Le surréalisme, version Daly

John Daly et son fameux look excentrique. © REUTERS

A 51 ans, John Daly a encore de beaux restes. Le fantasque champion américain a ainsi renoué avec la victoire à l’occasion de l’Invitational Insperity, un tournoi du Champions Tour, réservé aux joueurs professionnels de plus de 50 ans.

Dans la jungle du golf mondial, John Daly occupe une place à part. Imprévisible, folklorique, caractériel, il a toujours défrayé les chroniques. Mais cela ne l’a pas empêché de se constituer un très beau palmarès avec, notamment, deux titres du Grand Chelem : l’USPGA en 1991 et, surtout, le British Open en 1995.

Pour tous les passionnés de golf, John Daly, c’est d’abord un swing totalement improbable qui dégage une puissance dévastatrice. Dans les années 1990, il fut le premier véritable gros frappeur du circuit avec des drives à plus de 300 mètres qui faisaient le délice des télés. Mais Daly c’est aussi – et surtout – une personnalité défiant la raison, un look excentrique et un tempérament de feu, bien éloigné des us et coutumes des greens.

Sa vie est un roman. Issu d’une famille très modeste, il n’était pas vraiment programmé pour devenir une star du golf. Il ne résista d’ailleurs pas longtemps aux excès de l’argent facile. Joueur compulsif, il perdit des fortunes – on parle de plus de 50 millions de dollars – dans les casinos. Et, parallèlement, il sombra dans l’alcoolisme pur et dur. ” Je ne supporte pas de boire une bouteille d’eau, ironise-t-il volontiers. Je ne lui fais pas confiance. Il m’est souvent arrivé d’arriver complètement saoul sur le tee n°1. ” Cela ne l’empêchait pas de signer, ici ou là, quelques belles cartes de score. ” Au tournoi de Las Vegas, après une nuit blanche passée à jouer et à boire, j’ai rentré un score de 10 coups sous le par “, confie-t-il.

Globalement, ses dépendances au jeu et à la boisson l’empêchèrent de réussir la carrière que son talent méritait. Car John Daly est un surdoué du golf. A ses drives supersoniques, il ajoute un excellent petit jeu. On ne gagne pas, par hasard, le British Open sur le Old Course de St.Andrews ! Mais le Californien ne cultive aucun regret. Ce n’est pas le genre de la maison. Allergique aux plans de carrière, il a toujours mené sa barque au gré de ses humeurs, de ses pulsions, de son intuition. Il a collectionné les épouses, les échecs et les comas éthyliques. Rock star des greens, il s’est même, un moment, lancé dans la musique avec ce côté déjanté qui lui colle à la peau.

Aujourd’hui, ” Long John ” aborde une nouvelle carrière sur le Champions Tour, un circuit très médiatisé aux Etats-Unis. Sur la balance, il n’a pas perdu le moindre gramme. Et il porte toujours, en signe distinctif, des tenues vestimentaires qui font perdre leur latin à tous les puristes du Royal & Ancient. Mais sa popularité est intacte. Sur les tournois auxquels il participe, John Daly est toujours aussi médiatisé. En vérité, l’Amérique l’a toujours adoré et lui pardonne tous ses excès tant le bad boy est foncièrement gentil.

MIGUEL TASSO

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