PwC élargit ses horizons et se lance dans le conseil stratégique

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Le Big Four déploie chez nous sa marque Strategy&, nouvelle gamme de services en conseil stratégique centré sur l’innovation. Objectif : concurrencer les ténors du marché que sont les McKinsey et consorts.

Strategy&. Difficile de la louper. La marque s’affiche en toutes lettres dès l’entrée du site de PwC, boulevard de la Woluwe, à Bruxelles. Derrière elle se cachent les nouveaux services de conseil stratégique du grand groupe international d’audit (223.000 personnes dans 157 pays), et sociétaire du club très fermé des fameux Big Four (avec Deloitte, EY et KPMG).

Comme l’explique Axel Smits, patron de PwC pour la Belgique, la nouvelle offre vise à être présent aux côtés des clients sur le terrain, plutôt que de se limiter à leur prodiguer des conseils et des recommandations : “L’idée est de fournir des services allant du développement de stratégie jusqu’à leur mise en place. Le monde est aujourd’hui plus incertain que jamais. Les entreprises font face à des menaces sans précédent et veulent non seulement disposer d’une bonne stratégie mais aussi être en mesure de l’exécuter. D’où l’importance de rester proche d’elles tout au long de ce trajet.”

Booz & Company

Axel Smits, patron de PwC pour la Belgique:
Axel Smits, patron de PwC pour la Belgique: “L’idée est de fournir des services allant du développement de stratégie jusqu’à leur mise en place.”© PG

A l’origine de ce nouveau service, il y a le rachat par PwC en 2014 de son concurrent américain Booz & Company, cabinet spécialisé dans le conseil en stratégie. Une acquisition à l’issue de laquelle le nom de Booz & Company a disparu pour faire place à la toute nouvelle identité Strategy& (prononcer Strategy and). Avec comme objectif pour PwC de directement entrer en concurrence avec les ténors du secteur que sont les McKinsey et autres BCG. D’où cette marque Strategy& qui apparaît de manière distincte aux côtés du logo de PwC.

D’un autre côté, il faut savoir que Booz & Company était présent aux Pays-Bas, en Allemagne et en France, mais pas en Belgique, où PwC apportait précédemment à ses clients un soutien stratégique au départ de son réseau mondial. Déploiement international oblige, il existe depuis le début de l’année un bureau Strategy& à part entière chez nous. “Ensemble, poursuit Axel Smits, PwC et Strategy& offrent désormais également en Belgique tout ce dont les clients ont besoin, et cela sous un seul toit : une expertise de pointe en conseil stratégique doublée d’une expérience prouvée dans l’exécution et un réseau mondial solide.”

L’innovation à l’honneur

Pour développer ce nouveau business en Belgique, PwC a recruté un ancien associé d’Accenture et consultant chevronné en la personne de Fernand Dimidschstein. Ce dernier a rejoint PwC Belgium en début d’année, fort de presque 30 ans d’expérience dans le conseil en gestion et la banque d’investissement. Avant de rejoindre Strategy&, Fernand Dimidschstein a en effet occupé divers postes de direction chez Accenture, JP Morgan et BNY Mellon. Ses principaux domaines d’expertise sont la transformation digitale, l’innovation dans les domaines de la finance (fintech) et de l’assurance (insurtech), les stratégies omnicanal ainsi que l’automatisation des processus via la robotique. La raison de ce profil porté sur les nouvelles technologies pour diriger la nouvelle entité ? “Nous voulons mettre l’accent sur le domaine des stratégies d’innovation au sens large, c’est-à-dire la transformation digitale, les partenariats stratégiques cross-industrie ainsi que les technologies d’intelligence artificielle et d’automatisation de processus via la robotique, explique le principal intéressé. Le monde digital abat les barrières. Les stratégies d’entreprise sont aujourd’hui des stratégies digitales, elles doivent d’abord être pensées dans l’univers numérique, il faut mettre en place des stratégies de type écosystèmes pour pouvoir faire face à une concurrence qui n’existait pas jusqu’ici : comment réagir par exemple à Apple qui débarque dans les paiements avec Apple Pay ; comment créer une nouvelle expérience-client ; quels nouveaux services innovants proposer ; comment au départ d’un produit classique faire d’autres choses grâce aux nouvelles technologies ; etc. ?” Quant à l’Internet des objets et au big data, “ils vont permettre aux entreprises de s’organiser totalement différemment, souligne Axel Smits. Par exemple, nous développons des apps de type B to B to C qui aident les employés de nos clients à gérer leur administration fiscale dans un monde digital de manière plus simple et pragmatique.”

Avoir accès au CEO

Fernand Dimidschstein, responsable de Strategy& pour la Belgique:
Fernand Dimidschstein, responsable de Strategy& pour la Belgique: “Un CEO qui pense innovation, doit penser Strategy& et PwC.”© PG

Que le cabinet se positionne ainsi sur le créneau de la révolution numérique n’est pas un hasard. “L’innovation n’est pas seulement une bonne thématique pour établir la marque Strategy& sur le marché belge, c’est aussi un moyen pour avoir accès au CEO et au comité de direction d’une entreprise, ce qui était jusqu’ici moins le cas pour nous que pour d’autres acteurs du secteur, poursuit Axel Smits. Comme un CEO ne peut plus ignorer la stratégie fiscale de l’entreprise qu’il dirige, il n’est pas imaginable qu’il ne soit pas au courant de sa stratégie numérique, surtout dans le monde financier. A l’inverse, une entreprise peut très bien avoir une stratégie digitale parfaite mais risquer des ennuis si sa stratégie fiscale ne tient pas la route. Ne serait-ce que parce que déterminer l’endroit où la valeur ajoutée est créée devient très difficile dans le monde numérique.” Autrement dit, “un CEO qui pense innovation, quel que soit son secteur d’activité, doit penser Strategy& et PwC”, embraie Fernand Dimidschstein, qui ajoute que l’idée est aussi d’être très concret : “Nous sommes en train de développer une gamme de services pour aider nos clients à se connecter aux start-up jusqu’au monde des étudiants via les incubateurs des universités (VentureLab de HEC Liège, par exemple). Pour vous donner un exemple, nous essayons de connecter la petite start-up liégeoise SeenApps (évaluation en temps réel de la satisfaction client) avec les applications mobiles de nos clients du secteur des services financiers.”

Enfin, conclut Axel Smits, “nous aurons bientôt ici au sixième étage de nos bureaux à Bruxelles un genre d’innovation center, avec des imprimantes 3D, etc., où il sera possible de travailler avec les clients sur l’innovation, histoire de leur montrer physiquement ce qui est possible.” Et pour PwC de lui aussi se réinventer.

Le digital menace plus de 80% des acteurs du monde financier

C’est ce que révèle la deuxième édition de l’étude Redrawing the lines : FinTech’s growing influence on Financial Servicesréalisée par PwC auprès de 1.300 institutions financières à travers le monde (banques, groupes d’assurances et gestionnaires d’actifs). En effet, 88 % des répondants à l’étude perçoivent une menace réelle sur leur activité (81 % en Belgique). Ils estiment ainsi que plus d’un quart de leurs revenus sont à présent menacés. Et plus de quatre de ces entreprises de services financiers sur cinq dans le monde prévoient dans un futur proche de collaborer davantage avec des fintechs. C’est dire si le digital est devenu un élément incontournable de la stratégie des institutions financières. Les experts de PwC Belgium estiment d’ailleurs qu’il absorbe la majorité des discussions au sein des conseil d’administration de ces institutions financières, devant les discussions liées aux réglementations.

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