L’islam, c’est aussi notre histoire

© Philippe Cornet

Trois niveaux de l’Espace Vanderborght à Bruxelles racontent les rapports de l’islam et du continent européen, bien avant les années 1960.

Dans la salle du rez-de-chaussée, trône un taxi qui a déjà dû bourlinguer, vu son état de fraîcheur amortie. Une possible métaphore des migrations arabes vers le Vieux Continent. C’est aussi une façon de remettre cette question dans l’époque contemporaine, alors que l’expo conçue par la société belge Tempora – responsable des récents The World Of Steve McCurry et 21 rue La Boétie – présente les 13 siècles de cohabitation entre l’islam et l’Europe depuis la conquête de la péninsule Ibérique au VIIIe s. Elle durera huit siècles, incarnant une possible cohabitation entre juifs, chrétiens et musulmans. Une cohabitation pas toujours pacifique, comme l’expose le parcours historique au deuxième étage de l’Espace Vanderborght. Mais ces religions partagent davantage de conceptions philosophiques qu’il n’y paraît. Au-delà des documents, des objets, des graphiques, le mérite majeur de l’expo est d’analyser l’actuelle présence musulmane, remise en question par la crise économique persistante et le terrorisme. L’impression un rien scolaire du dispositif s’efface au premier étage consacré à l’expression artistique contemporaine. On remarque le travail du Français Naji Kamouche qui confronte les stéréotypes de l’orientalisme – tapis, babouches – à des éléments occidentaux, dans un bel élan poétique, ainsi que les photographies ironiques sur le port du voile de la Yéménite Boushra Almutawakel. Mais la création la plus forte est signée du Danois Nikolaj Bendix Skyum Larsen : pour incarner les flots mortels de migrations méditerranéennes clandestines, il propose une installation en quatre écrans et huit canaux sonores dans une pièce occultée où une poignée de sculptures – rappelant les housses mortuaires – gisent sur le sol. L’effet est saisissant et persistant.

A l’Espace Vanderborght à Bruxelles jusqu’au 21 janvier, www.expo-islam.be

Par Philippe Cornet

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