Leasing automobile: le charme des petites mensualités

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Robert Van Apeldoorn
Robert Van Apeldoorn Journaliste Trends-Tendances

En un peu plus d’un an, le leasing pour les particuliers a pris sa place en Belgique. Pour toucher une clientèle attirée par des mensualités modérées. En 2016, 5.000 voitures ont été commercialisées de cette manière.

Anghelika : c’est le prénom de l’automobiliste qui a roulé au volant de la première voiture commercialisée en Belgique en leasing privé, une Opel Corsa, livrée en janvier 2016 à Zaventem. C’était une surprise réservée par son mari, qui a craqué pour une formule de location pour particuliers, sur deux ans, lancée par LeasePlan fin 2015. La Corsa était commercialisée à 189 euros par mois (entretiens, réparation, taxes, pneus, assistance et assurances compris). Le modèle n’était pas présenté dans des concessions, mais dans les Media Markt du pays, pendant une semaine. LeasePlan avait développé une formule utilisée très marginalement, qui est en train de devenir un segment du marché.

Aux Pays-Bas, près de 30.000 voitures louées en un an

” En 2016, environ 5.000 voitures ont été commercialisées sous cette forme, avance Frank Van Gool, directeur général de Renta, la fédération des loueurs, soit 3 à 4 % du marché du leasing, qui représente environ 130.000 voitures sur l’année. ” Ce premier résultat est encourageant, mais il y a moyen de faire beaucoup mieux. Aux Pays-Bas, la formule touche près de 30.000 voitures, elle est aussi courante en Grande-Bretagne.

Après LeasePlan, d’autres loueurs sont sortis du bois : Directlease ou ALD. La formule est disponible en concession pour un grand nombre de marques, de BMW à Citroën, en passant par Mercedes. Pour le secteur de la location, le leasing privé est une manière de dégager de la croissance dans un marché incertain. Le statut fiscal avantageux de la voiture de société est fort critiqué, et les gouvernements successifs tendent à le raboter. Cela pourrait à la longue affecter un marché encore prospère. ” En Grande-Bretagne, les mesures en faveur des voitures de société ont été réduits, cela a entraîné une augmentation du marché de leasing privé “, continue Frank Van Gool.

Surtout des petites voitures

Le leasing privé est un leasing opérationnel, une location long terme. C’est l’adaptation aux particuliers du leasing utilisé pour les voitures de société. Le client ne devient pas propriétaire du véhicule. Tous les frais sont inclus dans le loyer, il lui reste le carburant et les éventuelles amendes à payer. La mensualité est fixe, il n’y a pas d’acompte. L’auto est restituée en fin de contrat, après un à quatre ans. A la différence du leasing financier, pratiqué depuis longtemps, il n’y a pas d’option d’achat.

Les offres surfent sur la tendance naissante de préférer l’usage à la possession. Elles jouent surtout sur l’attractivité de la mensualité et la simplicité de l’offre. ” Les contrats portent surtout sur de petits véhicules “, précise Xavier Kervyn, porte-parole d’ALD. Après l’Opel Corsa à 189 euros, LeasePlan a sorti une Toyota Aygo à 179 euros. L’offre glisse tout doucement vers des modèles un peu plus grands, mais les petits prix ont la cote. Dernièrement c’est Citroën qui a lancé la C3 à 189 euros par mois. Ces prix d’attaque portent généralement sur des kilométrages modérés. La Corsa de LeasePlan coûtait 189 euros par mois jusqu’à 10.000 km par an, et 209 euros entre 20.000 et 30.000 km.

