” Ma hantise ? Qu’un passager rate son vol “

© CHRISTOPHE KETELS - BELGAIMAGE

Parcours sans faute pour Jean-Jacques Cloquet, CEO de BSCA, un aéroport qui devrait dépasser (ou frôler) les 8 millions de passagers en 2018. Le manager est désormais en partance pour Pairi Daiza.

Rarement un départ aura été autant salué. En annonçant qu’il continuait sa carrière à Pairi Daiza, Jean-Jacques Cloquet, 58 ans, patron de l’aéroport de Charleroi depuis huit ans, a attiré un cortège de compliments et d’articles élogieux. Même Kroll lui a consacré un dessin dans Le Soir. ” Un patron wallon super compétent “, fait dire le cartooniste à un panda. Les représentants syndicaux le regrettent publiquement.

Il n’y a donc guère de surprise à voir Jean-Jacques Cloquet figurer dans la liste des finalistes à l’élection du Manager de l’Année 2018. Il a aidé l’aéroport à traverser une période pleine d’embûches, avec une croissance quasi continue du nombre de passagers : de 3 millions à son arrivée à 8 millions ou presque cette année. Il rejoindra en janvier Pairi Daiza au poste de co-CEO, pour gérer l’opérationnel et le commercial, ce qui va soulager le fondateur/CEO Eric Domb (Manager de l’Année 2007) qui pourra mieux se consacrer au développement du parc animalier.

” Tu vas travailler plus ”

Gérer un aéroport, surtout celui de Charleroi, est une lourde tâche. Elle inclut le handling, c’est-à-dire l’accueil des passagers ( check-in) et le traitement des bagages, habituellement sous-traités par les aéroports. ” Ma hantise est qu’un passager rate un vol. J’ai tout fait pour qu’il y ait un bon climat social, il n’y a jamais eu de grève “, explique-t-il. Pour y arriver, Jean-Jacques Cloquet s’implique énormément. ” Cela m’est arrivé d’aller aider pour les bagages à 5 h du matin ” confie-t-il. Hélas, il n’a pas pu obtenir le même résultat avec les grèves de Ryanair de juillet et septembre, hors de son champs d’action. ” Je l’ai dit aux grévistes : ne prenez pas les passagers et l’aéroport en otage. Allez régler le conflit devant les tribunaux ! ”

Cela m’est arrivé d’aller aider pour les bagages à 5h du matin.

Jean-Jacques Cloquet a pu gérer la croissance de BSCA malgré des circonstances difficiles. Depuis 2014, la Commission européenne a imposé une hausse de 12 millions d’euros par an de redevance payée à la Sowaer, la société de la Région wallonne possédant les pistes, les terrains et quasi tous les bâtiments. Sans mettre l’entreprise en perte ou en crise.

Pas sûr que les journées seront moins remplies à Pairi Daiza qu’à l’aéroport, où elles débutent à 4h30 matin, devant un ordinateur, pour gérer les e-mails, et se terminent vers 18 h ou 19 h. ” A Pairi Daiza, je resterai loger une à deux nuits par semaine. C’est plus loin de chez moi, une heure de route au lieu de 20 minutes “, dit-il. Ses sept enfants, âgés de 13 à 30 ans, et son épouse Sylvie, sont ravis du changement de fonction. ” Ils avaient aimé que je travaille à l’aéroport ; l’aviation, c’est magique ! Mais ils étaient parfois inquiets par le stress qu’ils percevaient en moi. Après huit ans, c’est pas mal qu’une autre personne vienne diriger BSCA, il faut avoir l’honnêteté de le dire. Je suis très confiant pour l’avenir au regard de l’excellente équipe de direction qui a oeuvré à mes côtés. ”

Il n’ira pas se reposer à Pairi Daiza, qui est en forte croissance. ” Eric Domb m’a dit trois choses : tu vas encore travailler plus, tu vas t’amuser, et tu peux te tromper , explique Jean-Jacques Cloquet. Dire qu’on va s’amuser en travaillant et que l’on pourra se tromper, c’est formidable ! Cela ne m’étonne pas qu’Eric ai été élu Manager de l’Année ! ”

Trends Manager de l’année 2018

Pourquoi le jury l’a choisi

Pour sa gestion de l’aéroport qui a permis d’absorber toutes les crises : décision de la CE augmen- tant la redevance à payer à la Sowaer, départ de quelques avions Ryanair vers Zaventem, conséquences des attentats. Malgré tout, l’aéroport continue à croître et à recruter…

Les fait marquants de 2018

” Avoir préparé l’aéroport aux vols long-courriers, avec le démarrage des vols d’Air Belgium sur Hong Kong, déclare Jean-Jacques Cloquet. C’était un gros challenge. Nous n’avions jamais traité ce type d’avion ni fait du cargo. ” Il a fallu acheter du matériel pour décharger des palettes, former le personnel. ” La preuve est faite que Charleroi peut servir de base long-courrier. ”

La réalisation dont il est le plus fier

” Avoir dépassé un effectif de 700 personnes , continue le patron de l’aéroport de Charleroi, surtout qu’il s’agit d’emploi principale- ment local. 85 % des salariés habitent dans un rayon de 45 km, et l’âge moyen est de 33 ans.” L’aéroport va aussi gérer les parkings qui sont actuellement l’affaire de Q-Park.

Le défi qui l’attend en 2019

Il y en a deux. Pour l’aéroport qu’il quitte en janvier, il y a la préparation d’un master plan pour programmer les développements de l’infrastructure. Jean-Jacques Cloquet prépare le dossier, ” pour donner les clés à mon successeur “. Pour Pairi Daiza, où il va démarrer en 2019, ” c’est aider Eric Domb à en faire le plus beau jardin des mondes… au monde ! ”

Un bon Manager de l’Année, selon lui

” C’est un manager qui met en évidence les qualités des membres de son équipe, qui les aide à être plus performants. Un chef d’orchestre qui prend des risques et les assume. Qui ne se contente pas de regarder les avions décoller… ”

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