Les paradoxes du golf chinois

Agé de 21 ans, Li Haotong est l'un des grands espoirs du golf chinois. © BELGA IMAGE

Au fil des ans, la Chine est devenue un pays incontournable sur l’échiquier du golf mondial. L’Empire du Milieu est l’hôte de nombreux grands tournois professionnels richement dotés. Le semaine dernière, l’European Tour faisait ainsi escale à Shenzhen pour une épreuve à 2,6 millions d’euros de prize money et, cette semaine, pour le Volvo Open, il élira résidence à Pékin avec, en toile de fond, une dotation de 2,7 millions d’euros. Mieux : en octobre, c’est carrément l’élite internationale qui sera invitée à Shanghai pour une manche des championnats du monde WGC qui distribuera la bagatelle de 9 millions d’euros. Et le même constat vaut pour le circuit féminin.

Bizarrement, le golf n’a pourtant pas bonne presse dans les hautes sphères du gouvernement du président Xi Jinping. Le régime communiste n’apprécie guère ce sport élitiste qui, dit-il, favorise les rencontres entre grands patrons avec, en toile de fond, des collusions secrètes et de la corruption !

En vérité, en Chine, les rapports entre le pouvoir et le golf sont très complexes. Une centaine de parcours ont ainsi été carrément fermés ces dernières années. Et les permis de construire de nombreux nouveaux projets sont ouvertement freinés. Officiellement, l’objectif est de préserver les ressources en eau. Mais derrière cet honorable souci environnemental et écologique se cachent clairement d’autres raisons, plus sournoises et politiques. A l’évidence, le golf est toujours considéré par l’Etat comme un loisir réservé aux riches et, de facto, au monde capitaliste. Ce n’est pas un hasard si, de façon symbolique, le Parti communiste a, en 2015, interdit la pratique du sport de St. Andrews à ses 87 millions de membres. Ce n’est pas un hasard non plus si, lors de sa récente rencontre avec Donald Trump aux Etats-Unis, Xi Jinping n’a pas voulu entendre parler d’une photo souvenir sur un des parcours de golf chers au président américain !

Cette allergie du pouvoir à la balle alvéolée n’empêche pourtant pas le golf de poursuivre sa percée auprès de nombreux décisionnaires chinois. Un conglomérat chinois, déjà propriétaire de nombreux parcours aux Etats-Unis, vient de s’offrir le sponsoring de l’Open de France. Malgré cette mauvaise réputation, le golf poursuit aussi sa croissance dans l’ancien pays de Mao. On parle de plus de 500.000 joueurs et de 600 parcours dans le pays. Les jeunes champions chinois sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à se lancer dans la carrière professionnelle. Et depuis que le golf a fait son retour dans le programme olympique, il est bien difficile pour le gouvernement de ne pas les aider financièrement dans leur progression. Qu’il serait cocasse que l’hymne national chinois retentisse près des greens lors des Jeux de Tokyo 2020 !

Miguel Tasso

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content