La France gérée comme une start-up ? Un retour à l’ère soviétique

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Amid Faljaoui

” Je veux faire de la France un pays qui réfléchisse et agisse comme une start-up “, tweetait Emmanuel Macron dans le cadre du salon VivaTech le 15 juin dernier. Mais, si l’idée peut paraître sexy, la réalité l’est beaucoup moins.

Pourquoi ? Parce que 90 % des start-up meurent au cours des cinq premières années, leur modèle économique étant à haut risque financier. Et si elles peuvent se le permettre (leurs dirigeants iront tenter leur chance ailleurs), ce n’est pas le cas de la France.

De plus, une start-up est gérée en fonction des intérêts des actionnaires et des fonds qui ont mis quelques billes dans son capital, alors que le président de la République est le garant de l’avenir de plus de 67 millions de Français.

Autre différence notable : si, dans le monde des start-up, on a pour habitude d’agir vite et de briser les codes, une nation se doit de tenir compte des acquis sociaux, de la culture du pays, de la cohésion nationale, du vivre ensemble.

Enfin, si les start-up tentent par tous les moyens d’avoir le monopole pour leur produit ou service, un pays doit jouer la carte de la coopération, de la collaboration économique. Sans quoi des projets aussi grandioses qu’Arianespace ou Airbus n’auraient d’ailleurs jamais vu le jour.

Bref, un chef d’Etat a un rôle infiniment plus compliqué que celui d’un chef d’entreprise. Ce que doit faire la France en fait – ainsi que la Belgique -, ce n’est pas de se substituer aux start-up mais de permettre leur émergence. Le rôle de l’Etat, c’est de donner le cadre légal et les infrastructures pour que l’esprit d’entreprise puisse s’épanouir. Agir dans le cas contraire nous renverrait paradoxalement à l’époque soviétique, où l’on croyait que l’Etat était plus malin que les entrepreneurs et qu’il savait ce qu’il fallait faire pour le bien public. La faillite de l’URSS a démontré que c’était une illusion à l’époque. La faillite du Vénézuela aujourd’hui montre que la démonstration reste valable.

Amid Faljaoui

Un chef d’Etat a un rôle infiniment plus compliqué que celui d’un chef d’entreprise et a fortiori du patron d’une start-up.

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