ON Y DANSAIT, ON Y REVIENT…

© PG/FRÉDÉRIC RAEVENS

Les propriétaires de ” Chez Franz “, un bistrot de quartier très populaire à Ixelles, ont décidé de se faire plaisir en redonnant vie à ” Chez Richard “, ce bar atypique du Sablon où l’on dansait autrefois sur les tables.

Quand il travaillait au Wine Bar du Sablon chez Vincent Thomaes, Sadri Rokbani venait souvent boire des coups au ” Chez Richard “. C’était un vrai bistrot de quartier où il était fréquent de chanter et danser sur les tables jusqu’aux petites heures. ” J’ai toujours rêvé de reprendre cet endroit. Un vrai mythe au Sablon avec un potentiel énorme. ”

Mais depuis quelques années, l’endroit déclinait. Au point de ne plus être ouvert de façon régulière. Propriétaire des murs via la société Pubstone, AB InBev vient alors frapper à la porte de Mallory Saussus, Thomas Kok et Sadri Robkani. Il faut dire que les trois associés cassent la baraque avec ” Chez Franz “, un bistrot de quartier situé à un jet de pierre de la place Brugmann à Ixelles. Le géant brassicole leur parle de reprendre ” Chez Richard “.

Pas de recette magique

“L’ancien exploitant avait oublié de renouveler son bail, explique Thomas Kok. Et AB InBev en a profité pour reprendre les choses en main. Je travaillais déjà avec eux à la Maison du Peuple au parvis de Saint-Gilles. Vu le succès de ” Franz “, ils nous ont fait confiance au Sablon. Evidemment, cela suppose de travailler avec leurs produits. Mais nos succès antérieurs nous ont permis de négocier un contrat souple. Nous pouvons faire appel avec d’autres brasseurs comme le Brussels Beer Project ou la Brasserie de La Senne, et importer des craftbeers étrangères. Le branding est discret. Comme ‘Chez Franz’, les pompes n’arborent aucune marque… ”

” Chez Franz ” est une belle réussite. Elle symbolise, à Bruxelles, le retour de ce que l’on appelle le stamcafé. Un endroit refuge où on passe quasi tous les jours même juste pour boire un café. Pourtant, n’allez pas croire que les trois associés, qui ont embarqué Fanny Schenkel dans l’aventure du Sablon, ont simplement transposé leur recette au Sablon. Car en fin de compte, à part les heures d’ouverture, il n’y a aucune similitude entre les deux établissements. ” Nous n’avons pas de recette magique, explique Thomas Kok. Nous avons pris l’expérience de ‘Chez Franz’ mais nous avons tout augmenté d’un cran. La qualité du service, de l’assiette, des fournisseurs. ” ” Nous sommes ouverts sept jours sur sept dès 8 h, poursuit Sadri Robkani, parce que cela doit devenir un endroit réflexe où l’on vient peu importe le jour ou l’heure car on sait que c’est ouvert. Ici au Sablon, l’idée est de faire revenir le Bruxellois, dans son expression générale, au centre-ville. Le matin, c’est une clientèle de quartier. Le midi, nous avons un creux car les gens ne savent pas encore qu’on peut manger ici. Ce n’était pas connu pour cela. Le soir, singulièrement les jeudis, vendredis et samedis, ” Chez Richard ” redevient déjà une étape pour les gens qui sortent en ville. Soit pour l’apéro, soit pour l’after. Nous avons d’ailleurs un vrai pic d’affluence vers 1 h du matin le vendredi et le samedi… ”

La bénédiction des antiquaires

Les quatre associés se sont clairement fait plaisir lors de la transformation des lieux : architecte parisien, artisans locaux, souci du détail, etc. Le nouveau ” Chez Richard ” a du style, c’est certain. Et il a été adoubé par le Sablon où règne un véritable esprit de village. ” Pierre Loos, qui est un peu le chef des antiquaires, est venu le jour de l’ouverture, se souvient Thomas Kok. Il a regardé, bu un café et discuté avec nous. A un moment, il s’est levé, a pris une pièce d’un centime et l’a jetée par terre. Elle a parcouru tout le café et est allée se loger sous la banquette. ‘N’y touchez pas, c’est notre bénédiction’, a-t-il dit. D’autres antiquaires sont venus faire la même chose. Nous étions acceptés… ”

Pas sûr qu’on dansera encore sur les tables de ” Chez Richard “, mais le bistrot a une belle âme, la carte est sympa, notamment pour les vins, et la cuisine présente de vrais plats de bistrot à prix bien ajustés. Et le café est à 2,50 euros. C’est le moins cher du Sablon…

Chez Richard, 2, rue des Minimes, 1000 Bruxelles. Ouvert tous les jours de 8 h à minuit (2 h le vendredi et le samedi).

XAVIER BEGHIN

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