Une option à long terme sur le cours de l’uranium

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Cameco avait déjà annoncé le mois dernier que le résultat net de l’exercice 2016 s’écrirait à l’encre rouge, principalement en raison de charges exceptionnelles et de réductions de valeur sur actifs. Cameco a ainsi essuyé une perte nette de 62 millions de dollars. Le bénéfice ajusté s’établit à 143 millions de dollars, en baisse de 58 % par rapport à l’an dernier. À l’automne dernier, la livre d’uranium est retombée à 18 dollars, son plus bas niveau depuis 2004. L’an dernier, le prix spot s’établissait à 26 dollars en moyenne. Heureusement pour Cameco, l’industrie travaille principalement avec des contrats d’approvisionnement étalés sur plusieurs années. Le prix contractuel moyen a baissé de 16 %, à 39 dollars. Cameco a mis à l’arrêt les actifs présentant les coûts de production les plus élevés. Les mines du groupe ont produit 27 millions de livres d’uranium l’an dernier. C’était 5 % de moins qu’il y a un an, en raison de la fermeture de Rabbit Lake. Mais comme le groupe a vendu 35,5 millions de livres d’uranium à un prix moyen de près de 42 dollars, ou 60 % au-dessus du prix spot, il enregistre toujours un bénéfice opérationnel. L’entreprise entend réduire le personnel de 10 % à McArthur River/Key Lake et Cigar Lake, et a réorganisé Inkaï, la joint-venture avec l’entreprise d’État kazakhe Kazatomprom. Les contrats à long terme déjà conclus garantissent la vente de 150 millions de livres d’uranium au cours des années à venir.

Vu l’évolution du cours de l’uranium ces dernières années, il est logique que les contrats plus anciens prévoient des prix significativement plus élevés. De quoi frustrer les acheteurs. Comme l’entreprise japonaise de services aux collectivités Tepco, qui avait conclu avec Cameco en 2009 un contrat prévoyant l’achat de 9,3 millions de livres d’uranium sur une période de 20 ans, à 75 dollars la livre – contre 30 dollars aujourd’hui. Tepco invoque aujourd’hui la force majeure pour rompre ce contrat. Cameco pourrait perdre près d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires. L’entreprise Tepco est indirectement responsable de la situation actuelle sur le marché japonais (et mondial) de l’uranium. C’est elle qui exploitait la centrale nucléaire de Dai-ichi à Fukushima. En raison de la catastrophe de 2011, elle ne peut plus exploiter commercialement de centrale depuis plus de 18 mois. L’uranium excédentaire continue donc à s’accumuler. Cameco juge que ce n’est pas un motif suffisant pour que Tepco rompe le contrat. Sans doute celui-ci sera-t-il renégocié au cours des mois à venir.

Près de six ans après le désastre, seules trois centrales japonaises ont été remises en service. Mais le nombre de réacteurs nucléaires continue à s’accroître dans le monde, ce qui donnera lieu à de nouveaux contrats d’approvisionnement, lesquels pourront entraîner une augmentation durable du cours de l’uranium.

Conclusion

Tant la faiblesse du cours de l’uranium que le litige avec Tepco sont déjà intégrés dans le cours. La perte nette enregistrée n’a donc pas attiré l’attention, et l’action a même progressé à la publication du rapport trimestriel. Cameco sera encore protégée pendant quelques années par ses contrats à long terme qui lui assurent une stabilité sur le plan opérationnel. Nous pouvons considérer Cameco comme une option à long terme sur un redressement du cours de l’uranium.

Conseil : digne d’achat

Risque : élevé

Rating : 1C

Paru sur initiedelabourse.bele 15 février

SES CONTRATS À LONG TERME PROTÉGERONT CAMECO QUELQUES ANNÉES ENCORE.

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