Belgique, terre d’opportunités

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Les petites et moyennes capitalisations sont incontournables pour les gestionnaires en actions belges.

Les conditions de marché n’ont pas favorisé la performance des fonds de capitalisation investis en actions belges durant l’exercice 2016, les meilleurs parvenant tout au plus à grignoter quelques pour cent. Sur des périodes plus longues, les trois fonds nominés pour les récents Morningstar Awards 2017 affichent des performances annualisées supérieures à 11 % (sur trois ans) et 16 % (sur cinq ans).

Alors que l’indice BEL 20 NR (qui tient compte des dividendes réinvestis) vient seulement de revenir au-dessus des plus hauts atteints durant l’exercice 2007 (avant la crise des subprimes), la plupart des fonds de capitalisation en actions belges affichent des performances supérieures. C’est ainsi le cas des deux fonds nominés chez Degroof Petercam Asset Management, qui affichent des progressions annualisées de 3,9 % (pour DPAM Invest B Equities Belgium) et de 3,5 % (pour DPAM Capital B Equities Belgium). C’est également le cas du troisième nominé (Axa B Fund Equity Belgium), qui affiche une progression annualisée de 3,8 % durant la dernière décennie.

Les deux produits nominés chez Degroof Petercam AM sont gérés par la même équipe, composée de Johan van Geeteruyen et Dirk Pattyn, avec une approche relativement similaire de stock picking fondamental et un net accent mis sur les petites et moyennes capitalisations. DPAM Invest B Equities Belgium (le vainqueur de l’award) est un portefeuille géré sur 35 à 40 positions, soit un niveau de diversification acceptable pour un marché aussi étroit que le marché belge. ” A priori, investir sur les actions belges peut paraître facile, mais dans la pratique, ce n’est pas le cas, car les clients ont tendance à comparer avec le marché alors qu’il n’y a pas vraiment un indice de référence “, souligne Johan van Geeteruyen. L’indice Belgian All Shares comprend beaucoup de sociétés qui n’ont pas leur siège en Belgique, tandis que l’indice BEL 20 est dominé par quelques grosses capitalisations dont le poids dépasse 5 % et qui, prises ensemble, représentent 70 % de la capitalisation boursière belge. Or les règles UCITS IV (directive européenne liant les organismes de placement collectif en valeurs mobilières, Ndlr) empêchent les gestionnaires d’avoir une telle concentration des risques et d’avoir par exemple plus de 40 % des actifs sous gestion sur des positions qui dépassent 5 % des encours.

Petites et moyennes capitalisations

” Nous imprimons un fort accent sur les petites et moyennes capitalisations. Nous sommes assez proches de nos sociétés et nous rencontrons trimestriellement les équipes dirigeantes. Nous avons également un horizon d’investissement assez long. ” La performance du fonds de Degroof Petercam AM s’explique par les belles performances de valeurs biens pondérées dans le portefeuille, comme par exemple Econocom. ” Le groupe profite de la tendance à la digitalisation de la société, avec un plan stratégique qui devrait permettre de voir les marges grimper de 5 à 8 % à l’horizon 2022 “, souligne Johan van Geeteruyen. Parmi les autres valeurs en vue dans les portefeuilles qu’ils gèrent, on peut également citer des noms tels que Melexis, EVS, Tessenderlo ou IBA. ” La protonthérapie est vraiment en train d’exploser, tandis que les concurrents du groupe ont des difficultés pour tenir leurs délais de livraison, ce qui démontre clairement l’avantage compétitif dont dispose actuellement le groupe, indique Dirk Pattyn. La valorisation est élevée, mais se justifie par la croissance très élevée attendue sur les résultats du groupe. ” La position sur UCB a été relevée dernièrement suite à la défense réussie du brevet sur le Vimpat, et les positions ont été renforcées sur Ahold Delhaize et bpost après les récentes baisses de ces deux sociétés.

Les fonds de Degroof Petercam Asset Management seront par contre peu exposés sur des secteurs comme l’immobilier ou la biotech. ” Le risque pris par rapport au bénéfice potentiel fait que nous devons fortement limiter notre exposition sur ces valeurs (telles que Galapagos, Ablynx, Celyad, Biocartis ou MDXHealth), souligne Dirk Pattyn. La biotech ne représentera au maximum que 5 % de notre portefeuille. ”

Pour les prochains mois, les gestionnaires de Degroof Petercam AM estiment que les perspectives restent favorables pour les actions belges. ” Structurellement, nous sommes sous-pondérés sur les grandes capitalisations, et surpondérés sur les petites et moyennes capitalisations, et ces valeurs ont tendance à progresser plus vite que le reste du marché “, souligne Johan van Geeteruyen.

Sociétés d’exception

Chez Axa Investment Managers, le portefeuille géré par Irina Topa-Serry se veut beaucoup plus concentré, avec 20 à 30 positions avec un turnover qui sera faible. ” Notre but est d’accompagner des sociétés exceptionnelles tout au long de leur développement, plutôt que de faire beaucoup d’entrées et de sorties pour exploiter des mouvements à court terme du marché. Notre but est de créer de la valeurs pour nos clients. ”

Elle souligne également que Axa B Fund Equity Belgium s’est ainsi constitué des positions historiques sur des sociétés qui continuent de délivrer des performances opérationnelles solides, comme Lotus Bakeries, Econocom, Kinepolis, Melexis ou Telenet. ” C’est notre exposition sur ces sociétés qui explique nos performances solides durant les cinq dernières années “, souligne encore Irina Topa-Serry (Axa IM).

” Nous apprécions les entreprises ambitieuses, qui parviennent à afficher une croissance organique (et parfois par acquisitions) en Belgique et à l’étranger, indique Irina Topa-Serry. Ces sociétés visent à dégager plus de valeur ajoutée et à améliorer leur rentabilité et devraient réaliser de bonnes performances boursières durant les prochaines années indépendamment du cycle économique. Nous trouvons de belles opportunités parmi les moyennes capitalisations belges, plus particulièrement sur les sociétés familiales innovatrices dont les directions ont des intérêts alignés avec ceux des actionnaires minoritaires. ” A l’inverse, le portefeuille aura peu d’exposition sur des secteurs tels que la finance, la production d’énergie ou l’immobilier.

FRÉDÉRIC DINEUR

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