Les mensualités basses sont obtenues grâce à la force d’achat des loueurs. Ils obtiennent de meilleures conditions que les particuliers pour l’achat des voitures, des assurances, des pneus. Ils comptent aussi sur la revente du véhicule en fin de contrat pour modérer le prix, et sont aussi mieux armés pour tirer le meilleur prix, via des systèmes d’enchères électroniques. Un véhicule de quatre ans se vend environ 30 % de sa valeur. Le contrat de location ne doit donc couvrir que 70 % du prix d’achat. Le public touché ? ” On aurait pu penser qu’il aurait été surtout composé de jeunes, réputés moins attirés par la propriété, qui ont plus de mal à avoir une assurance à bon prix, mais c’est plus diversifié, note Laurent Gouverneur, directeur commercial de LeasePlan Luxembourg, qui connaît bien le dossier. Le gros de la clientèle se situe entre 25 et 40 ans, souvent pour une deuxième voiture, dans des ménages dont le premier véhicule est une voiture de société, qui apprécient le confort pratique du leasing. ”

Les ventes flash ont la cote

Le point sensible : le retour du véhicule

Le moment sensible, pour les contrats de leasing privé, n’est pas la signature du contrat ou la livraison. Mais le retour du véhicule. Le secteur du leasing est devenu plus sévère sur cette phase et facture tout ce qui dépasse l’usure locative. Des normes sont appliquées par chaque loueur ou suivent celles de la fédération du secteur, Renta. Un certain nombre de griffes sont admises, mais ne peuvent dépasser la taille d’une carte de crédit, et ne pas traverser la peinture jusqu’à la tôle. La tolérance dépend de la durée de la location. Le contrôle est réalisé par des sociétés externes qui établissent des rapports détaillés, photos à l’appui. Un véhicule qui paraît en ordre peut générer une facture de 500 ou 1.000 euros de dégâts hors normes Renta. Le montant ne représente généralement pas la valeur des réparations mais la moins-value sur la revente du véhicule. LeasePlan plafonne ces montants à 500 euros par pièce de carrosserie. Le souci est limité dans la mesure où les véhicules en private lease sont couverts par une assurance omnium. Il est donc imprudent de laisser de petits dégâts non réparés. Cette sévérité s’explique par l’enjeu de la valeur de revente. Les loueurs revendent leurs véhicules accompagnés du rapport d’expertise, pour que les acheteurs puissent faire une offre en connaissance de cause. Souvent les petits dégâts ne sont pas réparés. Pour désamorcer les conflits, Renta et les loueurs publient sur leur site web les règles appliquées en fin de contrat.

Le marché suit deux approches. D’un côté, les ventes ciblant des modèles particuliers, comme ceux de LeasePlan présentés dans les Media Markt, ou Directlease avec Carrefour. Soit des opérations temporaires, d’une ou deux semaines, centrées chaque fois sur un seul modèle. D’un autre, il y a aussi les offres dans les concessions organisées par plusieurs constructeurs comme Fiat, Renault, Opel, ou les marques du groupe VW. Elles sont organisées par les filiales de financement des constructeurs ou de l’importateur. Ou par un partenaire. Ainsi, ALD gère les offres commercialisées par Renault, Opel, Fiat, Nissan, Hyundai ou Volvo, via une filiale, Axus. Pour le moment, ce sont surtout les ventes flash de la première catégorie qui marchent le mieux. En concession par contre, le private lease doit encore faire son chemin. Avant de convaincre les clients, il faut souvent d’abord persuader les vendeurs de devenir des loueurs. L’offre perd parfois aussi la simplicité de la vente flash car certaines marques proposent le leasing privé en plus des autres formules de financement, sans faire une offre spectaculaire avec un modèle et un package de services. Chez D’Ieteren Finance (VW, Audi, Skoda, Seat), le personal lease est à la carte : il peut inclure ou non l’assurance, les réparations, l’entretien. VW ne fait pas de ventes flash par exemple, c’est une forme de financement parmi d’autres. Ces opérations permettent aux loueurs de toucher le grand public. Leaseplan, par exemple, était surtout connu des entreprises. Il a eu l’idée d’un partenariat ponctuel avec Media Markt pour servir de show-room, car il ne pouvait pas passer par les concessionnaires pour l’offre. Ceux-ci n’interviennent que pour la livraison, comme pour les voitures de société. ” C’est un win-win deal, nous profitons des clients qui viennent dans ces magasins et nos offres ont aussi attiré des clients dans les Media Markt “, explique Laurent Gouverneur. Directlease a suivi la même voie en s’associant à Carrefour.

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