infineon Technologies (2,5 % des actifs sous gestion) va également permettre de s’exposer sur la thématique de la réduction des émissions dans l’industrie automobile, sans prendre de pari sur le constructeur qui sortira vainqueur de cette bataille “, ajoute le gestionnaire. Les plus grandes positions du portefeuille pèseront entre 3 et 4 % des actifs sous gestion, avec des noms tels qu’Ecolab, Johnson & Johnson Controls ou Red Electrica.

” Notre portefeuille est concentré, mais sans avoir un poids trop important dans l’une ou l’autre société afin de ne pas être pénalisé si une société sous-performe lourdement, souligne encore Henning Padberg. Le poids d’une position dépendra en partie de sa contribution au risque total. Nous appliquerons également un filtre de liquidité qui va exclure une société si nous ne sommes pas en mesure de liquider la position sur une dizaine de jours. ”

Plus une niche

La résultante sera un portefeuille qui sera fortement exposé sur les petites et moyennes capitalisations industrielles et technologiques, avec un poids important (plus de 75 % des actifs sous gestion) sur les marchés développés. ” Le faible poids de l’Asie s’explique par des raisons de gouvernance, et ces sociétés ne sont souvent pas aussi innovantes que leurs concurrents dans les pays développés. ”

Henning Padberg souligne enfin que son univers d’investissement est aujourd’hui composé de plus de 1.100 sociétés affichant une capitalisation boursière supérieure à 5 milliards de dollars. ” Le secteur de l’écologie n’est définitivement plus un marché de niche, conclut-il, et l’étendue des thématiques d’investissement sur lesquelles il est possible de s’exposer est désormais très large. ”

Philanthropie

A la deuxième place du classement des fonds spécialisés dans l’écologie, nous trouvons le fonds Quest Cleantech Fund. Le fonds, géré par Yves Vaneerdewegh chez Capricorn Venture Partners, ressort même en tête du classement sur une période de trois ans. C’est surtout depuis le début de l’année 2017 que ce produit a creusé l’écart sur ses concurrents, avec une progression de 19 %, soit près du double de la moyenne de l’ensemble des fonds de cette catégorie, notamment grâce aux performances soutenues de l’allemand Nabaltec (producteur de matériaux spécialisés qui a grimpé de 92 % depuis le début 2017) ou du néerlandais ForFarmers (leader européen dans l’alimentation animale, en progression de 68 % en 2017).

Ce produit est proposé en Belgique par le distributeur philanthropique Funds for Good, une société qui vise à générer un impact sociétal positif en reversant une partie des commissions de gestion dans une fondation afin de soutenir la réinsertion économique. Quest Cleantech Fund est notamment accessible aux investisseurs retail via les produits d’assurance de branche 23 proposés par Generali.

Comme son concurrent nordique, le fonds investit dans les sociétés qui permettent une utilisation plus responsable de ressources naturelles comme l’énergie, l’eau ou l’air. Beaucoup plus concentré avec 25 lignes en portefeuille, il propose une exposition directe sur quelques sociétés belges actives dans cette thématique, comme Umicore (batteries rechargeables) ou Jensen Group (machines à laver industrielles plus économiques). Ces deux sociétés pèsent environ 5 % des actifs sous gestion. En outre, le fonds est très largement exposé sur les actions européennes (91%), les Etats-Unis représentant le solde des actifs sous gestion.

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