Investir: les ressources naturelles restent sous pression

© iStock

La performance a été anémique durant les cinq dernières années, et les perspectives restent incertaines. Mais l’or ou le cuivre, notamment, pourraient tirer leur épingle du jeu.

Les fonds spécialisés sur les ressources naturelles ont traversé des moments difficiles durant les cinq dernières années. Les meilleurs sont parvenus à conserver la tête hors de l’eau en gagnant quelques pour cent, mais la majorité affiche encore un bilan largement négatif. Après un beau redressement en 2016 et 2017, la tendance est à nouveau à la baisse depuis le début de l’année.

Ce n’est pas une surprise pour Shawn Driscoll, gestionnaire du fonds T.Rowe Price – Global Natural Resources, un produit dont l’historique remonte à près de 50 ans. Il estime en effet que le cycle baissier sur les ressources naturelles est encore loin d’être terminé. Sur le long terme, il constate que le cours d’une matière première a tendance à s’aligner sur le coût d’extraction moyen du marché, une variable sur laquelle les différents groupes disposent de peu de latitude pour diverger vu la nature indifférenciée de leur production (un baril de pétrole n’a pas de valeur ajoutée en tant que tel).

” Nous pensons que les cours pétroliers vont se tasser vers 50 dollars, et comme le pétrole est un des principaux postes de frais pour les groupes miniers, le coût d’extraction et le prix d’équilibre de ces matières premières auront également tendance à être orientées structurellement à la baisse “. Dans ce contexte, le fonds de Shawn Driscoll reste très largement sous-exposé sur les producteurs de pétrole ou les groupes miniers.

Pas soutenable

Les cours des principaux métaux se sont effondrés depuis le début de l’année, avec des reculs de 25 % pour l’aluminium, de 23 % pour le zinc et de 17 % pour le cuivre et l’argent. Après avoir progressé jusque 85 dollars au début de l’automne, le baril de Brent a lui aussi chuté durant les dernières semaines, abandonnant 23 % pour retomber vers 66 dollars. ” Les niveaux que nous observions il y a quelques semaines n’étaient tout simplement pas soutenables “, indique encore Shawn Driscoll.

Michael Hulme, gestionnaire du fonds Carmignac Portfolio Commodities, souligne l’impact d’une hausse de la production iranienne sur l’offre de pétrole au niveau global, qui s’ajoute aux diverses révisions à la baisse pour la croissance économique. ” Notre exposition sur les sociétés actives dans l’exploration pétrolière nous a pénalisés, de même que les résultats trimestriels décevants de Goldcorp sur le secteur des mines d’or “.

Volatilité maîtrisée

Le gestionnaire du T.Rowe Price – Global Natural Resources a donc orienté son portefeuille sur des groupes ou des secteurs qui bénéficient de la baisse des matières premières, comme par exemple les groupes chimiques. ” Dans le secteur pétrolier, nous aurons tendance à nous exposer sur les majors intégrées, qui peuvent plus facilement encaisser les fortes variations des cours, et qui ont fortement réduit leur structure de frais durant les cinq dernières années “.

Autre tendance du portefeuille géré par Shawn Driscoll : une exposition accrue vers les énergies renouvelables, un segment du marché en forte croissance et moins soumis aux aléas des prix pour les matières premières, les rendements étant souvent régulés par les pouvoirs publics. Ceci permet au portefeuille d’afficher une volatilité nettement plus basse que la plupart de ses concurrents, avec pour conséquence une notation cinq étoiles octroyée par Morningstar. ” Typiquement, notre fonds aura tendance à être moins affecté par les mouvements de baisse, et nous demeurerons en retrait dans les phases de hausse car nous restons à l’écart des producteurs de mauvaise qualité, qui auront tendance à grimper beaucoup plus rapidement “.

Investir: les ressources naturelles restent sous pression

Valeur refuge

Amundi Funds – CPR Global Resources figure également parmi les meilleurs fonds disponibles sur le secteur des ressources naturelles. Il est concentré sur une cinquantaine de lignes, les 20 plus grandes positions représentant plus de 60 % des actifs sous gestion. La stratégie est aujour-d’hui moins axée sur le secteur pétrolier, et davantage sur le segment des mines d’or et des métaux précieux. ” Le cours de l’or a souffert de la hausse des taux réels aux Etats-Unis, qui a favorisé une appréciation rapide du dollar, admet Arnaud du Plessis, gestionnaire du fonds. La guerre commerciale avec la Chine a également soutenu la hausse du billet vert. ” Depuis le début octobre, le métal jaune semble avoir toutefois retrouvé un statut de valeur refuge. ” Nous privilégions les sociétés aurifères de haute qualité, poursuit le gestionnaire. En outre, la perspective d’un ralentissement à venir du rythme de normalisation de la politique monétaire de la Réserve fédérale ouvre potentiellement la porte à un climat plus favorable pour l’or et les mines .”

Majors et cuivre

Pour ce qui est du pétrole, la levée partielle des sanctions contre l’Iran, la poursuite de la croissance de la production des producteurs américains et un relèvement des volumes mis sur le marché par l’Arabie saoudite ont clairement pesé sur la tendance. ” Dans cet environnement, nous privilégions les grandes majors pétrolières, qui vont moins souffrir de la baisse récente du cours du brut, tandis que nous avons réduit notre exposition sur les sociétés actives dans l’exploration et dans les services pétroliers, souligne Arnaud du Plessis. A court terme, il est en effet peu probable que les investissements repartent significativement dans ce domaine “.

Le reste du portefeuille est exposé à la chimie et sur les métaux industriels. ” Pour les premiers, nous sommes en train d’analyser les opportunités au cas par cas afin de renforcer notre exposition après la consolidation récente. Pour les seconds, nous restons surtout optimistes pour les producteurs de cuivre, un métal dont la demande est appelée à augmenter fortement durant les prochaines années, notamment en raison de son utilisation intensive dans les véhicules électriques. D’autant que dans le même temps, il existe peu de possibilité d’augmenter les capacités de production de ce métal “, indique Arnaud du Plessis.

Agriculture

Enfin, le fonds BGF Natural Resources Growth & Income Fund présente pour sa part la caractéristique d’être exposé sur le secteur de l’agriculture, en plus d’afficher la meilleure performance du groupe sur une période de cinq ans. Thomas Holl, son gestionnaire, indique que ce positionnement sur l’agricole a poussé favorablement la performance durant le troisième trimestre, et a partiellement compensé la passe difficile rencontrée par les autres segments du marché. ” Dans l’ensemble, nous pensons que le marché a exagéré les craintes que font peser la hausse du protectionnisme. ”

Sur le secteur pétrolier, Thomas Holl estime que le cours actuel du brut est à un niveau soutenable, ce qui devrait permettre ” une hausse de la valorisation du secteur “. Dans le secteur minier, l’accroissement de la production sera, selon lui, sous pression en raison des faibles investissements consentis ces dernières années, avec des cash-flows qui restent confortables et soutiennent une hausse des versements aux actionnaires. ” Enfin, les acteurs du secteur agricole restent prudemment optimistes en dépit des sanctions que s’imposent mutuellement la Chine et les Etats-Unis, conclut-il. Depuis 2017, nous avons assisté à un grand nombre d’opérations de fusions et acquisitions, ce qui suggère que les acteurs du marché estiment que la valorisation actuelle est attractive. “

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content